« Une
femme tombée entre les mains des psychanalystes devient définitivement
impropre à tout usage, je l’ai maintes fois constaté. Ce
phénomène ne doit pas être considéré comme un effet secondaire de la
psychanalyse, mais bel et bien comme son but principal. Sous couvert de
reconstruction du moi, les psychanalystes procèdent en
réalité à une scandaleuse destruction de l’être humain. Innocence,
générosité, pureté… tout cela est rapidement broyé entre leurs mains
grossières. Les psychanalystes, grassement rémunérés,
prétentieux et stupides, anéantissent définitivement chez leurs
soi-disant patientes toute aptitude à l’amour, aussi bien mental que
physique ; ils se comportent en fait en véritables
ennemis de l’humanité. Impitoyable école d’égoïsme, la psychanalyse
s’attaque avec le plus grand cynisme à de braves filles un peu paumées
pour les transformer en d’ignobles pétasses, d’un
égocentrisme délirant, qui ne peuvent plus susciter qu’un légitime
dégoût. Il ne faut accorder aucune confiance, en aucun cas, à une femme
passé entre les mains des psychanalystes. Mesquinerie,
égoïsme, sottise arrogante, absence complète de sens moral,
incapacité chronique d’aimer : voilà le portrait exhaustif d’une femme analysée. »
Michel Houellebecq, Extension du Domaine de la Lutte