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Commentaire de Tristan Valmour

sur La complexité du vivant expliquée simplement


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Tristan Valmour 4 décembre 2006 13:58

Bonjour Candide 2

J’ai trouvé vos articles sur « le Vivant » à la fois très intéressants et vraiment pédagogiques. Bref, un régal. Il y aurait beaucoup à redire sur chacun d’entre eux - ce qui a été fait par d’excellents commentaires -, mais l’ambition de votre œuvre est méritoire. Votre dernier article me laisse malgré tout sur ma faim car je ne vois pas en quoi la société humaine est un organisme vivant. Je n’ai lu aucune démonstration.

Ce que j’ai compris en vous lisant, c’est que vous développez un système, comme l’ont fait en leur temps Aristote, Thomas d’Aquin, Hegel et pourquoi pas, Karl Jaspers (De la Vérité). Or l’une des limites à un système est justement qu’il s’auto-alimente et s’auto-justifie, qu’il fige la pensée et le penser. Une démarche synthétique n’est pas la somme des démarches analytiques. D’un autre côté, il n’est pas facile de démonter un système.

Au final, la science ne peut concourir qu’imparfaitement à la manifestation de la vérité parce qu’elle n’étend son emprise que sur ce qui est perceptible, sensible, et parce que l’être humain est limité, même si ses connaissances doublent tous les 15 ans. Les limites sont : dualité individu/être social ; capacité à se concentrer durablement ; dogmatisme ; affect ; mémoire, etc. Mais ce que la science sait faire, elle le fait mieux que n’importe quelle autre discipline. Un chercheur m’a pourtant affirmé que la science se trahissait car les protocoles de recherche sont soumis à des contraintes budgétaires et à l’attente de résultats. Plus clairement, il fallait s’attendre à de plus en plus d’erreurs car les expériences sont arrêtées trop tôt. Cela donne à réfléchir.

Sur la réflexion, je reproduis ici un paragraphe trouvé dans un guide scolaire au cours de mon enquête sur le soutien scolaire, et qui montre de façon très claire les limites et les contradictions de la réflexion.

« Toute réflexion, parce qu’elle est humaine, sera pourtant incomplète, quelle que soit l’intelligence de celui qui la conduit. Car l’esprit humain est limité. En effet, qui réfléchit se concentre, se focalise sur une information ou sur un ensemble d’informations, et se trouve incapable de toutes les traiter avec une égale dextérité. Ainsi, lorsqu’on regarde au Nord, on voit mal se qui se passe à l’Est comme à l’Ouest, et pas du tout se qui se passe au Sud. On peut certes se retourner et combler ce manque, mais alors ce qui se passe au Nord nous sera inconnu. Regardons vers le Nord et plaçons des caméras pour observer l’Est, l’Ouest et le Sud. La technologie nous permet de pallier l’imperfection naturelle de l’être humain ; ici, une vision à 360°. Cette vision à 360° rendue possible par la technologie ne nous sera que d’une utilité relative car nous serons dans l’incapacité de nous concentrer d’une égale manière sur toutes les images couvrant l’ensemble d’un tel champ de vision. Demandons alors à nos six milliards de frères humains de nous aider dans cette tâche. Chacun d’eux devra se concentrer sur un point précis, et admettons que tous les points soient observés avec une égale compétence. Le problème semble alors réglé : la technologie, le nombre et la qualité de nos frères humains nous permettent d’observer ce qui se passe à 360° autour de notre position. Ce n’est pourtant pas le cas. En effet, cette vision n’est que synthétique, extérieure (à soi) et partielle. Nous n’avons fait que reconstituer une vision à 360°, et ce que nous voyons ainsi ne correspond pas à ce qui existe vraiment ; cette reconstitution n’est qu’une interprétation, aussi poussée et proche de la perfection soit-elle. En réalité il faudrait penser tout en se pensant (c’est à dire être à la fois un sujet et un objet impartial de la réflexion), et avoir une vision d’ensemble de la chose vue, tout en en voyant ses parties, d’une manière continue et constante. Seule une conscience unique et potentiellement omnisciente pourrait Réfléchir sans aucune limite ou imperfection et valider le fruit de cette réflexion. Quatrième conclusion : Réfléchir, c’est admettre l’impuissance et la limite de sa réflexion. »

Cordialement


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