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Commentaire de PETITGIRARD

sur Un rapport sans concession sur l'immatériel


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PETITGIRARD (---.---.154.218) 7 décembre 2006 19:02

Chers amis,

Ce qui est exaspérant c’est de voir la plus haute autorité économique de notre pays se tromper à ce point dans les chiffres.

1ère erreur : Annoncer 24,3% de frais de gestion Sacem, c’est prendre les 754,4 millions collectés pour la Sacem et considérer les 177 millions de frais de gestion. Sauf que ces 177 millions comprennent 28 millions qui ne sont dus qu’aux collectes que la Sacem fait pour le compte de la SPRE et de la SDRM et qui lui sont remboursés.

Les charges d’exploitation sont donc de 149 millions (177-28) sur 754 millions soit 19,61% et si Thierry Breton persiste à considérer 177 millions, alors dans ce cas il faut rajouter dans les recettes les sommes que la Sacem perçoit pour la SPRE et la SDRM et calculer sur un total de 956 millions soit 18,5%.

On ne peut pas prendre l’ensemble des frais liés à la perception de sommes pour la Sacem, la SPRE et la SDRM d’un côté et ne considérer de l’autre que les seules recettes Sacem, chacun comprendra qu’en faisant cela, on augmente artificiellement le taux de frais de gestion.

2ème erreur : On compare les frais de gestion Sacem avec ceux des autres sociétés dans le monde sans rappeler que toutes ces sociétés déduisent des frais de gestion les produits financiers générés par les sommes en attente de répartition. Toutes les sociétés considèrent que le coût net de la gestion représente la part moyenne prélevée sur chaque euro perçu en vu de couvrir le fonctionnement de la société. Les produits financiers représentant 4,64% (Comptes Sacem 2005), le coût réel de la gestion pour les sociétaires est de 14,97%. (à noter qu’il était de de 16,15% en 2000 et qu’il baisse chaque année).

C’est ce chiffre qu’il faut comparer avec les autres sociétés :

ASCAP USA 14,00% BMI USA 14,38% GEMA Allemagne 14,12% JASRAC Japon 12,90% PRS Royaume-Uni 15,00% SABAM Belgique 19,00% SACEM France 14,97% SGAE Espagne 18,10% SIAE Italie 14,90% STIM Suède 19,40% SUISA Suisse 20,00%

Voilà ce qu’il reste d’affirmations prétendant que la Sacem coûte deux fois plus cher que les autres ! Et quand en plus on parle de manque de transparence, ces chiffres figurent page 17 du rapport annuel téléchargeable sur le portail Sacem Pouvez comprendre que les membres du CA Sacem soient fous furieux de pareilles erreurs véhiculées par un ministre aussi important ?

3ème erreur : Ces comparaisons ne sont rien si l’on ne prend pas en compte la qualité de la perception : Les USA abandonnent des secteurs entiers où ils ne perçoivent pas (ils ont été condamnés pour cela par l’OMC), résultat ils perçoivent 4 fois moins par habitant, la Sacem est largement en tête car elle tient à faire respecter le droit d’auteur (et donc l’égalité devant le droit) partout.

Evidemment que mieux percevoir coûte plus cher, mais les auteurs y sont très largement gagnants, il vaut mieux avoir 85% de 200 plutôt que 88% de 100 !!!

4ème erreur : Ces comparaisons ne sont rien si l’on ne prend pas en compte la qualité de la répartition : Là où tant de sociétés abusent des sondages (surtout lorsqu’elles sont dominées par les Majors) la Sacem répartit à près de 83% au programme identifié, ce qui est le seul moyen de protéger les petits auteurs qui seraient laminés sans cela. Ceci représente un coût supplémentaire mais nous sommes déterminés à garder cette faculté qui est le seul espoir de répartition des petits répertoires.

5ème erreur : Des sociétés comme les anglo-saxonnes ont près de 30% de leurs recettes qui viennent de l’étranger. La répartition est déjà prête, elles n’ont aucun frais à engager pour cela. Dans un même temps, la Sacem n’a que 10% de droits en provenance de l’étranger et donc l’obligation d’une analyse de répartition sur 90% de son répertoire, c’est plus cher.

6ème erreur : Ne pas tenir compte des services offerts. L’avance technologique de la Sacem qui permet un nombre croissant d’opérations en ligne pour ses sociétaires (consultation des feuillets, du répertoire, liste des irrépartissables) et très bientôt le dépôt des œuvres en ligne correspond à des investissements informatiques très lourds, mais constitue un atout exceptionnel.

Bref, chers amis, tout ceci fait quand même beaucoup d’erreurs pour une conférence de presse et un rapport bâclé.

Voir Alain Lévy (EMI) et Pascal Nègre (Universal) se poser en défenseurs des auteurs alors qu’ils se battent chaque jour pour réduire les montants des droits à acquitter aux sociétés d’auteurs c’est assez stupéfiant.

Voir une commission de 26 membres ne pas comporter un auteur, ni un compositeur ou un éditeur est sidérant.

Constater que cette commission n’a pas daigné recevoir un auteur, ni un compositeur, pas plus un éditeur est affligeant.

Que diriez-vous demain d’une commission chargée de faire un dossier sur l’avortement qui ne comporterait aucune femme, mais 4 évêques et le conseiller conjugal de Georges Bush et qui remettrait ses conclusions sans jamais avoir rencontrer les responsables du Planning Familial ?

Alors oui, je suis plus qu’en colère, je me sens insulté lorsque l’on sous-entend que ce sont 100 millions d’euros dont les auteurs sont privés en se servant de chiffres faux, voir absurdes et en comparant des résultats de sociétés sur des critères différents.

Tout ceci prouve qu’il ne suffit pas de réunir des gens intelligents pour faire une bonne commission, encore faut-il qu’ils soient dans leur domaine de compétence et qu’ils reçoivent les différentes composantes des filières qu’ils examinent.

J’attends mieux des responsables de notre pays, quel que soit leur bord politique.

Laurent Petitgirard Compositeur, Chef d’orchestre Membre du Conseil d’Administration de la Sacem


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