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Commentaire de maxime vivas

sur L'histoire des Cinq de Miami


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maxime vivas maxime vivas 8 mars 2010 08:27

Le Blocus, dit José Lopez Martinez, n’existe pas.

Démonstration détaillée du contraire :

Les USA consacrent des moyens humains, financiers, diplomatiques énormes pour « empêcher [Cuba] de communiquer avec l’extérieur et de se ravitailler » (c’est la définition du blocus).

C’est à perfectionner le blocus qu’ils travaillent. Et c’est, de l’aveu même de toutes les Administrations états-uniennes qui se sont succédé depuis 40 ans, une arme faite pour appauvrir et affamer la population et l’inciter à se révolter.

Au sein du Département du Trésor US, un bureau (OFAC - Office of Foreign Assets Control - Bureau de Contrôles des Biens Etrangers) enquête sur toutes les transactions commerciales et financières suspectes.

 

En 2004, 4 de ses 120 employés étaient affectés à la traque des finances d’Oussama Ben Laden et de Saddam Hussein, tandis que 25 étaient affectés à l’application du blocus contre Cuba.

Entre 1990 à 2003, l’OFAC a mené 93 enquêtes sur le terrorisme et a infligé des amendes pour un total de 9.000 dollars. Pendant la même période, il a instruit 11.000 enquêtes sur le blocus contre Cuba et a distribué 8.000.0000 dollars d’amendes aux contrevenants.

 

On lit parfois, exprimé en millions de dollars, pour impressionner, le montant de ventes de céréales des USA à Cuba. Autant dire que le commerce serait libre parce que vous avez vendu un grain de blé tout en interdisant la livraison de produits anesthésiants sans lesquels les malades seront opérés à vif.

 

Les mesures US ne sont pas efficaces à 100%, des échanges existent entre Cuba et des pays du monde (y compris avec des agriculteurs US). Cela prouve deux choses :

 

1 – Le pouvoir des USA a des limites. Ils ne sont pas « les maîtres du monde » et l’appât du gain les plonge dans des contradictions.

2- Le blocus, s’il est plus qu’un simple embargo, est moins qu’une « mise en quarantaine », c’est-à-dire un isolement total (rien ne rentre, rien ne sort) par lequel on attendait jadis l’éradication des épidémies redoutées. Cernée par la mer, comme les galions maudits, Cuba a des côtes trop étendues pour une telle mesure. De plus, elle compte des amis innombrables qui jurent que la peste n’est pas à bord. Et qui y montent.

 

Dans de multiples domaines (notamment les technologies de pointe, les produits manufacturés complexes) et dans des secteurs vitaux (notamment médicaux, pharmaceutiques) son commerce avec son partenaire naturel (et le plus proche), les USA, est BLOQUE autant qu’il peut l’être. D’où le mot le plus approprié : BLOCUS.

 

Même si le robinet de mon évier laisse couler quelques gouttes quand il n’est pas ouvert, je maintiens qu’il est fermé. Et il l’est !

 

Si un rai de lumière passe sous mes volets fermés d’autorité par un voisin irascible, ils ne sont pas entrouverts pour autant. Il veut me confiner dans le noir.

 Dirions-vous d’un voyou qui nous porte des coups de couteau depuis 1960 sans nous tueur net que c’est un « blesseur » ?

 Dirions-vous d’un viol (sans grossesse consécutive) que c’est un flirt un peu brutal ?

Chaque année, depuis 17 ans, au mois de novembre, un vote intervient à l’ONU sur la question du blocus. La communauté internationale le condamné chaque année. En 2009, 187 pays sur les 192 que compte l’ONU ont voté contre le blocus et 3 pour (USA, Israël et les îles Palau, micro-Etat de quelques centaines de milliers d’habitants, semi colonie US).

 

La version anglaise relative au vote sur le site de l’ONU utilise le mot « embargo » dans son intitulé, tandis que le texte des délibérations mêle les deux (embargo, blockade), pris comme synonymes (GA/10877 General Assembly, for Eighteenth Consecutive Year, Overwhelmingly Calls for End to United States Economic, Trade Embargo against Cuba). 

 Dans la version française du site de l’ONU nous lisons au contraire que le vote porte sur la NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE. (Source : ONU, Assemblée générale AG/10877 Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York Soixante-quatrième session 27e et 28e séances plénières).

 

Le blocus contre Cuba perdure, bien que 79% des Etats-uniens le jugent inefficace et que 55% d’entre eux demandent qu’il soit levé. Un autre sondage réalisé par une organisation états-unienne montre que 70 % sont favorables à la levée des interdictions pour les ressortissants états-uniens de voyager dans l’île.

 Il n’existe dans l’histoire aucun autre exemple de sanctions unilatérales similaires maintenues depuis si longtemps contre un autre pays.

 En général, les détracteurs de Cuba prétendent que le « blocus n’explique pas tout ». Après quoi, ils sont incapables d’expliquer ce qu’il explique, car ils ne savent rien du blocus, voire ils en nient l’existence, comme le fait José Lopez Martinez. D’autres prétendent même que le blocus est une aubaine pour les autorités cubaines car il sert de prétexte au « désastre économique ». Ce à quoi les Cubains répondent pas un défi lancé aux USA : « Faites-nous le tort de lever ce blocus, ne serait-ce qu’une année, pour voir ».

