Merci Bernard pour un article qui va droit au but. La fracture est avant tout immobilière, et les raisons sont multiples. Tout d’abord, la mauvaise foi qui consiste à reconnaître en l’immobilier une nécessité vitale, donc, bénéficiant d’un régime fiscal préférentiel, tout en récusant toute intervention de l’Etat pour en modérer les excès. Autrefois, même les gouvernements de droite ne rechignaient pas à bloquer les loyers. Et cette règlementation a eu pour effet de maintenir le couvercle sur les prix à l’achat. N’est-ce pas le gouvernement de Mitterrand qui a décrété, en 1983, que les loyers étaient trrop bas ? De nos jours tout doit être potentiellement objet de spéculation, entraînant à la hausse mais aussi à des krachs comme en 1991 pour l’immobilier. De plus, l’immo dispose d’un statut quasi-sacré : on trouve normal que les plus-values des résidences principales ne soient pas imposées, alors que le moindre eBayeur trop actif voit le fisc fondre sur lui.
Plus généralement, les gains énormes de certaines catégories ultra-minoritaires au cours des années récentes ont l’air de faire flamber tous les biens associés à une vie modérément aisée, l’immobilier en premier.
Que faire ? Les effets dévastateurs sont tels, sur la collectivité, qu’une intervention des pouvoirs publics serait justifiée, mais la vulgate libérale a l’air de s’y opposer. Bloquer ou encadrer les loyers, rétablir une taxation dissuasive pour toute plus value dépassant le taux de l’inflation, ou simplement menacer de recourir à de telles mesures - en principe ça suffirait pour faire retomber les prix. Mais jusqu’à présent, gauche comme droite, les gouvernants prennent systématiquement partie pour les propriétaires (plus de la moitié de la population, il faut dire)quitte a se donner bonne conscience en logeant les « pauvres » dans les HLM. Pour les classes moyennes et même supérieures,non-propriétaires, rien n’est prévu. n cas d’écoile est la mairie de Paris, qui s’empoumonne à déclarer qu’il ne faut pas que la capitale devienne comme Londres, où il n’y a plus que de très-riches et de très-pauvres, mais dans les faits, rien de concret.