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Commentaire de René Job

sur Stylos Reynolds, la fin


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René Job (---.---.131.114) 12 décembre 2006 15:25

« Après il ne faut pas venir pleurer que d’un côté on veut des produits toujours moins cher et de l’autre qu’on vire du monde en France pour délocaliser car les produits français sont trop cher. »

Excellente remarque. Comment fait-on accepter la désindustrialisation à la société ? En expliquant les bienfaits des prix bas rendant ainsi accessibles de nombreux produits à tous les consommateurs...en commençant par les catégories populaires.

Deux impostures de ce discours :

1/ Dans le prix, on paie le capital investi et le travail. On paie donc pour des salaires, pour des bénéfices (capitalisation dans notre pays) et pour des contributions indirectes (TVA, taxes diverses, etc.) et directes (Impôts sur les bénéfices et sur les revenus). Tout le monde y gagne.

2/ Etant donné que le lien social normal est construit autour de l’idée du travail rémunéré, l’emploi est vital pour l’écrasante majorité des français. La capacité « d’être consommateur » dépend donc de la capacité d’avoir un emploi, c’est-à-dire de se voir reconnaître l’accès a du travail rémunéré. Accès qui se traduit par un revenu du travail (salaire, honoraires, traitement, etc.) qui lui permet de vivre, c’est-à-dire de consommer.

De cela découle le fait : que le montant du prix d’un bien n’a d’intérêt économique que dans ce que le consommateur paie effectivement. C’est ça la source du dynamisme économique. Des salaires faibles ou des délocalisations rendent :

1/ une politique de prix bas inutile car quand on a rien dans la poche, on ne peut rien acheter. Que le prix d’un bien X soit de 10 centimes d’euros ne le rend pas plus accessible si les gens n’ont plus de pouvoir d’achat. C’est toujours trop cher. par contre si ce bien est produit sur notre sol et qu’il coûte 1 euro (10 fois plus cher), il demeure accessible puisque des gens ont un emploi et touchent un salaire (que le prix des biens paie).

2/ L’Etat faible et donc progressivement incapable d’apporter les mesures économiques correctives nécessaires par la redistribution de revenus sociaux pour compenser les pertes d’emplois. Phénomène auquel, il faut ajouter la perte a/ de la confiance des prêteurs qui demandent discrètement remboursement de leurs prêts ; b/ la perte de la capacité à maintenir des services publics (=dégradation de l’environnement social et donc économique) ; c/ Perte globale, publique comme privée, de capacité à investir dans l’innovation, la recherche ce qui nous rend conceptuellement dépendant d’autres pays...comme n’importe quel pays sous-développé !

A savoir que lorsque une usine s’en va (et quelle ne se modernise pas chez nous), d’autres suivent. Car toute production requiert des consommations intermédiaires (d’autres biens et services qui sont autant de produits finis qui entrent dans la composition de produits finis plus complexes). C’est donc aussi l’obligation pour de nombreux entrepreneurs de suivre malgré eux.

Le mouvement s’accentuant, on finit par avoir une société totalement anémiée et incapable de mobiliser les énergies et les investissements pour continuer à se développer (notamment dans le monde des « industries écologiques » qui sont l’avenir).

*******************

Pardon si j’ai mal expliqué ma pensée. Mais cette énième délocalisation est scandaleuse. Je veux bien payer leur stylo au prix normal : rémunération du capital (pour les futurs investissements), rémunération des salaires, honoraires et traitements (les emplois directs ou indirects) et rémunération des consommations intermédiaires (les autres entreprises et tout la vie quelles représentent).

Avec cette politique, nous finirons par ne plus rien inventer dans notre pays.

Le stylo du futur sera inventé par un Chinois.


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