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Commentaire de djanel du viking-chaise

sur Jean Ferrat, « comme une étoile au fond d'un trou » ?


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djanel Le viking- djanel du viking-chaise 16 mars 2010 01:59

Par Voris (xxx.xxx.xxx.33) 15 mars 22:22



Ferrat n’était pas un lettré, alors quelquefois ces tournures font sourire par leur naïveté, leur maladresse. Mais c’est à l’ensemble qu’il faut juger. Même s’il y a quelques mots un peu ridicules dans ses chansons (dans Potemkine, moi, c’est la reprise de couplet avec "la fuite monotone et sans hâte du temps" qui me fait sourire), donc même s’il y a ces imperfections naïves


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Salut a toi Oh grand Voris

comment vont tes varices.


Je te trouve un peu beaucoup trop sévère dans tes jugement envers Jean Ferrat. Tu oses dire qu’il n’était pas lettré et que ces tournures de phrase prêtent à sourire. Peut être mais il n’ a jamais eu la prétention de surpasser le grand Corneille. Pour comparer Ferrat à notre plus illustre poète, écoute donc cette interprétation du monologue de Don Diègue par Henri Salvador.
- Le Cid Rock.
Ce n’est pas chanté et pourtant Henri Salvador est à 2 doigts d’en sortir une mélodie. Pourquoi ? Parce que dans ce monologue tout concorde vers un but dramatique. Le contexte, don Diègue vient de recevoir un soufflet. C’est la colère qui s’exprime, elle est très bien rendue par Henri Salvador.

O rage O désespoir O vieillesse ennemie.

Tu vois Voris tu pourrais dire aussi que ce premier vers prête à sourire mais pourtant à bien y réfléchir, c’est la transition d’une colère provoquer par une agression subie que l’agresser retourne contre lui-même puisque le vers suivant il est dit

N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

En deux vers Corneille, vient de poser toute la dramatique d’un combat intérieur avec les rappels au souvenir d’une gloire passée. Ce qui met l’auditeur à comprendre l’impuissance dans laquelle se trouve don Diègue à ne pouvoir relever le défi, il pleure sur son impuissance . Comment s’en sortira-t’il ? Très bien, il confira le projet de se venger à Don Rodrigue son fils.

Il en va de même avec « la fuite monotone et sans hâte du temps" » qui t’as fait sourire comme si ce vers n’était que naïf. Mais non !!! Il faut le remettre dans son contexte qui est une évocation de ce qu’on put subir des hommes qui n’étaient plus maître de leur destin. Toute nos idées ne prennent leur signification que selon la représentation que nous en avons. Il ne peut pas en être autrement. Villach résume ça en un seul mot : l’intériconicité. Quel mot barbare pour ne rien dire. Toute nos représentations sont accompagnées d’une sensation sinon nous n’en aurions pas conscience. Nous ne le remarquons pas parce que nous subissons continuellement ces sensations qui ne sont que des changements continuels de notre état dans le temps. Dans la sensibilité tout se succède continuellement. Donc lorsqu’il parle de la fuite monotone et sans hâte du temps il veut nous signifier l’ennui que l’on éprouve quand lorsque que l’on ne peut plus rien faire d’autre qu’à attendre. Tu t’es jamais ennuyé La Taverne. Tu n’as jamais été angoissé de vivre au présent ce que tu avais déjà vécu la veille en pensant que demain sera pareil.

Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que des nombres

Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés

Dès que la main retombe il ne reste qu’une ombre

Ils ne devaient jamais plus revoir un été


La fuite monotone et sans hâte du temps

Survivre encore un jour, une heure, obstinément

Combien de tours de roues, d’arrêts et de départs

Qui n’en finissent pas de distiller l’espoir.

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Je trouve que ce vers que tu as trouvé ridicule aussi bien construit qu’un vers de Corneille. Hé oui !!


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