@ Jules
Quand il y a eu des problèmes au
Nigeria, Tchad et Centrafrique, l’afflux de réfugiés a posé – et pose toujours
- des problèmes au Cameroun, malgré l’aide de l’ONU. Les Burkinabés (et les
Libériens) sont un problème pour les Ivoiriens. Les Palestiniens sont un
problème pour la Jordanie,
la question des camps n’est pas du tout réglée. Je pourrai te citer mille
autres exemples. Le FN n’est nullement impliqué dans tout cela, pourtant on
observe les mêmes problèmes de voisinage, les mêmes attitudes de la part des
populations. Tu vois que le problème ne vient pas du FN. Ce parti apporte
certes une mauvaise réponse à un vrai problème. Mais une autre mauvaise réponse
est de stigmatiser ses sympathisants et électeurs. Ils ont le droit d’apporter
leur témoignage, et on a le devoir de les écouter, de les prendre en compte
plutôt que de condamner et demeurer dans l’ignorance. On ne met pas la
poussière sous le tapis et feindre qu’elle n’existe pas. On étudie la question,
puis on propose des solutions humaines, hors de toute passion. Sur ce sujet
comme sur d’autres, le problème, c’est que seuls les économistes et les
politiques s’expriment.
Même si je ne suis pas né en
Afrique (c’est tout comme pourtant), j’y ai vécu pendant de nombreuses années,
et j’aime ce continent, ses habitants, auprès desquels j’ai appris énormément. Je
me considère comme étant autant africain qu’européen, c’est ainsi que l’on me
considère également. Et je n’ai pas vécu comme un toubab, crois-moi. Tu serais
surpris. Je me fiche pas mal de la couleur (peau, politique, culture, religion,
position sociale…) des gens, et je n’infère rien du fait de leurs
appartenances. Chaque personne est un individu, c’est cela qui compte, c’est
cela que je vois. En stigmatisant les frontistes, tu commets la même erreur que
certains d’entre eux : l’inférence, la généralisation. Le racisme, la
ségrégation, c’est nier qu’au-delà de ses appartenances, un homme est un
individu qui ne se réduit pas à celles-ci. C’est nier toute possibilité
d’évoluer, de changer d’appartenance. Or, qu’est-ce qui permet de
changer ? L’éducation, l’apprentissage.
Bonne nuit mon ami