Bonjour Candide2,
La présentation de votre raisonnement fait plaisir. Votre cheminement est clair. Toutefois quand on en arrive aux courbes, il y a un manque de lisibilité évident.
Votre thèse serait que les individus sont subordonnés par définition à une entité dénommée « société », laquelle possède sa propre vie et ses propres lois de développement. Passer un certain stade de complexification des relations entre individus, la société aurait alors sa propre vie autonome qui ferait des individus, la composant, de simples agents condamnés à subir ou à agir selon ses lois sans aucune possibilité de modification par le jeu des règles communes. Bref nous vivons dans un « organisme » qui nous consommes à travers nos capacités individuelles à lui fournir du travail « intelligent ». Les ressources seraient donc distribuées par cet organisme à ses agents les plus productifs afin de servir sa croissance indéfinie. Ceux qui ont les capacités attendues. Les autres seraient voués à ne rien recevoir puisque incapables de produire quoi que ce soit d’utile dans cet organisme. Ce qui les condamne à disparaître. Le chômage dans cette perspective traduirait cette réalité comme les lois de la physique expriment des propriétés de la nature.
Etant donné que d’après votre modèle, il n’est pas possible de former-éduquer une majeure partie de la population aux tâches de plus en plus complexes, que préconisez-vous ?
Personnellement, je n’adhère pas à ce genre de modèle. D’expérience, je sais que la plupart des gens sont capables d’accomplir des travaux complexes. Le seul problème qui est central, c’est la volonté de ne pas partager le pouvoir décisionnel donc les connaissances au-delà d’un certain point. Pourvoir, c’est savoir. Le savoir, c’est le pouvoir. On ne donne en terme d’information que le strict nécessaire. Nos difficultés sont plus de l’ordre de l’individualisme exacerbés que d’un fonctionnement organique de la société. Ensuite, ce genre de modèle a fait la joie des régimes totalitaires.
Le véritable problème selon moi, c’est que plus les automates vont se répandre, plus ils seront évolués, plus nous n’aurons plus besoin de travailler. Tout cela pose le problème du droit de propriété, de sa rémunération, du lien social qui est fondé encore aujourd’hui sur le travail (et donc l’emploi). Vous restez dans une perspective utilitariste et individualiste. La société tenant lieu de justification. Je pense que votre raisonnement est lié à votre formation donc rien de bien méchant.
Toutefois, ce qui n’était pas parfaitement prévisible et que Marx a vu : c’est le résultat de l’automation des tâches dans la production des richesses. Les humains seront de moins en moins nécessaires au bon fonctionnement des chaines de valeurs. de plus en plus de fonctions peuvent être automatisées. Personne ne souhaite s’attaquer au problème. Il faudrait remettre l’ordre social d’appropriation des richesses en cause.