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Commentaire de Voltaire

sur Corinne Lepage, rendez au Modem votre place, maintenant usurpée, au parlement européen !


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Voltaire Voltaire 18 mars 2010 15:29

Corinne Lepage a toujours soutenu l’idée d’un accord avec Europe Ecologie, et ce même avant les élections européennes.
Que l’on soutienne ou pas cette position, il y avait là une logique politique indéniable, avec néanmoins des conséquences discutables.
Voici ce que j’écrivais le 22 juin 2009, juste après les européennes (non publié finalement). Bien sûr, je n’avais pas anticipé l’effondrement du MoDem alors, et j’anticipais aussi de possibles divergences au sein d’EE. Néanmoins, le raisonnement n’en n’avait pas moins un sens, qui était aussi défendu par Mme Lepage. Bien sûr, l’opportunité d’un tel accord a disparu assez vite, dès la fin de l’été.


Une alliance MoDem-écologistes pour les élections régionales de 2010 ?
Une analyse stratégique
22 juin 2010

Le contexte politique actuel


L’alliance Europe-écologie a réussi un résultat exceptionnel lors des élections européennes (plus de 16% au niveau national, avec des pointes dans les zones les plus urbaines), au détriment du parti socialiste et du Mouvement démocrate, mais dans un contexte d’abstention très élevé et de fort soutien médiatique. Il faut aussi mentionner le score non négligeable des écologistes indépendants (plus de 3%) lors de ce scrutin.

Dans les perspectives des élections régionales, ce score a ouvert l’appétit des écologistes, alliés du PS au premier tour des dernières élections régionales, et qui se proposent de monter leurs propres listes cette fois, afin au moins d’obtenir un nombre supérieur de places éligibles et de têtes de listes.

Le parti socialiste en revanche se retrouve confronté à une défaite historique, à la nécessité de recaser ses personnalités non-élues, et à conserver ses positions exceptionnelles obtenues lors du scrutin de 2004. Traditionnellement, l’essentiel des sortants est voué à être reconduit, ce qui rend les discussions très difficiles. À cela s’ajoute le score du Front de gauche assez élevé, qui revendiquera naturellement des places en nombre important.

En parallèle avec ces problèmes internes à la gauche, l’UMP souhaite continuer à affaiblir ses deux concurrents les plus sérieux, PS et MoDem. Faire monter les écologistes, dont l’électorat ne mord pas significativement sur celui de la droite et dont aucun leader national n’est susceptible de mettre en question le succès d’une candidature de l’actuel président, permet de diviser les votes de ses opposants principaux et donc d’apparaître comme leader incontesté, même si le problème du manque de réserves de voix pour un second tour demeure.

Le MoDem enfin souffre d’un déficit temporaire de popularité, dû à l’intensité des attaques au sein des médias en fin de campagne, les attaques étant justement largement focalisées sur une rivalité avec les écologistes.


Le contexte politique des élections régionales


Les élections régionales devraient voir une participation de l’électorat un peu supérieure à celle des Européennes (situation théoriquement plus favorable au MoDem), mais sans doute faiblement supérieure à 50%.

La préoccupation environnementale devrait demeurer élevée lors de ces élections : le cadre de vie, les transports, l’aménagement du territoire sont des éléments importants de l’action régionale. Cette préoccupation devrait en outre être renforcée par la couverture médiatique du sommet de Copenhague à la fin de l’année 2009.
À cela s’ajouteront aussi des éléments plus nationaux, en raison de la crise économique qui devrait entraîner un pic de chômage en 2010, et de la plus grande proximité des élections présidentielles. Ces élections seront aussi sans doute analysées par les médias comme un test politique déterminant pour le PS ou le MoDem à deux ans des présidentielles. Elles seront donc sans doute plus politisées pour l’électorat.


Éléments en faveur d’un accord

1. Un renversement d’image médiatique. La proposition d’un accord MoDem-Ecologistes au premier tour permettrait au MoDem de renverser les critiques actuelles, en démontrant son ouverture et sa défense de l’intérêt général. Cela contredirait la stratégie de l’UMP et rendrait caduque toute critique possible de la part du leader des écologistes Daniel Cohn-Bendit, tout en démontrant la magnanimité du leader du MoDem. Enfin, cela permettrait au MoDem de revenir sur la scène médiatique de façon positive.

