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Commentaire de euromarseille

sur Le coût caché de l'élargissement de l'Union européenne


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euromarseille (---.---.72.107) 11 décembre 2006 00:14

Certes, « L’Europe n’est toujours pas une terre de paix et de prospérité »... mais la construction européenne contribue à éloigner le spectre de la guerre, n’est-ce pas ? Les traités de Paris (1950), de Rome (1957)... et les autres, semblent y contribuer. Le traité de Rome est le seul traité de paix conclu entre des belligérants européens de la Seconde Guerre mondiale. Sans la volonté de construire « l’Europe » (un terme qui définit mal le projet de Jean Monnet), nous serions probablement dans la même situation matérielle et morale qui prévaut dans des territoires de l’ex-Yougoslavie (où tout est loin d’être réglé : l’incendie peut repartir). On peut faire la fine bouche quand on ne connaît ni rationnement, ni famine, ni horreurs de la guerre. Quand sa dignité est protégée par des lois sanctifiées par des institutions européennes crédibles.

Il est aussi de bon ton aujourd’hui de dénigrer le traité de Rome. On le juge trop « libéral » (à cause de ses 4 libertés de circulation ?) N’en déplaise aux esprits chagrins, dans l’Union européenne on n’a pas besoin de demander une autorisation au poste de police pour déménager. Pas besoin d’un passeport intérieur pour se déplacer entre Marseille et Aix, entre Paris et le Kremlin-Bicêtre... Libre circulation des personnes donc, des marchandises, des services... et des capitaux. Cette dernière liberté sent toujours le souffre. Pourtant, la libre circulation des capitaux profite à tous. Fini le racket des États au passage de leurs frontière ! Un Français peut retirer de l’argent dans un distributeur automatique de billets en Italie, en Espagne et ailleurs. C’est aussi ça l’Euroland ! Pour les riches, ça ne change pas grand chose, c’est vrai. Leurs capitaux n’ont pas attendu le traité de Rome pour circuler et, quelquefois, filer vers la Suisse.

Au début des années 80, j’ai eu l’occasion d’établir une comparaison entre le régime « libéral » de la « petite Europe » et celui « anti libéral », « socialiste », des pays « démocratiques » des pays du Pacte de Varsovie. Une étudiante polonaise (dont les parents faisaient partie de la Nomenlatura) disait au chômeur (sans indemnités ni RMI) que j’étais : « Chez nous, on fait des queues interminables pour entrer dans les magasins. Une fois à l’intérieur, on se rend compte que les prix sont très peu élevés... mais il n’y a rien à acheter ! » Sur quoi, je lui ai répondu : « Chez nous, c’est l’inverse : il y a toute sorte de choses à acheter mais on trouve toujours que c’est trop cher. On fait la queue pour sortir ! »

L’économie de marché, la libre circulation qui a multiplié les échanges... et même la PAC, ont quand même eu des effets positifs, pas vrai ? Bien sûr, il convient de tenir compte des nécessaires évolutions à entreprendre (comme une réforme profonde de la PAC) mais est-il vraiment utile de jeter le bébé avec l’eau de la baignoire ? Enfin, qui se souvient que le traité de Rome accorde un statut identique à l’homme et la femme, dans le monde du travail ? le Traité de Rome consacre le principe « à travail égal, salaire égal ». Il reste encore à faire entrer dans les faits ce principe qui est loin d’être appliqué en France ! Un pays qui a, au bas mot, deux dizaines d’années de retard à rattraper dans pas mal de domaines : la dignité, la parité, la justice sociale, l’aide au démarrage des entreprises, la formation professionnelle... sans parler de l’État corporatiste... des oligopôles...des statuts privilégiés... des « syndicats » pas représentatifs, des partis qui mènent des campagnes dignes du feuilleton « Le Prisonnier » et dont certains nous vantent les mérites d’une prétendue « alter mondialisation »... et l’économie du père Noël (pas du père fouettard ?) ... Une presse qui se comporte souvent comme la roue de secours du pouvoir. « C’est pourtant les citoyens de ce pays, (mes concitoyens !) qui veulent en remontrer aux autres Européens... » Je doute que la compatriote du plombier polonais se laisse séduire par cette arrogance.


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