Ho-là, j’ai eu une réponse hypercritique... C’est toujours chiant de devoir répondre point par point à un argumentaire, surtout lorsqu’il est aussi étique.
Je vais sélectionner...
«
» A mes yeux, la raison principale qui empêche
l’espéranto de devenir langue internationale est... qu’il n’est
pas fait pour cela. "
Vous allez voir, je vais bien rire
" Cette langue a été créée dans le but de favoriser
la paix et la concorde entre les peuples. "
Ouais, c’est pas vraiment ça, cette langue sert à communiquer
rien d’autre à l’origine, ensuite on y greffe ce que l’on veut
« Il avait donc un contenu idéologique. »
La communication, quel contenu idéologique, l’anglais fait
pareil. Vous êtes un génie
" La décénnie ayant suivi la mort de Staline a, je
pense, largement montré à travers moult exemples qu’on
institutionalise pas par principe, encore moins par idéologie, mais
par intérêt et utilité "
Houa vous vous en sortez bien. JBR le dit aussi. Vous n’êtes
ni le premier ni le dernier à le dire. Même moi j’ai cette idée.
Or il se trouve que JE trouve une utilité à l’esperanto
" Donc l’espéranto, langue qui se veut
généreuse avant tout, n’a aucune utilité, donc aucune raison
d’être adoptée, à moins d’un système totalitaire. "
J’aime bien votre aucune utilité, vous me faites pitier«
Hop-là, ça fait un gros pavé auquel répondre, ça !
La lingvo internacia, dite espéranto, est-elle oui ou non l’œuvre d’un certain Zamenhof ?
Réponse : oui.
Quel était le but affiché de cette langue ?
Réponse : assurer la concorde entre les peuples.
Cet objectif affiché et revendiqué a-t-il participé à l’essor de cette langue dans certains milieux, notamment intellectuels ?
Réponse : oui.
Pouvez-vous donc après cela prétendre que l’espéranto n’est pas en soi destiné à réaliser l’objectif pour lequel il est conçu ? Le nom de »langue internationale« initialement adopté ne doit pas vous tromper : à la fin du XIXème siècle, le terme »international« n’a pas le même sens qu’aujourd’hui. L’espéranto n’est nullement conçu comme langue véhiculaire, annexe, destinée spécifiquement aux relations diplomatiques et aux échanges entre contrées de langues différentes. Il est conçu comme un biais de RAPPROCHEMENT des peuples. RAPPROCHEMENT.
L’utilité que vous lui trouvez par ailleurs n’enlève rien au fait que l’espéranto n’avait pas pour but premier de répondre à un besoin. C’était, comme je le disais, une idée un peu folle et généreuse, mais qui ne répondait nullement à un besoin, puisque la diplomatie a sa langue (le français) depuis plus de deux siècles maintenant et que les échanges entre pays, dans le processus naturel qui se nomme mondialisation et qui existe depuis le XIIème siècle (à ne pas confondre avec le mondialisme), se font sans le moindre petit problème, par l’entremise parfois d’intermédiaires.
Il se trouve qu’en dehors du rêve, il y a la réalité. L’utilité de l’espéranto, réelle, est de permettre la communication entre individus... comme n’importe quelle autre langue. C’est bien, mais pour faire une langue internationale (au sens d’aujourd’hui), ça ne suffit pas. Que vous le pratiquiez, c’est bien, mais cela ne concerne que vous et vos interlocuteurs en cette langue. Cela n’est en aucun cas un argument pour son adoption. Je connais des gens qui arrivent parfaitement à communiquer entre eux en suédois, ce n’est pas pour cela que je vais me mettre, moi, à parler suédois. Encore moins ceux et celles qui ne connaissent personne parlant suédois.
En fait, vous confondez l’utilité et les possibilités. L’espéranto, comme toute langue (y compris les langues à la con que j’inventais avec mes cousins quand j’étais gosse), permet la communication entre ses locuteurs. c’est bien, mais ce n’est pas utile. Si l’espéranto s’était présenté d’emblée comme une langue véhiculaire pour supprimer les intermédiaires dans le cadre de relations entre entités politiques de langues différentes, il aurait répondu à un besoin. Un besoin peu nécessaire à l’époque de sa création, mais existant tout de même. un besoin plus existant aujourd’hui, du fait de l’existence de l’Union Européenne et autres structures sur le même modèle. Mais non ! L’espéranto, c’était la concorde, l’entente, la paix ! Une bonne intention ! Un vœu pieux !
Ce n’est pas parce que je crée une coopérative agricole au prétexte que »si tout le monde s’y met, on va pouvoir s’entendre« que tout le monde va s’y mettre. En revanche, si je crée une coopérative agricole au prétexte que »comme ça, on va pouvoir faire pression sur les centrales d’achat et développer les échanges locaux pour garantir les ressources de tous les exploitants agricoles des environs et l’approvisionnement en produits de bonne qualité et moins chers aux autres habitants", là, tout de suite, il y a plus de chance pour que ça marche.