2. Une pierre dans le jardin écologique. Le succès des écologiques lors de l’élection européenne est largement dû à l’alliance délicate des différentes tendances de l’écologie politique formée par DCB. Rien pour le moment n’indique que cette alliance pourra se perpétuer pour les régionales, malgré les efforts en cours, tant les tendances sont variées. Une proposition d’alliance avec le MoDem diviserait les écologistes entre partisans d’un accord avec la gauche uniquement (tendance soutenue par la majorité du parti des Verts) et celle prête à un accord plus large. Accessoirement, la proposition d’un tel accord serait aussi une pierre dans le jardin du PS, même si elle peut aussi renforcer les capacités de pression et de négociations des Verts vis-à-vis de ce parti sans résultat pour le MoDem.

3. Une stratégie gagnant-gagnant. En cas de refus d’un tel accord (hypothèse la plus probable), le MoDem apparaîtrait comme victime du sectarisme des écologistes tout en ayant démontré ses préoccupations environnementales et son ouverture politique. En cas d’acceptation, le score de telles listes pourrait sans doute rivaliser avec celui du PS dans de nombreuses régions, plaçant ces listes en position de force pour négocier.

4. La proximité des électorats. Ces élections européennes ont démontré la grande proximité d’une partie importante de l’électorat écologiste et démocrate. Un accord de premier tour ne se traduirait donc sans doute pas par une déperdition importante de l’électorat combiné, pourvu qu’il s’agisse d’un accord avec une alliance écologiste et non avec les simples Verts.

5. Une compatibilité idéologique. Le MoDem a renforcé son corpus idéologique en faveur du développement durable et l’arrivée de personnalités reconnues. Surtout, un tel accord pourrait se faire facilement suivant le positionnement du MoDem en faveur de la primauté donnée à la qualité de vie, par contraste à la primauté donnée à l’enrichissement financier (« toujours mieux » au lieu de « toujours plus »).

6. Un gain politique en termes d’élus. Bien qu’un tel accord demeure très hypothétique, il pourrait se traduire, s’il était accepté, par un gain net d’élus régionaux et la possibilité de ravir quelques présidences de régions. Ceci crédibiliserait le MoDem comme mouvement politique et le renforcerait localement en prévision d’élections futures.

 

Éléments en défaveur d’un accord

1. Une stratégie d’alliance contradictoire. Un accord avec les écologistes ne peut s’envisager que si le MoDem souhaite s’engager de toute façon dans un accord de second tour avec la gauche, dans une stratégie d’opposition à la droite. Il est peu probable que les écologistes acceptent de faire gagner la droite en refusant une fusion avec les listes PS-PC au second tour.

2. La perception d’un basculement du MoDem. Une telle proposition d’accord, même avec une alliance écologiste plutôt qu’avec les Verts, sera interprétée par les médias comme un basculement du MoDem sur sa gauche, et exploité comme tel par l’UMP afin d’effrayer l’électorat modéré. Il y a donc un risque pour le MoDem et son leader de perdre son image de parti et leader en position médiane et équilibrée entre droite et gauche.

3. La « manœuvre ». Il est probable qu’une telle proposition soit partiellement perçue, et certainement relatée, comme une manœuvre politicienne de la part du MoDem. Afin de limiter cet inconvénient, une telle proposition d’accord devrait donc être soigneusement préparée dans ses termes, en insistant sur l’intérêt général et les convergences programmatiques indispensables.


Les conditions d’un accord

1. Une cohérence stratégique. Un tel accord ne peut se proposer que si le MoDem décide de s’allier au second tour avec la gauche aux régionales, de façon globale (pas d’accords à la carte région par région).

2. Un accord équilibré. Un tel accord ne peut être accepté et proposé que dans une situation d’égalité entre MoDem et écologistes (égalités en nombre de têtes de listes gagnables, en positions éligibles etc…). Ceci peut être difficile à être acceptée par des écologistes « gonflés » par leurs performances aux européennes, mais il peut être mis en balance la probabilité forte d’un rééquilibrage des scores des écologistes et du MoDem dans une campagne normale (le retour du terrain indique que beaucoup d’électeurs MoDem ont voté écologistes de façon exceptionnelle aux européennes, notamment en soutient à Eva Joly).

3. Un accord avec une alliance écologique. Un tel accord ne peut être proposé et accepté qu’avec une alliance écologiste qui dépasse les simples Verts, dont le poids électoral demeure faible et dont le positionnement très à gauche est incompatible avec celui du MoDem.


 


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