Malgré des moyens considérables, le bilan thérapeutique de la génétique est maigre. Au point que des scientifiques commencent à remettre en cause les bases conceptuelles de la discipline reine de la biologie depuis cinquante ans.
« Tout est dans le gène. » Longtemps la génétique a pu se résumer à ce paradigme. Après la découverte de la structure en double hélice de l’ADN qui compose les chromosomes, un schéma théorique s’est en effet imposé : la structure de l’ADN s’apparente à un programme d’ordinateur dans lequel le gène, en codant des protéines, décide de l’apparence des organismes vivants et gouverne pour l’essentiel leurs comportements.
Tel un démiurge tout-puissant, le génome créerait l’organisme et en constituerait l’explication ultime. Ce cadre de pensée, dit « tout-génétique », a culminé avec le projet international de séquençage et de décryptage du génome humain, qui a associé les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, le Japon et la Chine. Puisque tout, ou presque, est écrit dans le programme génétique, il suffirait de localiser un gène pour, ensuite, par manipulation, neutraliser une fonction indésirable [1].
Chaque jour, les médias se font l’écho de ces recherches, annonçant périodiquement qu’elles vont déboucher sur la mise au point de nouveaux médicaments. Cependant, plus de dix ans après la découverte de la séquence génomique du virus du sida, aucun vaccin n’est encore à l’ordre du jour.
Après avoir suscité d’immenses espoirs, la thérapie génique offre également un bilan bien maigre. Sur les centaines d’essais cliniques réalisés ou en cours dans le monde, elle ne compte qu’une seule vraie réussite : la guérison, par l’équipe des professeurs Marina Cavazzana-Calvo et Alain Fischer (Inserm U 429, hôpital Necker-Enfants-Malades, Paris), d’une dizaine de « bébés-bulle » souffrant d’un déficit immunitaire majeur dû à un gène déficient. Mais le succès est fragile : en octobre 2002, une grave complication inattendue (une sorte de leucémie), survenue chez l’un des enfants traités, entraînait la suspension des essais cliniques. Dans le même temps, les Etats-Unis interrompaient une partie de leurs programmes de thérapie génique.
Aujourd’hui, les généticiens reportent leurs espoirs sur la « protéomique », qui, à la suite du décryptage du génome humain, vise à déterminer les fonctions précises des 30 000 gènes qui caractérisent chaque être humain. De dix à douze mille ont déjà été identifiés à ce jour, mais les fonctions de seulement 5 000 d’entre eux ont été découvertes.
Autre source d’espérance : la découverte récente de « l’ARN interférent ». Cette petite molécule, dérivée de l’ADN, peut, à elle seule, allumer ou éteindre des gènes en fonction des besoins de l’organisme. Chez les plantes, elle sert, en outre, à lutter contre les virus. L’objectif des chercheurs est de parvenir à synthétiser des ARN interférents afin de lutter contre des anomalies génétiques, mais aussi contre des agents infectieux et certains gènes responsables de cancers. En juillet 2002, des chercheurs américains ont déjà réussi à rendre in vitro des cellules humaines résistantes au virus du sida et de la poliomyélite.
En attendant, la débauche des moyens publics et privés dont disposent les généticiens exaspère les chercheurs des autres disciplines du vivant, souvent beaucoup moins bien pourvus. La botanique et la zoologie sont sans doute les plus marginalisées par l’hégémonie de la génétique. Au point qu’aujourd’hui il est devenu difficile de recruter des systématiciens, ces spécialistes capables de décrire et de reconnaître les plantes et les animaux.
Un exemple parmi d’autres : en 2001, alors que l’on publiait en fanfare la séquence intégrale du génome de la mouche du vinaigre (Drosophila melanogaster), l’Europe ne comptait plus que deux spécialistes en activité capables de comparer et d’identifier avec précision les 3 000 espèces connues de mouches drosophiles. Singulier contraste !
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