Merci du lien que vous mettez sur le texte / site d’Onfray.
Mais on voudrait être sûr que l’athéisme d’Onfray ne soit pas mis, par vous & d’autres, au service de la seule critique de l’Islam. L’athéisme d’Onfray, comme tout athéisme digne de ce nom, propose une critique philosophique de toute crédulité irrationnelle, de toute idéologie théologique construite sur des arrière-mondes métaphysiques.
Je ne veux pas tomber dans le piège des islamistes qui nous ont vendu le terme d’islamophobie en espérant faire assimiler tout anti-islamisme à du racisme, mais comment qualifieriez-vous une démarche qui, en guise de critique de l’idéologie religieuse, ne critiquerait qu’une religion particulière, l’islam, surtout que l’islam est presque essentiellement construit sur les deux monothéismes qui lui préexistaient, le judaïsme et le christianisme (lui-même construit sur le monothéisme juif) ?
Beaucoup de sujets abordés ou plutôt de griefs jetés tous azimuts dans ce réquisitoire. C’est moins l’exposé d’une argumentation qu’un tir en rafale. Je comprends que l’extrême centrisme républicain (je plaisante à peine -sic) d’Onfray puisse de plus en plus agacer aux extrêmes (tant de gauche que de droite).
Bon, si vous aviez compris que le social-populisme à la sauce rouge du FdG pouvait être proche du national-populisme à la sauce brune du FN, et que l’extrême gauche antisioniste pouvait se retrouver fion et quenelle avec des groupies islamistes antisémites, vous êtes peut-être engagé sur votre chemin de Damas. Alors bonne route !
Il se peut que l’actuel maire de Roubaix éprouve des hostilités particulières (politiques, éventuellement) à l’égard de tel ou tel gérant de Quick local.
On voit mal comment il pourrait parler de discrimination alors que chacun peut manger halal sans en devenir musulman (!) ni même sentir qu’il mange halal. Et que chacun est admis à manger dans ce Quick.
Le problème sanitaire serait sans doute plus dans le fast-food que dans le halal, casher ou chrétien.
On dira aussi qu’une entreprise privée peut tranquillement choisir ses créneaux de consommateurs et que nul donc ne doit y trouver à redire. Les affaires, c’est les affaires, surtout dans un monde néolibéral, non ?
On dira aussi qu’il y a déjà du Casher, du bio, du végétarien, du chinois, etc. et que le halal n’est donc qu’une normale offre de plus dans les diversifications culinaires possibles.
Certes, on pourrait arguer que l’abattage halal ou casher (pratique remontant à la nuit des temps immémoriaux médiévaux voire antiques) est moins cool (pour rester gentil) pour les animaux abattus que l’abattage moderne occidental ne le permet maintenant. Mais bon, le gavage d’oies et canards pour leur flinguer le foie et nous en régaler n’est pas toujours zen non plus, etc.
Mais, peut-être aussi que si cette actualité (au-delà de Roubaix et/ou des quartiers d’éventuelles rivalités UMP/PS ou casher/Halal) émeut, agace, scandalise, donne à réfléchir ou à médire, c’est parce que des gens auront eu le sentiment qu’une fois de plus un pas de plus était franchi dans une certaine conquista musulmane de l’espace public laïque (au sens de ni ecclésiastique ni religieux, cf. définition du Littré).
Bien sûr chacun peut aller manger halal, au sein d’une joyeuse communauté musulmane (s’identifiant comme telle en tant qu’adepte d’une nourriture conforme à des préceptes religieux particuliers), mais chacun pourra aussi se dire : dommage que pour partager ce restaurant avec « ces gens-là » (chacun sait comment vite se péjorative cette expression), il faille entrer dans leurs superstitions, croyances, pratiques. Et que pour être avec eux, il faille consentir à se plier à leurs croyances et pratiques. On dira que halal ou non, cela ne se sent pas, certes, mais cela « signifie » quelque chose et n’est donc plus une situation « insignifiante ».
Cette conformisation religieuse d’un espace public standard (celui de la restauration rapide) au profit d’une religion n’est assurément pas ce qui va dans le sens d’une convivialité laïque (au sens d’indifférente au religieux).
Et quelque part cela participe donc d’une régression culturelle / civilisationnelle qui nous ramène vers du religieux et/ou du communautaire sinon (bientôt) du sectaire au lieu de contribuer à élargir les perspectives rationalistes et universellement humanistes entrouvertes avec la modernité (depuis la Renaissance, et surtout les Lumières et autres Aufkärungen, etc.).
Et quiconque me dirait que la mise en conformité d’un espace public avec des préceptes religieux particuliers est un acte insignifiant serait peut-être bien en train de me mentir au visage.