En conclusion :
Le propos
du livre ( (La
fabrication du consentement.) souligne que les forces qui conduisent
les
médias à produire une information politiquement et socialement orientée,
loin d’être enfantées par l’amoralité de certains individus, tiennent
avant tout à des mécanismes inscrits dans la structure même de
l’institution médiatique — son mode d’organisation et de
fonctionnement en particulier.
Selon Chomsky et
Herman, ces mécanismes opèrent sous forme de « filtres », de « facteurs
institutionnels qui fixent les limites à ne pas franchir dans la
diffusion des faits et leur interprétation, au sein des institutions à
caractère idéologique 16 ».
- Le premier
filtre tient à la nature des propriétaires des médias dominants. Détenus
par des oligopoles privés, ces moyens d’information et de communication
sont mus par la logique du profit maximum.
- Le second filtre
renvoie aux sources de financement des grandes entreprises médiatiques.
Leurs recettes proviennent principalement de leurs clients — les
annonceurs — auxquels elles vendent des taux d’audience.
- Le troisième
filtre concerne les sources d’information privilégiées par les
journalistes.
- Le quatrième correspond aux protestations adressées
aux responsables de la presse, lesquelles contribuent à apprécier les
limites de ce qui est diffusable sans risque.
- Le dernier filtre
est celui des présupposés idéologiques dominants, intériorisés par les
journalistes et qui guident leur interprétation de l’actualité comme le
compte rendu qu’ils en font. Dans les années 80, le présupposé dominant
était l’idéologie anticommuniste. Il est désormais « surpassé par une
force idéologique plus puissante encore, celle de la croyance dans le
“miracle du marché” (selon l’expression de Reagan) 17 ».
Ce cadre d’interprétation général détermine le traitement
réservé aux politiques, gouvernements et interlocuteurs « orthodoxes ».
Ils sont systématiquement valorisés et leurs erreurs, voire leurs
crimes, paraissent toujours moins atroces que ceux que commettraient des
« dissidents » au système de croyance dominant.
Ces cinq filtres ont une particularité commune. Tous
favorisent le contrôle et l’orientation de l’information dans un sens
conforme aux intérêts privés. « Les mêmes sources de pouvoir sous
jacentes qui possèdent les médias et les financent en tant
qu’annonceurs, qui jouent le rôle de “définisseur primaire” des
“nouvelles”, qui produisent les “tirs de barrage” et les experts
orthodoxes, jouent également un rôle clé dans la définition des
principes de base et des idéologies dominantes 18 »
http://www.homme-moderne.org/societe/media/halimi/conspiration.html