On se marie tôt à vingt ans
Et l’on n’attend pas des années
Pour faire trois ou quatre enfants
Qui vous occupent vos journées
Entre les courses la vaisselle
Entre ménage et déjeuner
Le monde peut battre de l’aile
On n’a pas le temps d’y penser
[Refrain] :
Faut-il pleurer, faut-il en rire
Fait-elle envie ou bien pitié
Je n’ai pas le cœur à le dire
On ne voit pas le temps passer
Une odeur de café qui fume
Et voilà tout son univers
Les enfants jouent, le mari fume
Les jours s’écoulent à l’envers
A peine voit-on ses enfants naître
Qu’il faut déjà les embrasser
Et l’on n’étend plus aux fenêtres
Qu’une jeunesse à repasser
[Refrain]
Elle n’a vu dans les dimanches
Qu’un costume frais repassé
Quelques fleurs ou bien quelques branches
Décorant la salle à manger
Quand toute une vie se résume
En millions de pas dérisoires
Prise comme marteau et enclume
Entre une table et une armoire
Comment mieux exprimer , sans les juger, les vies condamnées à un quotidien sans espoir autre que les jours, les uns après les autres..
Et comment mieux dire autant le désespoir, que la compassion qu’elles inspirent , en formulant ;
Faut il pleurer faut il en rire
Fait elle envie ou bien pitié
Je n’ai pas le cœur à le dire
On ne voit pas le temps passer...
Où trouver plus d’humanité ?
Moi aussi, je suis de la génération ;Rock ; et même Jazz ; et j’ai autant aimé Coltrane, Django, Sanders, Mingus, Albert Ayler, que les Stones ; Ferré, Brassens, Brel, Ferrat, Marley, Dylan, Fela, autant que Mozart, Verdi, Chopin, Satie ; Lavilliers, Nougaro, Souchon et d’autres.
Les talents ne s’excluent pas les uns les autres, ils s’additionnent, pour ouvrir notre champ musical, poétique, littéraire, émotionnel.
Hommage soit rendu à eux tous, et, donc, à Ferrat, pour son humanisme, sa droiture, sa saine révolte, et quelques chansons qui restent gravées à jamais dans mon esprit, et dans mon coeur.
Un de ceux qui ont contribué à ma culture littéraire, musicale, humaniste, rebelle, nous quitte, et laisse un vide irremplaçable.
Je laisse les exégètes et les compartimenteurs à leurs ratiocinations classificatoires ; moi, toute création, tout talent, toute humanité m’est enrichissement.
Salut, Jean, et merci à toi.