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Commentaire de logan

sur La Grèce doit se déclarer en faillite


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logan 7 avril 2010 14:22

bonjour

je suis d’accord avec Wesson on ne peut pas parler de faillite pour un état, déjà effectivement car on ne peut pas le liquider comme une entreprise, ensuite parce que les richesses d’un pays ce sont les fruits du travail de ses citoyens, ces personnes ne vont pas disparaitre du jour au lendemain

il faut faire attention avec la propagande issue des gouvernements ou des médias, ils veulent justifier la crise en Grèce en la présentant comme une sorte de « mauvais élève » où tout ce qui lui arrive viendrait d’abus de ses citoyens et de ses représentants

actuellement tous les pays ont des déficits élevés, tous les pays sont victimes d’évasions fiscales ou de fraudes fiscales, si on veut stigmatiser la Grèce il faudrait déjà commencer par expliquer en quoi la situation de la Grèce est tellement différente des autres pays.

hors ce discours cache les vrais enjeux qui sont derrière cette crise

cette crise est complètement artificielle
les buts sont doubles, le premier but est financier, ils s’agit déjà de se mettre plein d’argent dans les poches grâce à l’augmentation des taux d’intérêts imposée sur les titres émis par l’état grecque, le 2ème but est politique et économique, il s’agit d’imposer à la Grèce une politique de rigueur, c’est à dire la baisse des salaires, la privatisation des services publics, entre autre

cette crise a été provoquée par la BCE et par des agences de notation
d’abord ce sont les agences de notation, qui sont des organismes privés, qui ont décrété que l’achat des titres publics grecques était risqué, et qui ont abaissé leur notation de A à B, l’effet immédiat c’est la hausse des taux d’intérêts exigée en échange de l’achat de ces titres

cela signifie plusieurs choses
d’abord, il faut comprendre qu’on est en train de parler de « risque », l’état grecque, comme tous les états européens d’ailleurs, a toujours remboursé sans faille
donc décréter que les risques de défaut de paiement sont élevés est purement arbitraire, il faut ici faire confiance à ces agences de notation privées ( les mêmes qui avaient mal noté les subprimes vous vous rappellez ) sur parole, car évidemment nous ne contrôlons rien, et ne vérifions rien, aucun journaliste n’ayant rapporté l’information n’a jamais essayé de savoir si cette décision était fondée sur qqchose de concret
on est ici donc dans une situation assez incroyable, une agence privée, en toute discrétion, peut prendre une décision qui va avoir pour conséquence de relever les taux d’intérêts auxquels sont achetés ses titres publiques, c’est à dire qui va entrainer un coût pour les contribuables de ce pays encore plus élevé pour tous les investissements que fera son pays
non seulement, on est dans une sorte de décision auto-réalisatrice, on décrète que le risque de défaut de paiement est élevé, donc on élève les taux d’intérêts, ce qui rend encore plus couteux ces paiements et donc augmente ainsi les risques de ne pas pouvoir les honorer ...
de plus, il est profondément anti démocratique qu’une agence de notation privée puisse avoir une telle ingérence et un tel pouvoir sur tout un pays, avec autant de conséquences pour les citoyens de ce pays

enfin il faut comprendre le rôle que joue cette agence de notation, en calculant le risque de défaut de paiement de l’état grecque, l’agence de notation défend ici les intérêts des investisseurs, quand on parle de risque, il s’agit de risque pour les investisseurs, et l’agence de notation cherche à réduire au stricte minimum les risques encourus par ces investisseurs

alors il faut se poser une question toute simple, est-ce normal de mettre au dessus des intérêts des citoyens les intérêts des investisseurs ? normalement, les risques ne devraient-ils pas être partagés ? les citoyens sont évidemment les dindons de la farce alors que ce sont eux avec ce genre de système qui portent en réalité tous les risques

concernant la BCE, celle-ci avait décidé d’abaisser les critères auxquels elle s’autorisait à acquérir des titres publics, normalement ces critères étaient de se limiter aux titres notés « A » et elle les avait baissé au début de la crise à la note « B » pour soulager les différents pays européens pendant la crise

la Grèce a ses titres notés B, la crise que subit la Grèce aujourd’hui provient à l’origine du fait que la BCE, qui je le rappelle est indépendante des gouvernements ( mais est-elle indépendante de la finance ? ) a décidé arbitrairement de réaugmenter ses critères à ceux qui précédaient la crise, rendant ainsi l’acquisition des titres grecques innéligible

l’effet a été évidemment l’explosion des taux d’intérêts pour l’achat de ces titres sur les marchés financiers

donc n’est ce pas bizarre ? si on reprend les arguments de la propagande européenne circulant dans les médias, la crise grecque serait le résultat de leur déficit trop élevé et des fraudes fiscales trop répandues des citoyens grecques, hors comment se fait-il dans ce cas alors que cette crise ne s’est déclenchée que récemment alors que cette situation existait depuis longtemps ?

