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Commentaire de Regis Tence

sur Lettre ouverte aux signataires de l'appel « Éthique scientifique et sciences du climat »


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Regis Tence Regis Tence 6 avril 2010 01:17

Cette affaire est à peine croyable, et en même temps significative : nous sommes nombreux à annoncer un « nouveau moyen-âge », avec l’impression d’employer là une formule-choc dont nous espérons qu’elle ne sera pas tout à fait vraie. Mais la réalité dépasse ici les pires craintes : cela fait cinq siècles que "ceux qui savent", ou le prétendent, n’avaient plus osé en appeler au pouvoir pour faire taire les voix divergentes. Très exactement depuis Galilée. On croyait que cela n’arriverait jamais plus, on avait tort.

A l’époque le vrai pouvoir était religieux, ou plus exactement mêlait intimement religion et politique. Aujourd’hui, les détenteurs de l’opinion obligatoire s’adressent au ministre, et font pression sur les media. Le plus grave est que ça ne semble pas du tout les gêner, ce qui est l’indice d’une effrayante certitude d’avoir en fait déjà le pouvoir. Car c’est de cela qu’il s’agit : quand des scientifiques réclament aux autorités de faire taire les contradicteurs, il ne peut y avoir à cela que deux raisons (cumulables ! ) :

1/ ils sont beaucoup moins sûr de leur savoir qu’ils ne l’affirment

2/ ce qu’ils attendent du savoir c’est la reconnaissance sociale, des moyens, des postes. Dans ce contexte, la recherche, ou plutôt les années de début de carrière passées à faire son trou dans l’institution, ne sont qu’une étape sur le chemin du pouvoir et en premier lieu de l’emploi à vie, quels que soient les résultats du travail (s’il y en a un au delà de la déclinaison à l’infini des premières publications).

Il est normal que ce soit dans la France du CNRS qu’apparaisse en premier cet indice de féodalisation du savoir, car c’est probablement, depuis la fin de l’empire soviétique, le pays où l’étatisation de la recherche est la plus poussée, et la plus caricaturale : une fois qu’on a acheté sa charge par les premiers travaux, le plus souvent au service d’un mandarin déjà en place, il n’y a plus rien à prouver. Ça laisse le temps d’écrire aux journaux et au ministre.

Il y a quand-même un autre endroit, sinon un autre pays, où le statut des « experts » est le même : l’O.N.U et ses instances aussi coûteuses que variées. Là aussi les postes sont distribués par les gouvernements. C’est précisément le statut du GIEC. Ce n’est pas un hasard. Quand cette baudruche se sera effondrée, gageons que la France sera le seul pays où on ne s’en apercevra pas avant des lustres, et que comme l’écrivait Maurice Druon dans un livre clairvoyant, on y sera longtemps encore "aux ordres d’un cadavre".


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