L’histoire des Cinq de Miami
L’histoire des Cinq fera l’objet d’une conférence de Maurice Lemoine dans le cadre du festival CulturAmerica à Pau le 24 mars à 20H30 à l’université.
Gerardo Hernandez, Antonio Guerrero, Ramon Labañino, Fernando Gonzalez et René Gonzalez, « les Cinq » comme on les appelle, sont des Cubains, emprisonnés depuis 11 ans et demi aux Etats-Unis.
Les Cinq étaient des agents cubains faisant partie du réseau « Avispa ». Ils avaient été envoyés dans les années quatre-vingt-dix à Miami par leur gouvernement pour infiltrer les groupes terroristes de Floride et prévenir les attentats contre leur pays.
Il faut savoir que les Etats-Unis, depuis plus de cinquante ans, soutiennent, voire organisent, le terrorisme à l’encontre de Cuba. Ils n’ont jamais admis que Cuba soit un pays souverain, libre de son choix de société. En 1960, le sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires interaméricaines : Lester D. Mallory, préconisait dans un mémorandum : « La majorité des Cubains soutient Castro, il n’y a pas d’opposition politique efficace(…)Tous les moyens doivent être entrepris rapidement pour affaiblir la vie économique de Cuba(…)Une mesure qui pourrait avoir un très fort impact serait de refuser tout financement et livraison à Cuba, ce qui réduirait les revenus monétaires et les salaires réels et provoquerait la famine, le désespoir et le renversement du gouvernement ».
Depuis telle est la ligne de conduite des U.S.A. envers Cuba, non seulement il y a le blocus, mais les actes terroristes se sont multipliés du fait des organisations financées et souvent mises en place par les gouvernements des Etats-Unis.
Les victimes de ces attentats sont très nombreuses. Il est impossible de les citer tous, mais signalons tout de même celui contre le vol 455 de la Cubana le 6 octobre 1976.
Cet attentat a causé la mort des 73 passagers et membres de l’équipage. Ses concepteurs Orlando Bosch et Luis Posada Carriles vivent aujourd’hui bien protégés sous le soleil de Miami.
Dans un interview au New York Times paru les 12 et 13 juillet 1998, Posada Carriles a déclaré : « La CIA nous a enseigné bien des choses, les explosifs et leur usage, les meurtres, les bombes, les sabotages. Quand les cubains travaillaient pour la CIA, on les appelait les patriotes. »
Après l’écroulement de l’Union Soviétique, les Etats-Unis ont multiplié les attentats contre les infrastructures touristiques de La Havane pour ruiner le tourisme de l’île, source de devises. C’est ainsi que le jeune italien Fabio di Celmo a trouvé la mort en 1997.
En 1998, les membres du réseau Avispa ont appris que de nouveaux attentats étaient programmés contre des avions de lignes desservant Cuba. Ils en ont informé leur gouvernement. L’écrivain Garcia Marquez, servant d’intermédiaire entre les gouvernements de Cuba et des USA, une délégation du FBI s’est rendue à La Havane en juin 1998. Trois mois plus tard, le 12 septembre 1998, étaient arrêtés ceux-là même qui avaient constitué le volumineux dossier remis à La Havane, par les autorités Cubaines, aux agents du FBI. Entre temps, le sinistre Hector Pesquerra avait été nommé chef du FBI de Sud Floride. Après leur arrestation, Les Cinq ont été enfermés pendant 18 mois dans des cellules d’isolement de la prison de Miami dans des conditions extrêmes.
En décembre 2001, le tribunal de Miami à l’issue d’une parodie de procès, a condamné les Cinq à de très lourdes peines. En tout, 4 perpétuités plus 75 ans. Mais, comme l’a déclaré, le 14 oct.2009 dans le New York Times, le docteur Pastor, ancien conseiller de la sécurité nationale du président Jimmy Carter pour l’Amérique latine : " Un jugement contre cinq agents de l’intelligence cubaine se déroulant à Miami est aussi juste qu’un jugement contre un agent de l’intelligence israélienne qui aurait lieu en Iran ».
Depuis ce jugement, les appels se sont succédé, les uns annulant les autres. Le dernier en date, celui du 4 juin 2008 a ratifié les verdicts de culpabilité des Cinq. Il a confirmé les sentences de Gerardo et de René, et demandé de revoir à la baisse celles des trois autres Cubains. A la suite de cette décision, les avocats des Cinq ont demandé l’arbitrage de la Cour Suprême de Justice. Contre toute attente, et malgré les 12 demandes des nombreux « amis de la Cour », celle-ci a refusé le 6 mars 2009 d’étudier le dossier des Cinq.
Devant le tribunal de Miami :
- Le 13 octobre 2009 : Antonio a eu sa condamnation à perpétuité plus 10 ans ramenée à 22 ans,
- Le 8 décembre 2009, Ramón a eu sa condamnation à perpétuité ramenée à 30 ans tandis que la peine de Fernando a été ramenée de 19 à 17 ans et 9 mois.
C’est mieux, mais cela reste une terrible injustice quand on est innocent !
La juge Joan Lenard, a justifié les 17 ans et 9 mois infligés à Fernando par le fait que cette condamnation devait « servir d’exemple à ceux qui auraient l’intention de venir aux USA pour espionner des citoyens des Etats-Unis et empêcher que ceux-ci exercent leurs droits constitutionnels ». Elle confirmait ainsi que pour le gouvernement des Etats Unis, il est légitime et conforme à la constitution des U.S.A d’organiser des attentats terroristes contre un pays souverain.
Pour Gerardo et René, les recours par la voie de la Justice sont pratiquement épuisés, ou restent très complexes. Le Président Obama se doit d’accorder sa « clémence exécutive » pour libérer les Cinq. Il en a le pouvoir.
Il faut aussi savoir que les épouses de René et Gerardo ont les visas systématiquement refusés par les autorités US, elles ne peuvent donc pas rendre visite à leurs maris, ce qui aggrave les peines, et est absolument inhumain.
Rappelons, pour terminer, que le 27 mai 2005, le Groupe de Travail de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU sur les Détentions Arbitraires a déclaré « arbitraire et illégale « la détention des Cinq, car le procès n’a pas eu lieu dans le climat d’objectivité et d’impartialité requis par l’article 14 de la convention internationale des droits civiques et politiques.
Jacqueline Roussie
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