Ca bouge au « Jeu de la mort ». Cristophe Hondelatte, chargé du débat post-docu, aurait fait aurait joué au « candidat obéissant » à son niveau :
Le débat de la mort :
Lors de l’enregistrement de ce débat faisant suite à l’admirable documentaire de Christophe Nick, s’est produit un incident violent,démontrant combien il est difficile de critiquer la télé à la télé.Précisons qu’il aura fallu à la chaîne une rare audace pour programmer ce documentaire, qui fait honneur au service public. Animé par Christophe Hondelatte, le débat débute par l’interview d’un « candidat obéissant », étant allé jusqu’à 460 volts.
« Que pouvez-vous nous dire sur vous ? » lui demande Christophe
Hondelatte.
Et le candidat de répondre qu’il travaille dans le
social. Ouf, nous voilà soulagés : ce n’est donc pas un méchant dans la
vraie vie.
Hondelatte : « Il faut quand même dire une chose
importante, vous concernant.
- En fait, là, je ne préférerais pas en
parler. Il s’agit de ma vie privée.
- Mais si, allez : dites-le nous !
-
J’aimerais mieux pas.
- C’est important : vous êtes homosexuel ! »
Malaise.Quel est le but de la manœuvre ? Suggérer que l’homosexualité prédispose à électrocuter son prochain ? Atmosphère de chasse aux sorcières. Puis arrive mon tour.
« Cette soirée est précieuse, dis-je. Nous avons l’occasion de nous interroger sur le pouvoir de la télévision. Mais la façon dont la discussion s’est engagée me rend pessimiste. Les mécanismes de soumission et de domination que révèle le Jeu de la mort peuvent s’instaurer même dans un débat d’idées. Pas besoin de décharges électriques. Nous venons d’assister à un interrogatoire. On demande à un participant « obéissant »de nous prouver qu’il n’est pas un sale type - alors que 80% des gens ont fait comme lui. Et puis on étale sa vie privée. Cela démontre que le plateau de télévision est un dispositif coercitif où le présentateur a le pouvoir. »
A la fin de ma tirade, Christophe Hondelatte, contracté, tend le bras :
« Bon, ben c’est très simple. Tu vois la porte, là ? Tu dégages ! Pas
de ça dans mon émission.
- Quoi ? Je ne vous permets pas de me parler
sur ce ton.
-C’est moi qui commande ici. Je suis le capitaine.
Compris ? Alors, tu te lèves, là, et on va s’expliquer dehors. Juste toi
et moi, dans ma loge. Face à face ! »
Debout devant moi, il hurle et
gesticule. Je suis estomaqué.
Effet de miroir : après le Jeu de la mort, voilà le « débat de la mort ». Le présentateur me donne un ordre tyrannique et j’ai deux solutions.Obtempérer, mais ma présence sera sucrée au montage. Ou désobéir,résister.
« Ecoutez, lui dis-je, le but de cette émission est de montrer que le
présentateur a trop de pouvoir sur le plateau. Et vous croyez que je vais
vous obéir ?Vous rêvez ! »
- Même si le débat est annulé, je m’en
fous, reprend Hondelatte. Tu m’as traité de terroriste.
-Je n’ai
jamais employé ce mot. Je ne vous ai pas injurié, n’ai diffamé personne
et j’ai usé de ma liberté d’expression. En démocratie, vous ne pouvez
pas me virer pour délit d’opinion. »
Après20 minutes de ce bras de fer, quand il a été clair que je ne décanillerais pas, Hondelatte a fait signe de relancer le tournage. Les échanges ont été confus, chaotiques et le débat saboté.
Au-delà de Hondelatte, cet épisode confirme les thèses de Pierre Bourdieu dans Sur la télévision, pamphlet qui me paraissait jusqu’alors contestable.Primo, Bourdieu conseille de n’accepter que les débats en direct ou,sinon, d’exiger un regard sur le montage. Secundo, Bourdieu dénonce l’arbitrage biaisé du présentateur. Tertio, on croit assister à un vrai débat, tandis qu’en réalité « le dispositif (est) préalablement monté,par des conversations téléphoniques préparatoires avec les participants(...) il n’y a pas de place pour l’improvisation, pour la parole libre,débridée, trop risquée, voire dangereuse pour le présentateur. » Ainsi,le candidat obéissant avait été sondé et avait raconté avoir courageusement assumé son homosexualité, être donc capable de résistance. Une fois confronté au ton inquisitorial de Hondelatte, il a eu envie de se rétracter, de ne pas aborder le sujet. Trop tard.
http://www.mediapart.fr/club/blog/karim-sarroub
Sur ArretsurImages :
La version de Lacroix sur l’incident : "Animé par
Christophe Hondelatte, le débat débute par l’interview d’un candidat
obéissant”, étant allé jusqu’à 460 volts. “ Que pouvez-vous nous dire
sur vous ? » ” Et le candidat de répondre qu’il travaille dans le
social. Ouf, nous voilà soulagés : ce n’est donc pas un méchant dans la
vraie vie. Hondelatte : “Il faut quand même dire une chose
importante, vous concernant… – En fait, là, je préférerais ne pas en
parler. Il s’agit de ma vie privée. – Mais si, allez : dites-le nous !
– J’aimerais mieux pas. – C’est important : vous êtes homosexuel !”
Malaise.
Quel est le but de la manoeuvre ? Suggérer que
l’homosexualité prédispose à électrocuter son prochain ?"
Lacroix intervient alors : "Nous venons d’assister à un interrogatoire. On demande à un participant “obéissant” de nous prouver qu’il n’est pas un sale type, alors que 80 % des gens ont fait comme lui. Et puis on étale sa vie privée. Cela démontre que le plateau de télévision est un dispositif coercitif où le présentateur a le pouvoir.”
Toujours
selon Lacroix, "Christophe Hondelatte, contracté, tend le bras :
« Bon, ben c’est très simple. Tu vois la porte, là ? Tu dégages ! Pas
de ça dans mon émission. – Quoi ? Je ne vous permets pas de me parler
sur ce ton. – C’est moi qui commande ici » (...) Après vingt minutes de
ce bras de fer, quand il a été clair que je ne décanillerais pas,
Hondelatte a fait signe de relancer le tournage.
Aussitôt, Hondelatte réplique sur France Info, dans la revue de presse des journaux et du web.
Interrogé par Nicolas Poincaré et David Abiker, il s’explique, assumant
l’altercation : "Je n’avais pas envie que ce débat soit un débat
anti-télé pour dire les choses. Et je crois que France 2 ne le
souhaitait pas non plus, je suis garant de ça aussi. On a les mains
dans le cambouis, on fait des compromis tous les jours, mais je ne veux
pas qu’on dise à la télé que la télé c’est de la merde du sol au
plafond."
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Ca va jusqu’où, alors ? A mi-hauteur ? aux trois-quarts ?
Aveu éclatant.
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