Lanzmann a fait un film d’opinion qui s’appuie bien-entendu sur des faits historiques incontestables.
Jan Karski le dit avec modération dans un article publié dans les revues Kultura et Esprit en 1986 :
« Toutefois, cette limitation rigoureuse du sujet du film donne
l’impression que les juifs ont été abandonnés par l’humanité entière
devenue insensible à leur sort. Cela est inexact et, de surcroît,
déprimant, notamment pour les générations juives actuelles et futures.
Les juifs ont été abandonnés par les gouvernements, par ceux qui
détenaient le pouvoir politique et spirituel. Ils n’ont pas été
abandonnés par l’humanité. (...) En Pologne, un réseau secret a été
constitué dans le seul but de mettre les juifs à l’abri des poursuites
et de les assister dans la clandestinité. Son chef, M. Wladyslaw
Bartoszewski, habite encore à Varsovie. M, Marek Edelman, un des
dirigeants de l’insurrection du ghetto, vit à Lodz ; d’autres, enfin, à
l’étranger. Ils auraient au moins pu être cités. »
« Le film contient aussi une interview de moi. Les circonstances dans
lesquelles elle a été faite jettent un peu de lumière sur la méthode de
travail de M. Lanzmann et sur le caractère restrictif qu’il a
délibérément imposé à son oeuvre.«
»L’insertion de ce témoignage ainsi que l’évocation, si sommaire
fût-elle, de ceux qui tentèrent d’aider les juifs aurait placé
l’Holocauste dans une perspective historique plus appropriée. (...) Shoah par son autolimitation appelle un autre film, aussi puissant et aussi vrai, qui montrerait cet aspect oublié de l’Holocauste. »
http://www.lexpress.fr/culture/livre/shoah-vu-par-jan-karski_844283.html#xtor=AL-447