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Commentaire de René Job

sur Qu'est-ce qui peut sauver la France ?


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René Job (---.---.131.177) 6 décembre 2006 14:42

Il y a beaucoup de points abordés dans cet article. Pourtant, les deux points qui me semblent particulièrement révélateurs de l’arrière plan de cette pensée programmatique sont :

1/ La conception répressive de l’éducation - et le rapport aux jeunes sous tendus : des petits cons.

2/ Le rapport au travail : le chômeur est un fainéant.

Pour moi, ce programme cache une haine envers son prochain.

Nous sommes dans un monde où seules les personnes disposants de connaissances générales et techniques (scientifiques) sont employables. Des machines « intelligentes » sont entrain d’apparaître. La société structurée autour du » tout travail » lequel implique un « tout emploi » est terminée.

La tertiarisation de l’économie a échoué au Japon. C’est d’ailleurs le Japon qui est leader en robotique. Il n’y a pas de hasard.

Avant de produire des programmes réactionnaires, rétrogrades et répressifs, merci de vous cultiver sérieusement.

Je vous donne complètement raison sur un point : nous sommes mal gouvernés. Et la grande braderie de nos technologies qui a lieu en ce moment au Havre, au profit des Chinois, doit cesser.

Il faut améliorer l’accès aux capitaux pour nos entreprises. Modifier les statuts des artisans, commerçants et des professions libérales afin que ces activités soient plus sécurisées financièrement. Un statut de citoyenneté assorti d’un revenu social de citoyenneté ( = 1000€) doit être mis en place. L’effort de la Nation est un effort individuel et collectif de requalification générale. Rien d’autre. Analogiquement, tout se passe comme si notre population était à 70% illettrée ou analphabète. Nous avons fait l’instruction publique sous la Troisième République, maintenant nous devons amener toute notre population à un niveau de qualification supérieure ou égal à des brevets professionnels, des bacs scientifiques ou Technologiques. Et surtout ne plus donner les diplômes pour des raisons politiques. Le manque d’emplois doit se traduire par un temps de requalification des personnes et non par des formes de relégation sociales. Ensuite contraindre les gens, c’est le propre des pays sous-développés qui sont aussi des pays de type totalitaires. On ne les voit pas beaucoup en tête de peloton.

Mais on peut aussi directement distribuer des uniformes à tous de 7 à 77 ans. Déclencher une Guerre Mondiale. Relancer l’industrie. Et faire un plan Marshall 100 Millions de morts plus loin. smiley

Comme l’aurait dit Darwin, s’adapter consiste à produire d’abord une analyse pertinente du milieu. A partir de là, on trouve des solutions efficaces ; nonobstant pour les humains, le courage politique nécessaire pour les mettre en oeuvre. Quant au Protectionnisme, pour être clair, il ne faut ni ouvrir ni fermer complètement nos frontières. Elles doivent être intelligemment poreuses : dans le sens de nos centres d’intérêts bien réfléchis. Bref de la nuance, de la subtilité, de la ruse et de la générosité bien placée.

Notre société n’est plus qu’une société d’individus égoïstes où l’autre est perçu comme un profiteur : « il a ce que je voudrais avoir ou il veut ce que j’ai et ce que je pourrais avoir. Par conséquent, je dois le disqualifier pour survivre ! ». Une société d’individus n’est pas une équipe. Aucun jeu collectif n’y est possible. Il n’y a plus que des compétiteurs, des adversaires et finalement des ennemis qui finiront naturellement par chercher à s’entretuer.

Nous devons être une équipe. C’est tout. Et nous devons développer effectivement des industries écologiques évoluées. Les machines doivent produire de la richesse et celle-ci doit être en grande partie redistribuée équitablement. Vivre dans une société en paix avec un bon niveau de vie et du bien être, ça a un prix. Demandez à un Irakien, un Palestinien ou à qui que ce soit qui connaît l’insécurité quotidienne sous toutes ses formes : combien vaut la paix ? Pour l’Irak les USA ont déjà dépensé 370 Milliards de dollars. Quand ils se seront retirés la facture devrait s’élever à 420 Milliards (estimation approximative qui tient compte du délai pour se faire avec retrait progressif et transfert en direction du gouvernement local : « l’arabisation » du conflit local).

Le riche paie pour sa tranquillité et sa pérennité. Quant à la croissance, ce n’est pas une fin en soi. C’est juste un nouveau délire. Après la vie meilleure dans l’au-delà maintenant on a le productivisme comme fin en soi. Dernière forme de l’aliénation collective avec sa manifestation « matérielle » à travers l’acte de consommation : consommer des biens et services en étant capable de suivre financièrement les évolutions de plus en plus rapides. Les objets tiennent lieu de vie. C’est une existence bien courte qu’on nous propose.

L’accroissement et la rotation du stock de nos objets domestiques étant signe de bonheur. Plus j’en ai, plus je les renouvelle, plus je suis heureux, plus je m’y use, plus il faut aussi que d’autres participent pour produire le flux de richesses continu dans le quel nous baignons. C’est une addiction. Et ceux qui ne participent pas sont malheureux mais ils sont aussi à ramener dans le giron du tout productif pour revalider le système.

Je n’ai rien contre le travail, bien au contraire, il permet d’accomplir une partie de soi-même ; de se faire plaisir, mais à lire ce genre de programme, je crains qu’on nous conduise dans un monde totalitaire où le travail est réduit à une conception monstrueuse d’aliénation de tous. Nous avons défiguré notre planète alors qu’elle était belle. Nous détruisons des vies humaines par millions mais on continue. Nous disposons d’un capital de connaissances et de perspectives que nos prédécesseurs n’ont jamais eu à disposition. Usons en correctement.

Il faut changer de paradigme sociétal. Le travail n’est plus forcément le lien social par excellence parce que en l’état actuel des choses et conformément aux prédictions économiques : nous en avons de plus en plus à disposition mais avec des effets de leviers d’Archimède tels que 1 individu fait aujourd’hui le travail de dizaines d’hier. Il y a donc 1 emploi aujourd’hui, là où hier, il y en avait des dizaines. C’est ça la réalité. Et nos politiques sont en deçà de cette compréhension parce que culturellement ils ne sont pas prêts. Ils ont fait des grandes écoles. Ils ont bossé dur. Pour eux, s’avouer ces choses là, ça remet leurs vies en question. C’est comme si on cherchait à expliquer à un vieux moine qui a passé sa vie en méditations, afin de se préparer à la vie de l’au-delà, qu’il s’est trompé d’interprétation existentielle : car il n’y a pas d’au-delà. La catastrophe ou le déni.

Moins de programme. Plus de réflexion citoyenne autour de nos problèmes.

Autrement, je trouve que vous écrivez bien. Je vous relirai. Je sens bien aussi que vous êtes de bonne volonté. Vous vous inquiétez pour notre devenir. Comme nous tous sur Agora Vox. Je prends donc votre exposé comme un aveu indirect de méfiance ou de défiance à l’égard des personnalités politiques du moment. Si tel est votre cas, je le partage.


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