Réflexion à la City : comment causer une « dépopulation rapide et profonde » ?
15 février 2010 - 20:50
15
février 2010 (Nouvelle Solidarité) – En pleine bataille pour sauver
leur empire financier chancelant, les intérêts financiers britanniques
appellent l’écologie malthusienne à leur secours. Dans un article
intitulé « La biodiversité à portée de canon », le magazine de la City
de Londres, The Economist, le dit clairement : « La
dure réalité, c’est qu’il semble que la mort violente et arbitraire
soit le moyen de conservation de la nature le plus économique inventé
jusqu’ici. »
L’auteur (toujours anonyme chez The Economist) part d’un simple constat : « Il
y a encore des parcs naturels involontaires, pour reprendre le terme de
l’écrivain et futuriste Bruce Sterling, qui permettent d’illustrer ô
combien la nature fait bien lorsque l’on exclut les êtres humains de
l’équation (…) la zone démilitarisée entre les deux Corée en est un bon
exemple (…) elle est de facto une réserve naturelle. L’agriculture et
l’industrialisation ayant migré ailleurs, cette zone inhabitée et
lourdement minée de 1000 kilomètres carrés constitue un refuge pour
deux espèces d’oiseaux en voie de disparition : la grue de Mandchourie
et la grue à cou blanc. On y trouve aussi des ours noirs d’Asie, des
aigrettes et, selon certains, une sous-espèce extrêmement rare du tigre
de Sibérie. La plus grande menace pour cette biodiversité est
probablement la paix. »
Et il donne un autre exemple de succès de l’impérialisme : « L’archipel
de Chagos dans l’Océan indien est aussi une zone militaire. Les
autochtones ont été expulsés par le gouvernement britannique au début
des années 1960 pour permettre l’établissement d’une base américaine
sur l’île de Diego Garcia (…) Cependant, ils comptent bien revenir un
jour, et dans ce cas, ils voudraient commencer à pêcher, construire des
hôtels et même un aéroport. Seule l’occupation militaire empêche cela
d’arriver. »
Puis il poursuit : « La mer au large des côtes nord du Kenya
connaît une profusion de poissons puisque les pirates somaliens font
fuir les grands chalutiers étrangers. » Il va même jusqu’à évoquer Tchernobyl : « Le
plus fameux des parcs involontaires est la zone évacuée autour de
Tchernobyl, en Ukraine, où une vie sauvage bourgeonnante n’a été que
peu affectée par les risques de radiation. »
Enfin, il conclut à la manière d’un Bertrand Russell : « C’est
la dépopulation qui importe. Les conflits armés et leurs répercussions
se trouvent simplement être une des quelques forces sur la planète qui
puissent causer une dépopulation rapide et profonde. Lorsque la paix
arrive, ces zones doivent se battre pour survivre. La dure réalité,
c’est qu’il semble que la mort violente et arbitraire soit le moyen de
conservation de la nature le plus économique inventé jusqu’ici. »