Le bal des aigris ce thread. Ainsi donc il serait inconcevable de considérer les propositions du candidat Sarkozy en faveur des jeunes autrement que sous l’angle de la démagogie et du parti-pris aveugle ? Et ça prétend combattre les clichés... Faut dire que ça ne doit pas plaire à une bonne partie du lumpen-prolétariat, ce genre d’article qui assène du haut des 28 ans de son auteur que le vote jeune n’est pas acquis à la gauche. Comment ça, et puis quoi encore.
Cher auteur, sans doute eussiez-vous du mettre le titre de votre article au conditionnel, le débat en aurait été grandi. Bien, si jamais il reste des lecteurs prêts à considérer les faits dans le coin, je les invite à examiner la réalité suivante :
Toutes démagogiques qu’elles puissent paraître, il y a dans ces mesures en faveur des jeunes des idées intéressantes qui risquent de plaire à qui veut bien les consulter d’un œil neutre. A l’ère du dégoût de la politique classique, les propositions concrètes compteront davantage que les vieilles recettes idéologiques. Et ce serait grandement sous-estimer l’électorat jeune que d’affirmer péremptoirement qu’il se bornera à contester et à sanctionner le pouvoir en place. La plupart étudieront les propositions dont ils seront abreuvés pendant les mois à venir. Affirmer que l’auteur a tort lorsqu’il dit que rien n’est acquis au niveau du vote des jeunes relève tout simplement d’une angélique prétention. Et Royal devra effectivement faire mieux que son forum en vrac pour séduire massivement cet électorat, si si. (Ce qui n’enlève rien à l’intérêt de l’idée, soit dit en passant : j’entends déjà les hauts cris de sa garde rapprochée).
Sarko part évidemment avec un handicap : assimilé au gouvernement actuel, à un parti conservateur, au premier flic de France, sorte de Père Fouettard de la sécurité, il a exactement l’anti-image du candidat sympathique pour les jeunes véhiculée (très consciemment) par nos média. Evidemment, c’est pas en mai prochain qu’il fera 40% à La Courneuve. Mais pour qui veut bien considérer l’électorat jeune autrement que par ceux des banlieues ou les glands qui ont acheté leur bac lorsque la baudruche CPE leur a donné à point nommé l’occasion de sécher les cours, aucun candidat n’a pour l’instant l’assise nécessaire pour rafler massivement les voix de 18-25 ans aux aspirations très diverses, mais regroupées sous la même crainte de l’avenir.
Enfin, les jeunes sont nombreux certes, à vouloir sortir des autoroutes de la politique. Un éclatement des voix sur les petits candidats ne serait en rien une surprise. Mais, admettons-le, bouillie médiatique ou pas, la probabilité d’un second tour entre NS et SR reste élevée à l’heure actuelle. Ne serait-ce que par peur de voir l’autre camp l’emporter. Et j’ai du mal à croire que les 18-25 ans, dans leur majorité, iront pêcher ce jour-là. J’ai aussi du mal à voir, dans une telle situation, pourquoi Ségolène en-dehors de son double statut de gauche et de femme serait tellement plus en mesure de séduire cet électorat-là, tant que les propositions concrètes des deux majors UMPS n’ont pas été débattues au grand jour.
Vous souhaitez combattre Sarko ? Vous voulez sa défaite ? Commencez donc par admettre que la campagne ne fait que débuter et qu’il n’est en rien acquis qu’une minorité revendicative surexposée décide par son tapage du choix de toute une génération. Sous-estimer les qualités de communication et le sens politique du président de l’UMP, qui a tout le temps et les moyens d’améliorer son image auprès des jeunes d’ici à l’élection, tenter de se reposer sur une diabolisation de moins en moins efficace, risque d’avoir avec le versatile électorat jeune l’effet inverse à celui escompté. Les principes de dénigrement adoptés par Jospin en 2002 n’ont-ils pas été en grande partie la cause de sa perte ? Et ça veut éviter un nouveau 21 avril... Retenez donc les leçons, avant de vouloir en donner.
