Il se peut que l’actuel maire de Roubaix éprouve des hostilités particulières (politiques, éventuellement) à l’égard de tel ou tel gérant de Quick local.
On voit mal comment il pourrait parler de discrimination alors que chacun peut manger halal sans en devenir musulman (!) ni même sentir qu’il mange halal. Et que chacun est admis à manger dans ce Quick.
Le problème sanitaire serait sans doute plus dans le fast-food que dans le halal, casher ou chrétien.
On dira aussi qu’une entreprise privée peut tranquillement choisir ses créneaux de consommateurs et que nul donc ne doit y trouver à redire.
Les affaires, c’est les affaires, surtout dans un monde néolibéral, non ?
On dira aussi qu’il y a déjà du Casher, du bio, du végétarien, du chinois, etc. et que le halal n’est donc qu’une normale offre de plus dans les diversifications culinaires possibles.
Certes, on pourrait arguer que l’abattage halal ou casher (pratique remontant à la nuit des temps immémoriaux médiévaux voire antiques) est moins cool (pour rester gentil) pour les animaux abattus que l’abattage moderne occidental ne le permet maintenant.
Mais bon, le gavage d’oies et canards pour leur flinguer le foie et nous en régaler n’est pas toujours zen non plus, etc.
Mais, peut-être aussi que si cette actualité (au-delà de Roubaix et/ou des quartiers d’éventuelles rivalités UMP/PS ou casher/Halal) émeut, agace, scandalise, donne à réfléchir ou à médire, c’est parce que des gens auront eu le sentiment qu’une fois de plus un pas de plus était franchi dans une certaine conquista musulmane de l’espace public laïque (au sens de ni ecclésiastique ni religieux, cf. définition du Littré).
Bien sûr chacun peut aller manger halal, au sein d’une joyeuse communauté musulmane (s’identifiant comme telle en tant qu’adepte d’une nourriture conforme à des préceptes religieux particuliers), mais chacun pourra aussi se dire : dommage que pour partager ce restaurant avec « ces gens-là » (chacun sait comment vite se péjorative cette expression), il faille entrer dans leurs superstitions, croyances, pratiques.
Et que pour être avec eux, il faille consentir à se plier à leurs croyances et pratiques.
On dira que halal ou non, cela ne se sent pas, certes, mais cela « signifie » quelque chose et n’est donc plus une situation « insignifiante ».
Cette conformisation religieuse d’un espace public standard (celui de la restauration rapide) au profit d’une religion n’est assurément pas ce qui va dans le sens d’une convivialité laïque (au sens d’indifférente au religieux).
Et quelque part cela participe donc d’une régression culturelle / civilisationnelle qui nous ramène vers du religieux et/ou du communautaire sinon (bientôt) du sectaire au lieu de contribuer à élargir les perspectives rationalistes et universellement humanistes entrouvertes avec la modernité (depuis la Renaissance, et surtout les Lumières et autres Aufkärungen, etc.).
Et quiconque me dirait que la mise en conformité d’un espace public
avec des préceptes religieux particuliers est un acte insignifiant
serait peut-être bien en train de me mentir au visage.