• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de FALCO

sur Ben Laden : la fabrication complète d'un Frankenstein (1)


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

FALCO FALCO 18 février 2010 11:52
Le nouveau discours “anti-système” d’Oussama Ben Laden, Alexandre Del Valle

Le 29 janvier, cinq jours après avoir menacé les Etats-Unis de nouvelles attaques terroristes, Oussama Ben Laden refait parler de lui en devenant le champion de la lutte contre le réchauffement climatique. (France-Soir)

laden.html">http://www.francesoir.fr/etranger/2010/02/01/ben-laden.html

Dans son dernier discours, Ben Laden dénonce « la responsabilité de toutes les nations industrialisées », dont les Etats-Unis, coupables de « ne pas avoir signé le protocole de Kyoto, afin de satisfaire les intérêts des grandes compagnies ». Démontrant qu’il n’est pas sensible qu’au vert de l’islam mais aussi au vert de l’écologie, le chef d’al-Qaida sait que derrière la carapace verte de l’environnementalisme peuvent se cacher des révolutionnaires rouges ou autres altermondialistes qui partagent une même haine du système capitaliste industriel occidental et des Etats-Unis.

Pour les séduire, Ben Laden propose ainsi de « boycotter le dollar et de s’en débarrasser, seul moyen de libérer l’humanité de l’esclavage de l’Amérique et de ses compagnies ». Cette nouvelle rhétorique « altermondialiste » a pour obectif de faire sortir ben-laden.html">al-Qaida de l’isolement, de séduire les anti-américains, anti-capitalistes et anti-israéliens du monde entier afin de créer un courant de pensée « anti-système » qui œuvre dans les médias et dans les débats intellectuels à relativiser, nier ou justifier la barbarie d’al-Qaida. Ce qui est déjà le cas de ceux qui nient le 11 septembre ou pensent que les islamistes sont les nouveaux révolutionnaires face au « néocolonialisme » de l’Occident.

En guerre contre l’Iran, le Hamas et le Hezbollah

D’où le fait que bien qu’étant l’ennemi du nationalisme palestinien, du Hamas et de l’Autorité palestinienne (al-Qaida plaide pour une Oumma islamique sans frontières), Oussama cherche aussi à apparaître depuis trois ans comme le meilleur défenseur du palestinisme, cause suprême des Arabes mais aussi des mouvements d’extrême gauche, des No Global et même des néonazis. Ainsi, le 24 janvier dernier, en revendiquant l’attentat manqué sur un avion de ligne américain le jour de Noël et en menaçant les Etats-Unis de nouvelles attaques « s’ils poursuivaient leur soutien à Israël », Ben Laden« href="http://www.francesoir.fr/etranger/2010/01/24/ben-laden-attentat-amsterdam-detroit-noel.html">Ben Laden a voulu faire oublier que son organisation est en guerre contre l’Iran, le Hamas et le Hezbollah, soutiens des terroristes palestiniens les plus dangereux pour Israël.

Continuateur des révolutionnaires rouges d’antan et des totalitaires bruns des années 1930-1940, al-Qaida n’est ni écologiste (Ben Laden n’a jamais dénoncé le pétrole), ni propalestinienne (elle combat tout nationalisme qui divise la Oumma islamique internationale), ni même alliée des révolutionnaires rouges, qu’elle a combattus pendant la guerre froide. Son réel dessein de guerre est l’établissement d’un califat mondial régi par la lecture la plus totalitaire de la loi islamique (charia). Un ordre théocratique, réactionnaire et moyenâgeux dont les premières victimes sont les musulmans libres et que devraient combattre les progressistes du monde entier.

Nouvelle jacquerie mondiale contre l’Occident

Mais Ben Laden et son numéro deux et cerveau, Ayman Zawahiri, comptent sur la maxime : « L’ennemi de mon ennemi est mon ami. » Leur rhétorique « altermondialiste » a été lancée depuis 2005 afin de rallier tactiquement les opposants baasistes (ancien parti de Saddam Hussein) à l’occupation américaine en Irak. Dans plusieurs discours diffusés entre mars 2005 et mars 2007, Oussama courtisait ses anciens ennemis nationalistes arabes et de gauche. Le 14 mars 2008, il rendait hommage au célèbre intellectuel américain Noam Chomsky, militant d’extrême gauche trotskiste et anti-israélien. Il accusait déjà les pays capitalistes occidentaux d’être responsables du réchauffement de la planète et les Etats-Unis d’être coupables de « la mort et l’exode de millions d’êtres humains en raison du réchauffement en Afrique ». Objectif : prendre la tête d’une nouvelle Jacquerie mondiale contre l’Occident et l’Amérique.

Dans ce discours de mars 2008, qui marqua le plus important virage rhétorique d’al-Qaida, Ben Laden dénonçait, tel l’hôpital se moquant de la charité, « l’esclavage des moines, des rois et du féodalisme, le Moyen Age », invitant les Occidentaux à se « libérer du mensonge, des fers et de la pression du système capitaliste, qui transforme le monde en un fief pour les grandes entreprises, sous l’étiquette de la globalisation afin de protéger la démocratie »… Des appels révolutionnaires entendus par nombre d’extrémistes d’extrême gauche, d’extrême droite et anti-américains subjugués par ce discours anti-système total qui fait d’Oussama le nouveau « Che Guevara de l’islamisme ». Mais sur le marché de la haine anti-occidentale, Oussama le sunnite est concurrencé par Ahmadinejad le chiite, le président iranien décidé lui aussi à « réduire l’arrogance » américaine et à « rayer Israël de la carte »…


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès