Alors faudrait-il donner quelques exemples concrets ? Prof de fac (donc enseignement puis recherche, et notamment suivi de mémoires de Master, de thèses de doctorat, de participation aux jurys de thèse ou de concours-où le sort professionnel de trente ans à venir des candidats est entre tes mains)j’ai calculé depuis cette rentrée que je consacrais en moyenne dix à douze heures par jour à mon métier, avec, de temps en temps, un jour où je souffle. Mais j’aime ce que je fais, et je ne l’échangerais contre aucun autre(ayant taté de boulots divers et variés depuis instructeur d’arts martiaux jusqu’à traducteur free-lance).Même si les salaires sont approximativement la moitié, voire le tiers, de ce qu’ils sont aux USA ou en GB.
Dans bien des cas l’implication des étudiants est galvanisante, surtout quand on travaille dans une province qui est loin d’être riche et boboisée (Pas de Calais).Sans parler des réelles affinités qu’on peut découvrir avec des collègues.
Mais je constate aussi que beaucoup d’étudiants inscrits sont constamment absents (l’assiduité aux cours n’est pas obligatoire), qu’on boude les cours de remplacement (j’ai voulu remplacer trois heures de cours qui étaient tombés le 1er novembre - et bien pas un étudiant ne s’est pointé ; ils avaient, paraît-il, autre chose à faire). Et certaines mesures, comme la compensation des notes (un 15 en tennis compense un 5 en anglais, par ex.)fait qu’on peut trouver en Master des étudiants qui n’ont jamais maîtrisé l’essentiel.
Pour résumer, l’université a été créé pour des gentlemen-escholiers, autonomes, sachant organiser leur temps, et plus intéressés par le contenu des cours que par la dernière mode chez Pimkie, les lauréates de la Star’Ac, ou le dernier CD de Joey Starr. Il faudrait nettement plus de contraintes - présence obligatoire, sauf motif professionnel ou médical - abandon du recours systématique à des examens de rattrapage (une spécificité bien française). Notes qui cessent d’être des abstractions compensables mais qui indiquent si oui ou non on a assimilé le minimum requis d’un cours. En procédant ainsi on peut faire l’économie d’une sélection draconienne à l’entrée.
L’université n’est que le reflet d’une crise générale de la culture et de sa transmission.