De la même façon,
c’est pour cela que j’ai volontairement fait l’impasse sur la distinction entre
groupes satem/centum : cette
distinction se fondant uniquement sur l’évolution divergente des trois consonnes dorsales vélaires et non sur
l’évolution des voyelles.
Arriver à ce point précis : nous observons
la persistence d’un système
voyellaire fondé sur l’alternance/opposition
voir symétrie
entre voyelles longues et courtes,
mais aussi sur l’appartenance des groupes baltes, slaves, indo-iraniens au
groupe satem.
Ces
particularités et similarités nous invitent donc à considérer à nouveau le
foyer originel PIE et les divers axes de migration des proto-groupes PIE : je vous renvoie donc à mes divers
commentaires sur ce sujet : notamment ceux évoquant les cultures d’Europe Orientale, de l’espace ponto-caucasien
et ponto-caspien (préférant ici me limiter à une perspective purement
linguistique, afin de limiter la taille de ce commentaire).
Le but étant, en
associant données archéologiques, culturelles et linguistiques de montrer à
nouveau que le foyer PIE est
probablement bien situé dans la steppe eurasienne dans un espace compris entre domaine ponto-caucasien et domaine caspien.
D’un : les
groupes balto-slaves et indo-iraniens
étant satem, cette mutation étant
sans doute de type aréal : cela
implique que à un moment (x) les proto-groupes dont ils sont issus
vivaient dans une relative proximité : ici nous devons abandonner le modèle
linguistique en arbre et lui préférer celui en vagues ou cercles :
où une mutation dans un groupe X donné
est transmise aux groupes Y,Z,etc… situés à proximité ou ayant connus une
longue période de contacts maintenus :
à voir comme une
onde se diffusant progressivement, ou comme l’interpénétration de cercles
ethnolinguistiques et diffusion d’une particularité sans que cela ne soit
d’ordre génétique (génétique ici renvoyant au modèle en arbre et donc à
ascendance/filiation).
En revenant aux
divers données archéologiques&historiques déjà exposées : le schéma
suivant apparaît : la distinction satem/centum
implique une proximité entre proto-groupes
satem d’un côté et proto-groupes
centum de l’autre, dans le cas qui nous concerne la proximité entre proto-balto-slaves et proto-balto-iraniens ; les langues tokkhariennes étant apparentés au groupe
centum, nous pouvons considérer une localisation
probable de la mutation dans l’espace caspien : suivant la répartition
géographique des groupes balto-slaves
à l’Ouest et des groupes indo-iranien au Sud(-Est) on a bien mouvement depuis
un foyer commun situé dans l’espace ponto-caspien,
puis mouvement migratoire Est-Ouest
pour les proto-balto-slaves via
l’espace pontique, et un mouvement Sud(-Est)
pour les proto-indo-iraniens selon
soit un axe transcaucasien soit via le domaine
caspien (est mer Caspienne).
Pour revenir à
l’aspect linguistique : le proto-balto-slave,
partageant à la fois un fond commun avec le proto-indo-iranien
et contenant des éléments permettant de considérer un contact prolongé avec le proto-germanique (jusqu’à supposer,
pour certains inguistes, l’existence d’un rameau germano-balto-slave) on peut estimer que le proto-balto-slave formait un continuum
linguistique sur un espace approximativement délimité à l’Ouest par la Vistule, au Nord par le domaine balte, au Sud par le domaine thraco-pontique (Dniestr) et à l’Est
par le Dniepr et donc marquant ainsi
non seulement l’isoglosse entre langues satem et centum mais assurant aussi
le lien entre espace indo-iranien et
espace européen oriental et médian(proto-groupes germano-celtiques et italiques).
Je vous renvoie
ici aux cultures déjà évoquées dans mes divers commentaires, et notamment les
cultures de Trzciniec, lusatienne, Sdredny Stog, Yamna, cultures du Don et Dniepr, culture
de la céramique cordée, etc…qui par leur apparition et leur diffusion
renforcent ce schéma des points de vue archéologique, culturel et
anthropologique renforçant ainsi les liens entre chronologie des mouvements
migratoires, émergence de cultures et divergences linguistiques durant une
période allant approximativement du 5ème millénaire au Ier millénaire av JC
(et bien plus tard si l’on s’intéresse particulièrement au monde slave) : période qui correspond
aussi aux évolutions et divergences notables dans les groupes linguistiques que
nous avons évoqué ici.