Article intéressant par l’analyse, originale, qu’il offre. En effet on parle aujourd’hui du chômage comme d’un phénomène simple, mesurable alors qu’il est, probablement, le bruit, l’inorganisation, que produit l’auto-organisation. D’où son caractère mathématique, du moins formalisable.
J’aimerais cependant ajouter quelques remarques. La position que vous adoptez se rapproche des structuralistes, c’est-à-dire d’un courant de pensée qui envisage l’individu et la société dans des circuits et des co-dépendances quasi-déterministes. Doit quoi parlez-vous quand vous parlez de complexité ? Je rappelerais que celle-ci est aujourd’hui utilisée pour parler de phénomènes à la fois complémentaires, concurrents et antagonistes, c’est-à-dire ne pouvant se borner à un seul angle et échelle d’observation. Priver le chômage de sa dimension économique et politique est, à mon sens, une erreur. C’est justement la complexité sociale, l’ensemble des différentes contraintes et possibilités, qui créent l’organisé et l’inorganisé d’un système. Il faut également envisager le chômage à l’aide de la démographie.
J’ai un bac+5, je suis au chômage et je ne trouve pas de travail. Les machines ne répondent pas à ma demande. S’adapter, comme vous le dites, à la complexité des choses ? Il faut, je crois, resituer le travail dans son contexte. Si l’on demande dans la majorité des cas à un employé de s’adapter au rôle de l’employé, si l’on qualifie les activités et les organisations d’une façon curieusement floue à grand renfort du lexique anglo-saxon, il faut se souvenir que cette demande est celle d’entrer dans des schémas extrêmement conventionnels, pour ne pas dire simplistes, voire destructeurs. Il sera toujours, malheureusement, aisé pour ceux qui percoivent un salaire de parler de l’extrême minorité qui entend « profiter » d’un RMI (quelqu’un peut-il m’expliquer comment et par quoi l’on vit avec 400 euros par mois ?). J’aimerais pour ma part avoir le chiffre clair des flux financiers entre l’état, dont le budget provient de l’impôt, et les structures économiques : n’y a t-il pas aussi dans votre région des activités économiques soutenues et financées par l’état et ceci pour le bien d’intérêts qui vous sont très lointains ?
Pour échapper à la vision structuraliste, voire déterministe, et redonner place à l’individu, je pense qu’il faut reposer, comme vous le dites, les bases sociales de la conception du travail. Aujourd’hui et en France, dans cette société si complexe, les moyens de la formation continue sont une blague de funeste goût. L’on considère également qu’un individu ne doit avoir qu’un seul métier et que le reste de ses affinités doit entrer dans le cadre du loisir. Aujourd’hui, et comme le dit la publicité, un CDI, c’est le rêve. Alors que l’économie nous parle de flexibilité, nous ne voyons finalement que l’extrême réduction des activités.
Complexité disiez-vous ?