je t’ai fait remarquer que les questions que tu te posais n’avaient aucun sens en dehors du cadre étroit de tes dogmes cléricaux
Sauf que pour affirmer cela tu pars du présupposé que « mes dogmes cléricaux », selon ta formule, sont arrivés avant que l’homme commence à se poser les questions que j’ai évoquées. Or cela est absurde : comment est-il possible qu’une espèce intelligente puisse voir le jour sans s’interroger sur l’inconnu et sur le sens de son existence ? Il semble donc raisonnable de penser que les croyances sont apparues pour combler le vide laissé par ces questions, et non l’inverse. Les questions aporétiques concernant le pourquoi de l’existence, la mort, et l’unité de l’univers sont donc inhérentes à l’humanité et non pas spécifiques à des dogmes.
Tu donnes tes réponses : il n’y a pas de « pourquoi ». Moi j’ai envie de te demander : pourquoi ?
- sur tes « cas » absurdes, tes affirmations visiblement mensongères
(suffit de relire !) ne remplace pas un raisonnement ! Comme d’habitude
...
Sauf que ce n’était pas un raisonnement, c’était une classification schématique des différentes attitudes face à une inconnue, qui servait à clarifier mon discours.
sur la crédulité, je persiste et signe : c’est bien plus facile de
croire que d’apprendre pour savoir, et c’est pourquoi tes sottes
prétentions relèvent du nombrilisme et non du raisonnement.
A quoi ça sert de vouloir tout savoir ? Qu’est-ce que ça change dans ta vie de connaître la dualité onde-corpuscule ? Ces savoirs ont une utilité pratiques : ils nous permettent de mieux connaître la nature afin d’utiliser les propriétés qu’on découvre pour faire évoluer notre technologie. Mais fondamentalement, en tant qu’être humain sensible, qu’est-ce que ça change ? Ne faire confiance qu’à la raison, c’est vouloir vivre dans un monde entièrement contrôlé : toute incompréhension fait peur et doit disparaître. Ce qui dépasse l’homme et sa raison doit être nié. L’incontrôlable, l’indéterminé, et l’imprévisible doit être anéanti. C’est ainsi que fonctionne la religion qui advient quand les autres religions ont disparu, la religion de l’Homme-Dieu. L’homme oublie toute humilité et imagine qu’avec sa pauvre petite raison, bien limitée d’ailleurs, il arrivera à comprendre l’intégralité de l’univers. Or toutes les religions préviennent la déconvenue qui suit cet orgueil démesuré. C’est à mon avis l’une des utilités des religions : nous rappeler que l’homme a une place dans l’univers, et que ce n’est pas celle de Dieu. Je sais que tu vas hurler à l’obscurantisme, mais ce n’est pas de cela dont il s’agit.
Logiquement, tes cas 1) et 2) sont strictement équivalents, que tu l’admette ou non.
Non, puisque si l’on pose une question à 1) il répondra « je sais... », alors que 2) répondra « je crois... ». 2) a conscience de son incomplétude et laisse une place au doute, pas 1). La différence est énorme.
tu écris des oxymores aussi absurdes que « On peut très bien être rationaliste en général et quand même croyant, même si cela te dépasse »,
Ce n’est pas un oxymore, et il y a trop d’exemples qui prouvent ma déclaration pour affirmer qu’elle est absurde : William Phillips, mais aussi Pascal dont on a parlé, Newton, Socrate...des personnes dont les aptitudes à raisonner sont hors de doute avaient par ailleurs une mystique propre, des croyances. D’après ces exemples j’ai donc prouvé la proposition « on peut très bien être rationaliste en général et quand même croyant ».
tu démontre deux choses : la première est que tu es incapable de raisonner puisque tu confond encore crédulité et raison
Justement je les différencie, relis-moi.
croire aux foutaises cléricales empêche de savoir parce que celà donne aux crédules une satisfaction immédiate et sans effort
C’est faux, ça ne se passe pas comme ça dans la réalité. Croire, et mener une spiritualité en général, demande au contraire énormément d’efforts, et c’est une quête permanente qui laisse toujours insatisfait. Y a qu’à lire les mystiques, rencontrer des gens, regarder la réalité.
je réagis comme Einstein, et je te dit : "dis-moi d’abord ce que tu
appelle « dieu(x) », et je te dirais ensuite si je peux y croire«
Je souscrit également à cette phrase d’Einstein, mais je doute qu’il ait mis un »s« entre parenthèse et omis la majuscule. Je te répète que selon la définition française (et ce n’est pas moi qui le dit, c’est le dico) un dieu sans majuscule désigne un être surnaturel tandis que Dieu avec majuscule désigne une entité plus globale qui n’est pas un dieu en plus balaise. C’est une notion différente qui est exprimée. Peut être vas-tu dire que cette entité n’a pas d’existence réelle, c’est ton droit, chacun ses croyances, mais il n’empêche que le concept existe puisqu’il a été formulé. En revanche cette notion est tellement vague et peut désigner tellement de choses que chacun a une idée différente de ce concept. D’ailleurs les textes sacrés et les traités de théologie restent toujours dans ce vague qui fait qu’on peut avoir un nombre infini d’approches de la notion de divinité. C’est pourquoi je suis entièrement d’accord avec cette citation d’Einstein, et que je ne répond jamais à la question »crois-tu en Dieu ?".
Qu’est-ce qui t’empêche de faire un instant comme si tu pouvais
raisonner logiquement, y compris sur tes « dieu(x) » ? Qu’a tu à perdre à penser enfin,
si ce n’est ton péché d’orgueil ?
Rien ne m’en empêche, et je ne m’en prive pas. Mais j’ai l’humilité de reconnaître que mon intellect humain ne suffit pas à appréhender la globalité de ce qui existe. La raison dissèque, sépare, met dans des cases, établit des liens de causalité, ce qui est fort pratique, mais qui ne nous permet pas de prendre conscience de quoi que ce soit dans son ensemble. En ce qui concerne les choses humaines, comme la foi ou comme l’amour, on peut comprendre séparément les mécanismes mentaux qui interviennent, les comprendre, les analyser, mais ça ne nous rend pas conscients de ce que sont ces choses : il faut les expérimenter soi-même. De même il existe des constructions théologiques qui nous permettent de comprendre les propriétés des Dieux de certaines religions, mais on ne peut pas dire qu’on les connaît si l’on n’a pas expérimenté d’utiliser sa sensibilité et son intuition. Il y a d’autres domaines où l’on utilise sa sensibilité et son intuition, comme les arts, et pourtant personne ne vient décréter qu’ils sont irrationnels et donc à éviter. Pourquoi donc attaquer les religions qui recommandent de développer cette sensibilité et cette intuition ? Parce que tu t’imagines que les religions recommandent de ne pas raisonner, alors que ce qu’elles disent est plutôt du genre « vous pouvez utiliser votre raison, mais ce n’est pas grâce à elle que vous pourrrez vous rapprocher de Dieu » [mode ethno-centriste off]« vous pouvez vous servir de la raison mais ce n’est pas grâce à elle que vous atteindrez le nirvana »[mode ethno-centriste on]. C’est une subtilité de taille dont tu ne mesures pas l’ampleur.