Ruée vers les ordures
C’est toute la contradiction de notre société de consommation.
En effet, une personne meurt de faim dans le monde toutes les 5 secondes. lien
Derrière ce chiffre effarant, il y a une évidence, pendant que d’un côté on s’empiffre, et on gaspille, de l’autre on se serre la ceinture.
Un américain avale en moyenne 3600 calories par jour. C’est 67% de plus que ce que consomme en moyenne un Africain.
Les besoins humains sont de 2400 calories par jour, et la production agricole mondiale permet aujourd’hui d’offrir 2700 calories par jour. lien
Ce n’est donc qu’un problème de déséquilibre.
Bien sûr des programmes sont mis en place et de l’argent est récolté.
En 2003 le « PAM » (programme alimentaire mondial) avait besoin encore de 600 millions de dollars sur les 3,7 milliards récoltés.
Et puis chacun sait qu’il vaut mieux donner au pays pauvres des outils que des « sacs de riz ».
Le proverbe est connu : « apprends à pécher à celui qui a faim, plutôt que de lui donner des poissons ».
Mais la faim frappe aussi en France.
2 millions de français ont recours à l’aide alimentaire. lien
La crise y est sûrement pour beaucoup.
Alors on s’organise.
Et les français fouillent les poubelles.
Il faut savoir qu’1/4 de la nourriture produite est jetée sans avoir été consommée.
Une étude réalisée en Grande Bretagne prouve que le gaspillage a lieu tout au long de la chaine de production. lien
30 à 40 % des récoltes sont laissées sur place, parce qu’elles ne rentrent pas dans les normes imposées par la grande distribution.
Dans les fast-food , un tiers de l’alimentation est gaspillé. témoignages
Aux Etats-Unis, restaurants et fast-food jettent 27 millions de tonnes d’aliments par an. lien
Dans les supermarchés, un demi-milliard de tonnes de nourritures par an est jeté.
Mais le gaspillage le plus important est généré par le consommateur, lequel gaspille encore plus que les grandes surfaces, et les transformateurs réunis.
Un londonien jette en moyenne 140 kg par an d’aliments non déballés. lien
Et il est probable qu’une enquête faite en France donnerait au moins les mêmes résultats.
Les grandes surfaces remplissent régulièrement leurs poubelles des invendus. Certains les donnent à des associations, mais d’autres les passent au broyeur.
D’autres, pour empêcher la récupération, les arrosent généreusement de détergents ou de bleu de méthylène. lien
Ce geste est-il légal ? En tout cas il est dangereux.
Pour Jérome Bedier, président de la FECD (fédération des entreprises du commerce et de la distribution), ce risque n’existe pas : « les denrées sorties du circuit n’entraînent pas la responsabilité du magasin ».
Mais alors, pourquoi les rendre volontairement inconsommables ?
D’autant que la mention de produit périmé est parfois discutable. lien
De nombreux produits gagnent en qualité avec le temps qui passe, comme par exemple certains fromages comme le Salers, le vin, et même le Jambon, comme le Bellota (jambon espagnol sauvage) séché au minimum 3 ans avant d’être proposé à la vente.
Et puis s’il est évident que les pâtes, le riz, la semoule, perdent leur valeur au fur et à mesure des mois, sont-ils dangereux pour autant ?
Jeter des produits périmés est aussi un gaspillage énergétique, car ces produits mis en fermentation produisent du méthane, lequel pourrait être demain une solution écologique pour remplacer le carburant de nos voitures. lien
Une enquête belge prouve que 4 belges sur 5 n’hésitent pas à consommer des produits périmés. lien
Il doit en être de même en France.
Alain Raoul directeur de la fondation de l’armée du salut évoque ces nouveaux pauvres, retraités, rmistes, étudiants fauchés qui se précipitent, à la fermeture des grandes surfaces, pour fouiller les poubelles.
Il reste des solutions. lien
Et puis, il y a des magasins qui ont lancé le concept « vente de produits périmés, ou presque ». lien
On appelle çà pudiquement « du déstockage alimentaire ».
Ils sont nombreux surtout en région parisienne, et les bonnes adresses se passent sous le manteau. lien
NOZ est aujourd’hui le leader de cette nouvelle chaine, avec 160 magasins, et il en ouvre deux nouveaux par mois.
Il y a aussi la chaine Bravo, qui comptait 12 magasins en 2004 et qui veut en ouvrir dix nouveaux en 2010.
On peut citer aussi « la ferme du spahi », ou O Merchato, Hyperprimeur…
Le principe est simple : ils récupèrent à prix cassé des produits que ne peuvent plus écouler les professionnels de l’agroalimentaire et de la grande distribution.
Certains n’hésitent pas à franchir la ligne jaune, en vendant des produits qui ont dépassé la date de consommation, à grand coup parfois de ré-étiquetage sauvage.
On le voit, la France de Sarkozy prend d’étranges couleurs pas très appétissantes.
Car comme disait un vieil ami africain : « dors affamé, mais ne dors pas avec la honte ».
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