Bonsoir,
Mon voisin est agriculteur, il trait quarante montbéliardes.
De temps à autre un camion vient déverser devant l’étable douze tonnes de pommes de terre qu’il paye à un prix dérisoire (des « retraits ? ») ces patates semblent de qualité normale.
On répand des pesticides et on occupe des terres, de la M.O., du fioul, du matériel agricole, le tout subventionné, pour produire du lait (subventionné).
Grâce aux patates les vaches produisent un peu plus de lait. Mais, plus les quarante montbéliardes produisent de lait, plus on prélève d’impôts sur la collectivité (pour payer les subventions). En même temps, les coûts de production s’élèvent avec le coût général de la vie (organisé par le système économique) et avec les besoins mécaniques et autres, comme la construction d’une immense étable et une maison d’habitation (les générations ne cohabitent plus) pour mon voisin. Les exploitations doivent aussi grandir pour produire plus. Le désert d’habitants s’installe (un exploitant en 2010 contre 9 en 1960). Les gens qui ne vivent plus ici sont maintenant chômeurs ou futurs chômeurs en ville.
Ces pommes de terre payée à un prix qui ne couvre peut-être même pas le coût du transport semblent prouver que nous vivons toujours dans l’abondance, et « qu’on n’a pas besoins de cultiver son jardin (la terre est basse) parce que y en a chez leclerc ».
En réalité c’est un désastre en raison du coût social. Nous creusons à toute allure une immense trou, un abîme, et nous tournoyons volontairement dedans (mais sans nous en rendre compte), le fond descendant toujours plus bas,
jusqu’où ?