• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de JESSI

sur Mais qui est Dieudonné ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

JESSI (---.---.253.8) 7 décembre 2006 07:38

Par Jerôme di Costanzo Un mot a fait sa réapparition ces dernières années, apparemment disparu depuis la chute du gouvernement de Vichy et l’aliénation de l’idéologie nazie : le sionisme. Il était même devenu honteux et désuet de l’employer, car il ramenait à un antisémitisme datant de l’affaire Dreyfus, en passant par le protocole des Sages de Sion, pour échouer dans un château en Allemagne entre Laval et Céline. Le terme de « Sioniste » avait survécu dans certaines littératures d’extrême droite, stagnant dans leurs fantasmes de réprouvés et dans le discours des dévots dévoyés de Rome de Mgr. Lefèvre. Il signifiait d’une manière quasi obsessionnelle, « le juif » intemporel et international, complotant pour l’aliénation de la société occidentale traditionnelle. Il a fallu attendre le dramatique 11 septembre, pour que l’ « antisionisme » sorte du placard de l’Histoire avec son cortége de mensonges et de haine. Aujourd’hui, l’extrême droite se trouve dépossédée de son usage exclusif, il est aussi bien employé par des alter mondialistes que par des islamistes. Il y eut, les soupçons de « sionisme droitier » pour Alexandre Del Valle, et les subtilités rhétoriques aussi bien d’extrême gauche que d’extrême droite, diffèrençant antisémitisme et antisionisme. Un retour en force, aussi en Orient, des discours du président Iranien, aux programmes de la Télévision du Hezbollah , en passant par « feu » le raïs Saddam Hussein, et aussi pour faire partie implicitement de la dialectique des Islamistes en Turquie. Cette notion occidentale, par tradition et usage, est aujourd’hui employée aussi bien par les nostalgiques du Baas que par les Islamistes. Une internationale antisioniste ? L’insulte et le soupçon d’amitié sioniste sont rentrés dans les moeurs médiatiques. On doit se dédouaner d’être sioniste, trouver des soutiens afin de se disculper. Mais pourquoi ? Qu’y a-t-il de mal à être sioniste ? Est-ce « un crime » ? Est-il encore possible d’être sioniste aujourd’hui ?

Qu’est ce exactement que le sionisme ?

Le sionisme est un mouvement qui affirme le droit à l’établissement d’une nation juive. C’était la volonté légitime de sortir du Ghetto et de ne plus être soumis aux persécutions. Ce projet est né dans la seconde partie du 19éme siècle durant l’affaire Dreyfus et les pogroms en Russie, mais aussi il est né de la ségrégation découlant du statut des non musulmans, la « dhimmi », en Terre d’Islam. C’est en 1897 que Théodore Herzl donne la première impulsion à un état juif durant le congrès de l’organisation sioniste internationale à Bâle, suivi en 1917 par la déclaration Balfour permettant l’établissement d’un foyer juif en Palestine sous mandat britannique. L’idéal sioniste aboutit en 1948 avec la création de l’état d’Israël. Je vais décevoir certains, mais le sionisme par définition s’est éteint avec la création d’Israël. Le sionisme, en tant que projet, n’a plus de raison d’être. Un état juif existe aujourd’hui, c’est une des rares démocraties du Moyen-Orient et au risque de vous décevoir encore, sachez que sa population avoisine les 6 millions d’Habitants, dont au passage 20% de la population est non juive et bénéficie des mêmes droits que la majorité.

Le sionisme a perdu tout sens avec la création de l’état d’Israël, mais alors pourquoi en parle-t on encore ?

En Europe, certains critiques d’Israël se dédouanent de tout antisémitisme en se déclarant anti-sionistes, plus politiques et moins raciaux. Avec ce genre de propos on ne peut pas être attaqué pour « incitation à la haine raciale » ou bien « d’apologie de crime contre l’Humanité. ». L’antisionisme serait un antisémitisme masqué ? Constatons que « nos ennemis du sionisme » font leur un amas de théories fantasmagoriques recyclées ayant fleuri dans la première partie du 20éme siècle, avec pour origine, pour la plupart, l’extrême droite. J’en veux pour preuve l’engouement renouvelé pour « le protocole des Sages de Sion ».

En allant plus loin, on peut dire que l’antisionisme se définit aujourd’hui comme la négation de tout état juif en général et au Moyen Orient en particulier. Ce qui a pour but de ramener « le juif » à sa conception antisémitique traditionnelle : le juif est apatride il ne peut rien posséder, ni avoir de terre. Nous sommes bien là dans l’antisémitisme. Nous retrouvons cela dans le discours des Islamistes partisans de la stricte application de la Charia, qui définissent l’Orient comme une terre exclusivement musulmane, ce qui est faux. En réponse, on peut souligner, qu’outre l’antique communauté chrétienne, il y eut de tout temps un fort peuplement juif, que ce soit en Egypte, en Palestine, en Syrie, en Iraq, en Iran et à Aden. Et elle y fut persécutée, il y eut des pogroms ponctuellement perpétrés dans ces pays jusqu’en 1948 date de la création d’Israël. Ainsi, cette dernière ne se justifie pas seulement comme la conséquence d’un antisémitisme occidental mais aussi oriental. Le sionisme est la volonté légitime pour le peuple juif de sortir de la ségrégation. Il y a eu sionisme, parce qu’il y a eu des ghettos en Europe certes, mais aussi parce qu’il y a eu un statut spécial des non musulmans régis par la « dhimmi ». C’est ce qui échappe à un Mahmoud Armaninejad, président de la république Iranienne, qui voit en Israël le « dédommagement » des occidentaux pour la Shoah. Il oubli, certainement intentionnellement, que l’état hébreu est aussi né d’un anti-judaïsme d’Orient et de la « dhimminitude » régissant certains pays musulmans. La « dhimmi » est un Ghetto. Et par la même, justifie tout volonté d’émancipation, tout idéal sioniste.

L’antisionisme est l’arbre qui cache la forêt. C’est un antisémitisme politiquement correct, une volonté de replacer le juif dans son ghetto. Les fantasmes, les peurs qu’il colporte, nous rappellent avec effroi la démence de l’entre-deux-guerres. La banalité de l’ignominie est de retour. L’inadmissible est admis. Être sioniste est devenu péjoratif. Ou alors on tente de le rendre honteux, en décrétant que le juif doit être cantonné dans son Ghetto ou sous un statut particulier. Dans son sens premier, « Être sioniste » c’était croire en la Liberté, c’était ne pas accepter la ségrégation et c’était vouloir l’émancipation des peuples de toute tyrannie et terreur. Espérer ! Espérer, comme l’ont fait les pères fondateurs du sionisme : garder Espoir. Pour ces raisons, je ne vois aucun mal à être taxé de sionisme, même primaire ! Au contraire !

Par-delà toute accusation et discrimination, j’en fais un acte de résistance à l’Innommable.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès