@l’auteur
Bien sûr que nous sommes pragmatiques ! Un responsable politique a un devoir de résultats. La défense d’une certaine vision de la société, proposée et défendue par son électorat, passe avant les bisbilles de personnes.
En l’occurence, je considère, et sans doute Sylvain aussi, que ce pays a besoin d’un parti politique qui défende une certaine vision de la société, telle que définie par le courant « centriste » ou « démocrate » ou « humaniste ». Cela n’exclue pas une certaine éthique, mais impose des obligations, de moyens et de résultats.
Au delà des egos et ambitions personnelles, communes à tous les politiques, il est normal qu’un responsable politique agisse pour défendre ses idées.
Prenons quelques exemples :
- Les élus du futur Nouveau Centre ont quitté F. Bayrou pour s’aligner sur N. Sarkozy en 2007 en indiquant que sauver un groupe parlementaire et des élus était le seul moyen de défendre leurs idées. Pragmatiquement, c’était exact. Sauf qu’ensuite, une fois élus, et présents dans le gouvernement, ils n’ont a aucun moment pesé sur les choix de ce gouvernement et défendu concrètement les idées de leur famille politique. Ils ont donc failli à leur obligation de résultat (ce qui explique leur insignifiance actuelle dans l’opinion). S’ils avaient effectivement influencé la politique du gouvernement sur les sujets sensibles (dette, justice, emploi...), leur « trahison » vis à vis de Bayrou aurait été politiquement acceptable, même si éthiquement délicate.
- François Bayrou et le MoDem ont décidé de créer une « troisième voie » indépendante en 2007, pour s’opposer à la dérive droitière de N. Sarkozy. Idéologiquement, c’était défendable. Mais conditionné à la capacité du MoDem d’incarner une alternative et de peser dans une nouvelle majorité. Faute de succès, il fallait se poser la question de l’efficacité, et donc d’alliances : avec la droite (et donc avec le Nouveau Centre et des gaullistes) ? avec les écologistes (thèse défendue par C. Lepage, que je décris dans mon analyse de juin 2009) ? avec la gauche (thèse proposée par M. de Sarnez) ? En restant finalement isolé, le MoDem a perdu à la fois sa capacité à incerner une alternative, et à peser. Là aussi, ses élus ont failli à leur électorat.
Bien entendu, ont peut aussi considérer qu’une bonne parti des élus de l’UMP ont failli à leur électorat etc... Il est alors légitime de penser quitter un parti qui ne défend plus ou n’est plus en capacité de défendre ses idées et celles de votre électorat, même si vous avez été élu sous l’étiquette de ce parti. Car un parti a aussi des devoirs vis à vis de ses élus : celle de leur permettre de peser et d’agir en fonction de leur idéal.
Mme Lepage considère que le MoDem, actuellement, et par son fonctionnement, ne lui permet plus de défendre ses idées. Dont acte : elle divorce, après avoir largement prévenu son parti des conséquences de ses dysfonctionnement. Vous avez raison de souligner que ceci doit être fait d’abord en interne, mais objectivement, les prises de position externes de Mme Lepage ont été graduelles depuis 2008. Même si je ne partage pas son avis, elle est dans une logique politique normale. Dans un premeir temps, elle souhaite continuer à travailler à la création d’un gand parti démocrate et écologiste, de centre-gauche. J’ai des doutes sur cet objectif, mais il est légitime. Il va donc s’associer sans fusioner avec EE, c’est une attitude logique, vis à vis de son électorat. Plus difficile sera la suite, si ses effeorts de recentrage echouent, et qu’elle doivent s’inscrire dans une alliance de gauche, mais elle a une bonne année devant elle pour tester.
Objectivement, son attitude n’est pas si différente de celle de l’UDF et de François Bayrou à partir de 2004-2006, qui ont été élu par l’électorat de la majorité (centre et droite) en 2002 et sont entrés, par conviction et pour défendre l’électorat centriste, en quasi-opposition vis à vis du gouvernement Villepin.
Encore une fois, vous oubliez l’enjeu : les poliiques ont une obligation de résultat vis à vis de leur électorat, et de la société.