Article intéressant, qui pose de
bonnes questions et formule des hypothèses crédibles… parmi tant d’autres. En
effectuant des connexions entre les données, on peut effectivement aboutir à
des scenarii plausibles. Sans pour autant affirmer que l’un d’entre eux reflète
la vérité du futur.
La Chine n’a effectivement rien
à voir avec l’URSS, et le communisme affiché n’est pas de la même essence. La
protection sociale est quasi-inexistante, mais la solidarité familiale élargie
joue à plein. En fait, la
France est d’un certain point de vue, plus communiste que la Chine. S’il y a 10-15
ans, de grandes fortunes pouvaient se monter, il en va autrement aujourd’hui.
La classe supérieure et la frange supérieure de la classe moyenne cherchent à
consommer des produits étrangers ; des marques. Point de salut hors les
marques : inutile de vendre un bon vin discret, une merde connue aura plus
de succès. En revanche, la classe moyenne n’a pas encore les moyens de
consommer au sens où on l’entend. On ne peut donc pas dire qu’il y ait un boom
de la consommation intérieure. Elle progresse certes, mais les stats que vous
affichez ne détaillent pas la consommation par catégorie de population. Quant
aux pourcentages, ils sont à manier avec précaution. 80% de 100 = 80 (je suis
fort en maths !!!) mais 10% de 1000 = 99 (je vous l’avais
dit !!!) : la Chine
part de plus loin que les USA. Si la plupart des jouets sont fabriqués en
Chine, on trouve assez peu de jouets en Chine !
Les familles aisées chinoises
envoient leurs enfants apprendre les langues (anglais et japonais d’abord) dans
des pays étrangers. Non pas par snobisme, mais pour les affaires, pour
comprendre les cultures étrangères. Je ne crois donc pas à un conflit entre les
US et la Chine. En
raison de l’horrible comportement des soldats japonais joué pendant la 2è
guerre mondiale (plusieurs chinois m’ont dit que les soldats japonais
kidnappaient des chinoises pour les violer , une cinquantaine de fois par jour)
la jeunesse chinoise nourrit encore un fort ressentiment. Comme elle n’admet
toujours pas ce qu’ont fait les européens (surtout anglais et français) sur
leur sol. Elle le fera payer un jour, mais pas par la guerre.
Pour le moment, la majorité des
chinois nourrit encore un complexe d’infériorité par rapport aux européens, qui
apparaissent à tort comme des experts. Mais le nombre d’européens à la
recherche de l’eldorado chinois, et parmi eux de nombreux « paumés »,
fait prendre conscience aux chinois qu’ils n’ont rien à nous envier. Nous avons
de la Chine la
vision d’un immense atelier ? Eh bien, il va falloir changer.
En effet, dans 5 à 7 ans environ
vont débarquer en Europe des milliers d’ingénieurs, experts-comptables,
médecins, etc. Le système scolaire urbain chinois est très performant dans le
secondaire et dans certains secteurs du supérieur. Dans d’autres, c’est la cata,
beaucoup de corruption. Il faudra donc attendre avant qu’ils puissent
concurrencer l’Europe ou les US dans tous les domaines. A moins que les
étudiants qui étudient à l’étranger soient vraiment très nombreux, ce qui
semble être la voie suivie. Et puis, il y a le mystère singapourien.
Au contraire de l’URSS qui était
fermée, la Chine
s’ouvre. Elle ne se lancera pas dans une surenchère militaire à court ou moyen
terme. La Chine
n’est pas présente militairement sur tout le globe, ça lui fait des économies. Mais
on peut être sûr qu’elle défendra ses intérêts, comptant sur le nationalisme
exacerbé de sa population. Les chinois sont très patients et planifient sur le
long terme.
Les occidentaux se nourrissent de
dialectique platonicienne et de manichéisme, mais pas les chinois. Leur système
de pensée est différent, je n’en ai saisi que les contours. Notre façon de
raisonner ne peut pas comprendre la subtilité chinoise à moins d’habiter en
Chine depuis l’enfance. Dans l’intimité, un chinois ne vous dira jamais
« tu as tort », « non », etc. Il écoutera, acquiescera,
prendra en compte ce que vous avez dit… mais fera comme il en a décidé. Un
occidental cherchera souvent à s’opposer, il est plus impulsif. Si la philosophie
est occidentale, la sagesse est orientale. Nous adorons argumenter, comme les
arabes ou les africains. Je n’ai pas trouvé cette même propension chez les
asiatiques.
Les chinois auront une bombe à
gérer : la bombe sociale. Il y a ici ou là des revendications qui
émergent. Il ne faut pas croire que c’est une dictature où tout le monde se
tait. La Chine
aura donc pour défi de gérer cette bombe sociale (revendications à mieux vivre,
ancienne politique de l’enfant quasi-unique, vieillissement de la population,
absence de protection sociale…) avec pour problématique : en se
transformant, la Chine
saura-t-elle rester chinoise ? En tout cas, c’est un super pays avec des
gens géniaux.
Je ne crois pas non plus, de
l’autre côté, qu’il faille railler la politique américaine, ni enterrer les US
trop tôt. La liste de leurs cartes maîtresses est trop longue à énumérer. Leur
supériorité technologique n’est pas un vain mot. Je le vois dans le secteur de
l’Education supérieure et des neurosciences cognitives où l’Europe est à la
ramasse. Rien que voir le labo pédagogique de la Harvard Graduate School of
Education laisse rêveur. Même si les labos asiatiques progressent et que
l’écart diminue, les US financent tellement de recherches différentes qu’ils
conservent une avance confortable. Ca ne se rattrape pas comme ça ! Je ne
m’avancerai pas sur les manipulations monétaires, je n’y connais rien.
Pour finir, tout processus de
décision s’élabore sur la raison, mais se déclenche par la passion. Il en va de
même chez les gouvernants. Donc, tout est possible !