l’annonce par le gouvernement du maquillage par le gouvernement des chiffres des déficits ne correspond manifestement pas non plus au déclenchement de cette crise vu que cette annonce a été faite plusieurs mois précédent la crise

le déclenchement de cette crise correspond bien au moment où la BCE a décidé de réaugmenter ses critères d’éligibilité, et est bien basée sur les décisions d’agences de notation privées

cette crise est totalement artificielle et complètement anti-démocratique, elle est bel et bien la conséquence de deux décisions arbitraires de deux entités, l’une privée, l’autre indépendante des états et on le sait depuis longtemps au service d’intérêts privés, toutes deux servant donc les intérêts financiers, voilà la réalité qui se cache derrière cette crise

accompagnant la propagande diffusée dans les médias, viennent toujours les solutions « évidentes » et je dirais « classiques » pour tous ceux qui connaissent les méthodes de la finance
les peuples rechignant à privatiser leurs services publics, leur privatisation étant difficilement justifiable et donc difficile à défendre politiquement directement, sa stratégie est toujours identique et indirecte, il s’agit toujours de constater le lourd endettement d’un pays, et d’expliquer qu’il n’y a pas d’autre choix que de privatiser ces services publics pour se sortir de ce lourd endettement
viennent avec ces « il n’y a pas d’autre choix à cause de la dette » d’autres mesures autrement injustifiables comme le gèle ou l’abaissement des salaires, l’augmentation des prix de l’eau et de l’électricité ( une fois ces entreprises privatisées ) etc ...
ce sont les méthodes qu’applique le FMI à travers le monde
c’est ce discours que l’on tente de diffuser en France et que l’on martèle aux grecques pour les faire se résigner
hors s’il y a des soulèvement en Grèce, c’est justement parce qu’ils s’y refusent

et en effet, quand on se rend compte que la crise qu’ils subissent est injuste et artificielle, qu’il s’agit en réalité d’une attaque de la finance, profitant de sa relative faiblesse à cause de la crise et à cause du comportement de son précédent gouvernement, il y a de quoi se soulever non ?

il y aurait évidemment d’autres solutions, comme permettre à la BCE d’acquérir directement ( et donc sans passer par les marchés financiers qui se sucrent au passage ) les titres grecques, au moins le temps de la crise
rappelons-nous, actuellement, les traités européens interdisent à la BCE d’acquérir directement les titres émis par les états, mais pas indirectement, c’est ainsi qu’ils les acquièrent en les rachetant à des banques privées, et la BCE n’acquière ces titres qu’en se limitant à ceux qui rentrent dans ces critères d’éligibilité, ce dont j’ai parlé juste avant

donc la BCE finance les banques privées à un taux de 1% ( abaissé en réaction à la crise ), et ces banques privées rachètent les titres publics émis par les états à un taux plus ou moins élevé, puis les revendent à la BCE en faisant une plus-value
donc remarquons déjà que les banques privées, associées ici par les institutions aux échanges entre les états et la BCE, peuvent donc remercier les créateurs des traités européens pour leur offrir sur un plateau un tel marché sans risque où elles seront toujours gagnantes ( et les banques en usent et en abusent vu que la quasi totalité des déficits des différents pays européens ( exception faite de 2 ou 3 pays dont la France ) est financée par ces banques privées )
si la BCE pouvait acquérir ces titres publics directement, les différents pays pourraient ainsi profiter de ces taux de 1% voir ne pas payer d’intérêts tout court, alors qu’avec ce système elles sont ainsi soumises aux intérêts financiers qui jouent le rôle d’intermédiaires et qui leurs imposent des taux allant jusqu’à 5 ou 6% ...

là encore on pourrait y voir une volonté de satisfaire les intérêts financiers au détriment des intérêts de citoyens

donc il existe bien différentes solutions, par exemple, permettre à la BCE d’acquérir les titres publics grecques à un taux très faible, résoudrait cette crise, et permettrait à la Grèce de se remettre sur pied sans avoir à tout privatiser ou à mener des politiques de rigueur

certains crieront au scandale car il s’agirait ainsi de faire porter à tous les pays de la zone euro le rétablissement de l’économie grecque, éructant que nous n’avons pas à payer à la place des grecs, mais ces gens oublient que nos économies sont interdépendantes, et ainsi que du rétablissement de l’économie grecque dépend en partie le développement de notre propre économie, de plus c’est avoir une totale absence de sentiment de solidarité, hors si nous avons créé l’union européenne n’était-ce pas soit disant pour faire valoir des valeurs de solidarité et de coopération entre les pays européens, on a justement ici une chance de construire une autre union européenne, pas celle de l’individualisme et de la concurrence libre et non faussée, mais bien une véritable union basée sur la coopération et la solidarité.

c’est donc un choix politique et idéologique, les grecs ont le choix, on a le choix, n’écoutez pas la propagande diffusée dans les médias, les grecs ne sont pas en situation de faillite, ils sont simplement attaqués par les vautours de la finance


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