 Sur quoi porte le blocus, quels secteurs sont touchés ? Tous les secteurs de la vie économique, financière, culturelle. Le blocus affecte les transports, les importations et exportations, le sport, l’éducation, la construction, les moyens de communication, la culture, la recherche, etc. Il n’est pas un domaine qui lui échappe.

 Les autorités cubaines publient régulièrement un bilan sur le sujet. Je l’ai lu. Je ne peux vous imposer l’interminable énumération des méfaits du blocus dans mille domaines. Je veux simplement proposer un résumé de sa férocité dans le domaine de la santé publique :

 

Interdiction est faite aux entreprises US ayant l’exclusivité de leur fabrication de vendre à Cuba des matériels et équipements médicaux. Interdiction est faite à d’autres pays de les vendre à Cuba s’ils sont sous brevet US. Interdiction également d’échanges scientifiques, interdiction de participation à des congrès médicaux.

 Exemples (partiels, car il faudrait des pages) de matériel que Cuba ne peut se procurer :

Génétique médicale : appareils d’analyse pour étudier l’origine de cancers du sein, du colon, de la prostate, pour traiter l’hypertension, l’asthme, le diabète (fabriqués aux USA).

 Chirurgie cardiovasculaire : équipement d’ablation d’électrode permanente sans lequel la solution est l’opération à thorax ouvert. Brevet US. Prothèses vasculaires, pinces pour biopsie (Société US).

 

Equipements pour hôpitaux pédiatriques : Sondes digestives et trachéales, aiguilles de Huber pour trachéotomie et ponction lombaires (fabrication états-unienne pour la plupart).

Médicament contre la leucémie (fabrication US).

 Equipements contre les cardiopathies permettant d’éviter les opérations à cœur ouvert (fabrication US).

Microscope électronique fabriqué par Hitachi, au Japon (refus de vente pour cause d’extraterritorialité des lois sur le blocus).

 Pièces de rechange pour des équipements fournis. Refus de livrer par Philips Médical.

 Equipements de pointe, comme une chambre gamma utilisée pour des études d’isotopes radioactifs en médecine nucléaire, des appareils de résonance magnétique et des équipements d’échographie de haute précision. Refus par Toshiba.

 Une association de pasteurs US veut offrir à Cuba trois ambulances Ford d’occasion. On le leur interdit.

 Voila pour ce qui concerne la santé des hommes, des femmes, des enfants cubains.

Sachez que ces pratiques sont généralisées et touchent les moindres détails dans tous les domaines. On m’a cité l’exemple d’une ambassade cubaine en Europe qui a même eu du mal à se procurer du toner pour photocopieuse, la succursale du fabricant états-unien refusant la vente en application des lois extraterritoriales sur le blocus.

Le blocus est génocidaire.

 La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1948, souscrite par le gouvernement des États-Unis et par Cuba, entrée en vigueur en 1951, souscrite et ratifiée par 124 États, stipule textuellement en son article II :

 

« Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes énumérés ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux... ».

 Actes concernés : la « Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ».

 Huit mois à peine après l’adoption de cette Convention sur le génocide (1948), les Nations Unies à Genève adoptaient, dans une conférence internationale convoquée par le gouvernement suisse, une nouvelle Convention relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, souscrite et ratifiée par les gouvernements des États-Unis et de Cuba, entrée en vigueur le 21 octobre 1950 et ratifiée à ce jour par 188 États.

 Ladite Convention stipule à son article 23 :

 « Chaque partie contractante accordera le libre passage de tout envoi de médicaments et de matériel sanitaire, ainsi que des objets nécessaires au culte, destinés uniquement à la population civile d’une autre Partie contractante, même ennemie. Elle autorisera également le libre passage de tout envoi de vivres indispensables, de vêtements et de fortifiants réservés aux enfants de moins de quinze ans, aux femmes enceintes ou en couches. » 

 

Le Protocole additionnel I à ladite Convention stipule dans son article 54 qui traite de « la protection de biens indispensables à la survie de la population civile » qu’il est interdit d’utiliser contre les civils la famine comme méthode de guerre ».

 C’est pourtant ce à quoi s’emploie un blocus dont Lopez Martinez nie l’existence en se prétendant informé.

 Dès lors, pourquoi serait-il crédible sur le reste de ses écrits ; qu’il défend par des tombereaux d’injures déversés sur ses détracteurs ?

Dès lors, loin d’être indifférents à la mort d’un homme à Cuba, ses détracteurs sont fondés à lui demander pourquoi il pleure si chaudement un mort en niant un blocus destiné à en fabriquer des milliers. Et je ne dis rien des fosses communes colombiennes.

 Et je ne dis rien non plus, ni de bien ni de mal (je le précise car je sais que c’est sur ça qu’on va me répondre) sur le système politique économique et social en place à Cuba, afin que puisse être débattu sans digression un point précis abordé par Lopez Martinez : l’inexistence d’un blocus contre lequel l’ONU, distraite, vote chaque année depuis 17 ans, entraînant 187 pays (qui n’ont pas lu Lopez Martinez) à voter contre une chimère.

 Un dernier mot : le prisonnier cubain Orlando Zapata Tamayo avait un petit peu fracassé le crâne d’un fâcheux d’un coup de machette. Il est inadmissible que ce geste hautement politique soit sanctionné par un gouvernement qui démontre ainsi son refus d’un dialogue en vigueur dans toutes les grandes démocraties (où la presse nous rend compte sans parti pris de ce qui se passe à Cuba).


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