C’est une
Caste discrète de 500 cumulards. Des élus de la Nation !
Depuis une trentaine d’années, ils échappent à tout contrôle et
font ce qu’ils veulent dans leurs fonctions. Ils ont pouvoir
monarchique, ce sont des nobles d’Etat. Il s’agit de plus de 80%
de nos parlementaires à diriger également un exécutif local alors
que le cumul est interdit dans les autres pays riches et
démocratiques. Ici, ils ont le pouvoir et l’argent. C’est une
autre exception française. Qui sont-ils ? Environ 288 députés
à l’Assemblée nationale, 128 sénateurs, 26 eurodéputés, 9
anciens Premiers ministres, 2 ex-Présidents de la République et
une vingtaine d’ex-ministres et autres personnalités. La
moitié des présidents de Conseils généraux et
régionaux. La plupart de ces cumulards empoche chaque plus
de 24 000 euros dont la moitié échappe à l’impôt sur le
revenu. A ces émoluments s’ajoutent les autres avantages :
voiture, logement, transports, téléphone… En tête du classement,
nos deux anciens présidents de la République : 31 000
euros pour Jacques Chirac et 30 000 pour VGE.
Sur plus de
400 pages, l’enquête de Stéfanovitch donne le vertige.
Si vous êtes maire d’une commune de plus de 3 500 habitants,
vous pouvez toucher le pactole. Il suffit d’apprendre. Le comble
c’est que les membres de la caste se considèrent au service des
électeurs. Ils jouent à l’assistante sociale avec l’argent des
contribuables. Et en réalité, ils ne sont même pas présents lors
des débats à l’Assemblée ou au Sénat. Le sénateur Daniel
Percheron par exemple, a pris la parole en public 5 fois seulement
depuis 2003. Les champions de l’absentéisme sont les députés
européens (14 apparatchiks et 12 cumulards). Ils peuvent empocher
jusqu’à 28 000 euros pas mois pour… 6 jours de travail
seulement.
Aujourd’hui,
81% des sénateurs et 85% des députés cumulent le mandat
parlementaire avec le mandat local. 416 parlementaires, 12
eurodéputés et 24 ministres et secrétaires d’Etat sur 38
exercent aussi un mandat exécutif local. A commencer par François
Fillon lui-même qui est président de la communauté des communes de
Sablé-sur-Sarthe. A chaque élection, ces professionnels de la
politique mettent tout en œuvre pour conserver leurs mandats et en
gagner d’autres. Qui plus est, ces cumulards sont issus (à plus de
50%) de la fonction publique. L’auteur détaille les raisons de ces
dérives. Bien entendu, il s’agit d’abord de l’appât du gain
et du pouvoir. Mais plus importante est l’évolution des
institutions dela République. Avec la décentralisation au
début des années 1980, le pouvoir local pris de plus en plus
d’importance. Le pactole s’est mis à grossir avec le temps.
Maintenant, il s’agit de presque 2 millions de fonctionnaires
locaux à gérer et de plus de 212 Mds d’euros par an. Ca donne
envie ! Le nombre des communes est aussi un facteur qui incite à
chercher un poste local : les 25 pays de l’Union européenne
comptaient en 2004, 75 000 communes dont 36 682 en France,
soit 47,5% du total pour 16% de la population.
Une autre
raison de cette attirance est la communauté de communes.