Stakhanovistes de la preuve par neuf.
Le plus étonnant est qu’il s’agit de la foi et que la foi n’a pas besoin de preuves pour être confortée puisque l’on croit a priori selon une conviction personnelle et profonde à l’existence du Christ en tant que vérité et vie.
Imaginez le Christ apparaître sur notre planète, il dirait : rangez ce chiffon et allez à l’essentiel, l’essence du ciel. Hommes de peu de foi, ai-je une place si insignifiante dans vos cœurs pour que vous ayez besoin d’une preuve, d’une relique.
Suivre le chemin tracé par le Christ, c’est-à-dire l’amour des autres, avec tous les risques que cela comporte car l’amour, la gratuité, ne peuvent que déranger dans le monde d’idolâtrie de l’argent, qui est le nôtre. Aimer est un acte volontaire et révolutionnaire.
Alors, un bout de tissu, quelle importance ? Les catholiques disent à l’office du Dimanche : « toi seul est saint ». On se demande pourquoi sacraliser des objets. Saint suaire, ça ne veut rien dire. Seule la vie est sacrée, qu’on se le dise dans toutes les croyances et incroyances !
Nous vivons un monde en représentation, en apparences ; il n’est pas étonnant que l’on s’attache aux reliques, aux détails, à des sacralisations idolâtres diverses.
Alors, le suaire, réalité ou imposture, c’est anecdotique, c’est le regard vers le doigt quand le doigt montre la lune. Elle ferait plutôt suer cette polémique sur le suaire. L’esprit fondateur de notre civilisation mérite mieux que ça.
Les sacralisations de personnes, de lieux, d’objets ou de rites sont de l’instinct grégaire de la religion tribale, des différenciations qui sont comme des châteaux forts pour se protéger d’autres religions. Plus une religion se différencie de cette manière, plus elle s’éloigne d’une spiritualité universelle qui concerne tous les hommes.
A.C