Bonjour,
J’ai 44 ans, j’ai un petit boulot, j’ai la même compagne sans être marié depuis 25 ans (psychologue), je suis papa... Je ne suis ni adopté, ni adoptant... J’ai travaillé comme éducateur spécialisé dans un foyer pédagogique où l’on travaillait en conservant tous les liens possibles entre enfants et parents ... des parents avec de grandes difficultés économiques et/ou sociales et/ou psychologiques (Il y en avait en prison.) ... et il était interdit de proposer à ces parents de donner leurs enfants pour l’adoption. Je soutiens actuellement une structure au Sri Lanka pleine d’enfants qui sont parrainés par des européens... et je soutiens des associations qui militent pour bien réduire les adoptions internationales.
Je suis par exemple membre du fameux Réseau des Epis Mêlés dont on met un lien quelques messages au-dessus ici... On met en garde les âmes sensibles qui pourraient l’utiliser... et je suis d’accord avec çà... mais celà me fait penser à une histoire qu’on raconte autour d’une exposition de peinture à Paris avant la deuxième guerre mondiale. Picasso y présentait son terrible Guernica et l’ambassadeur d’Allemagne (nazi) en visite là, impressionné par le tableau, aurait demandé qui avait fait çà. Le peintre, présent, lui aurait répondu : c’est vous.
Personnellement, à la question je répondrai par un grand « POUR LE PARRAINAGE !!! ». Je sais, parrainage et adoption sont deux choses bien distinctes... mais en en accroissant une on peut en éviter et/ou en réduire une autre !!!
A l’heure où l’on parle d’une île qui a subit une grande catastrophe naturelle je vais vous parler d’une autre île, le Sri Lanka, qui a subi aussi une autre grande catastrophe naturelle il n’y a pas si longtemps, un grand tsunami. Là aussi celà a touché un pays très pauvre. Là aussi on a voulu adopter en urgence et on a craint un trafic d’enfants ... Et ce petit pays n’a pas laissé faire. Quelques années avant le Tsunami le Sri Lanka, découvrant certaines dérives, avait déjà pratiquement réduit à néant les adoptions internationales. Depuis il y en a environ qu’ une cinquantaine par année, concernant souvent de la famille élargie expatriée. Ce chiffre n’a pas bougé après ce Tsunami qui a fait des milliers de morts et laissé aussi des milliers de personnes dans le désarroi. Les adoptions nationales (environ mille par an) n’ont pratiquement pas augmenté non plus. Des centaines de structures de parrainage se sont développées après la catastrophe, çà oui.
Les enfants sont malheureux dans les « orphelinats ». - J’entends souvent par ici. Déjà il faut savoir que plus des deux tiers des enfants dans ces structures ne sont pas orphelins, et que ceci semble être une généralité partout au monde, j’ai appris récemment par l’organisation Save the Children. Ces derniers temps on a d’ailleurs opéré dans ma petite structure des retours en famille pour des enfants... que nous parrainons toujours. Ensuite...Eh bien ils peuvent grandir de façon très harmonieuse et heureuse aussi là !!! Je viens de visiter il y a trois mois la structure que j’aide : Les enfants vont à l’école, jouent, ne sont pas seuls, sont soignés, sont aimés... Ils respirent la joie de vivre. Je n’ai pas observé de grandes carences affectives en eux. J’ai même le sentiment maintenant que les lointains parrains cherchent à donner plus d’amour que les filleuls n’en demandent. Rires. Autre chose : beaucoup d’enfants ont grandi... ont passé une adolescence sans grands problèmes psychologiques... sont devenus de jeunes adultes ... et on les suit toujours. Le parrainage c’est l’établissement de liens, les liens d’une véritable solidarité humaine. C’est de çà qu’ont besoin beaucoup de personnes dans le monde... et à Haïti plus particulièrement !!!
L’adoption ? En principe celà doit être quelque chose de dernier recours, de très contrôlé, de très limité ... L’adoption internationale ? Encore plus. En pratique ? L’adoption au niveau national se fait correctement, il me semble... mais au niveau international... Que penser ? Il y a bien une convention internationale de La Haye... réglementant la chose... une convention que des pays comme le Guatemala ou la Chine ont ratifié... des pays où il a été et/ou on découvre souvent encore des vols d’enfants pour l’adoption internationale. Pas de problème... Ils ont signé là. Mais ce n’est pas suffisant : il faut rappeler qu’il y a actuellement au monde dix candidats pour adopter pour un enfant adoptable. Alors des pays d’accueil même signataires de telle convention se permettent des adoptions depuis des pays non signataires... « en étant plus vigilants ». Alors on trouve des situations bizarres. Par exemple, les choses ne semblant pas claires, les adoptions depuis Haïti sont interdites depuis 2007 par certains pays de l’Union Européenne... et pas par d’autres. Celà fait penser au nuage de Tchernobyl qui ne franchit pas certaines frontières là. La France est championne en adoptions dans les coins les moins clairs d’ailleurs. Elle trouve de ces trucs !!! Je repense à ce rapport Colombani qui a servi pour relancer des adoptions au Cambodge notamment. Ce qui devrait concerner normalement des dizaines de cas par année et par pays... le devient pour des milliers. On peut en arriver au cas de la Corée du Sud, qui maintenant est un pays riche, et qui conserve une véritable industrie de l’adoption internationale qui lui fait au moins économiser beaucoup d’argent dans une politique sociale. Ce n’est pas beau , mais c’est ainsi. Alors on peut bien élever des enfants adoptés internationalement, et on sait mieux le faire maintenant, je n’en doute pas, au delà d’un nombre toujours trop important d’échecs à mes yeux ... mais le fait-on correctement à la base ? Je crois très souvent que non. Rien que pour çà je pense qu’il faudrait interdire les adoptions internationales .
Désolé si mon avis ne plait pas.