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Commentaire de Laurent

sur Marchandisation de l'amour


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Laurent (---.---.127.66) 7 décembre 2006 18:04

Je crois que ce qui est dit de cette marchandisation est le reflet de notre culture. Tout le monde doit trouver sa place : l’on parle d’exclusion, de machisme, de féminisme, de SDF, de pauvreté, ... comme si le simple fait de n’appartenir à aucune catégorie précise était synomyme d’angoisse. Nous voyons, dans le flux de l’information, et particulièrement dans le style journalistique, ce qui est à l’oeuvre. Que l’on s’étonne de se sentir « out » ou « has been » si l’on ne correspond pas à ces chères petites cases ! On parlera alors de « mixité », de « transculturalité », pour essayer d’englober une nouvelle fois des phénomènes qui sont des phénomènes sociaux, c’est-à-dire qui ne doivent s’appréhender que dans leur globalité, leurs caractéristiques générales, et certainement pas s’associer aux caractéristiques individuelles.

Comme noté, il est de l’amour, je dirais plus volontiers du sexe, comme du travail. Ce qui est en jeu est la représentation sociale. Le flux de l’information est un flux désindividualisé dans lequel chacun devra se positionner, pour y retrouver place. Il faut opposer à l’unicité de ces principes non pas la multiplication des formes d’expression mais la nécessité d’une indépendance, d’une véritable autonomie vis-à-vis de ces catégories. La vie sexuelle de chacun ne regarde personne. Qu’internet soit un moyen de chercher compagne ou assouvissement n’est pas en soi un problème. Ce qui est problématique, c’est la stigmatisation. Comme tout reflet, l’image n’est pas qu’une image, elle dit, affirme et définie ce que nous sommes et les catégories produites sont une rationnalisation de notre façon de voir et de représenter.

Il est tout à fait honteux et révoltant qu’une culture que l’on voudrait si brillante fonctionne encore sur les réflexes ancestraux de couleur de peaux, d’aspect physique ou de position sociale. Les relations entre hommes et femmes n’y échappent pas et chacun usera des catégories générales du flux de l’information pour trouver son « bonheur ». Quelle puissance nous trouvons ici ! Qui sont, au fait, ces grands architectes de la production de l’information et de sa collecte ? Que l’on nous rabache la fatalité et le caractère incontournable du modèle économique libérale est une chose, qu’il s’immisce dans les fondements de nos représentations, et celles de nos dirigeants et de nos « leaders d’opinions » (quel est le terme français ?), en est une autre. Devons-nous, comme il l’a été très justement dit, obtenir par conformité, et en plus, les moyens d’être aimé ?

Un dirigeant d’entreprise qui craint d’employer une personne de peau noire est un idiot. Un homme ou une femme qui décide de chercher, souvent sans trop y croire, une relation amoureuse ou une simple rencontre d’un soir n’a rien à voir avec la marchandisation évoquée. Il est question au fond de responsabilité : si l’argent n’est que de l’argent, si l’économie nous dit sans cesse qu’elle n’est pas là pour faire du social, que ce rôle est dévolue à un état qu’elle entend constamment fragiliser, il faut comprendre que c’est la culture qu’elle hâpe de cette façon et que la culture est loin d’être l’histoire des lettres et des beaux-arts.


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