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Commentaire de paul villach

sur Le communisme en avait rêvé, le libéralisme de marché l'a réalisée...


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paul villach (---.---.62.195) 1er mars 2006 12:09

Oui, l’image choisie de « prolétariat culturel » est forcément dévalorisante. Pourquoi ? Étant admis d’entrée que les droits de la Personne doivent être respectés en chacun, il reste que le mot de « prolétaire » ne peut plus être sacralisé comme il l’a été pendant un siècle et demi.
- Il caractérise à l’origine l’état économique de celui qui n’a que sa force de travail pour vivre (et même, selon l’étymologie, l’état de celui « qui ne compte dans l’État que par ses enfants »). Cet état économique renvoie à une situation de manque et de dénuement, avec toutes les conséquences qui en découlent et qui contrarient la construction intellectuelle et morale de la personne et celle de la société qui la favoriserait.
- Cette situation économique n’implique pas évidemment une infériorité morale, mais seulement une infériorité de moyens disponibles engendrant un état de dépendance. Mais il n’implique pas davantage un label de supériorité automatique comme on l’a fait croire pendant un siècle et demi, puisqu’il suffisait, disait-on, que ce prolétariat (ou ses représentants) prenne (nt) le pouvoir pour que « chantent les lendemains ».
- Cette image, mal comprise, peut être contestée. Elle reste, en effet, une image avec cette part d’exagération qu’implique nécessairement le procédé de la métaphore. Mais, il me semble qu’elle est utile pour comprendre que la production culturelle aujourd’hui est en danger, en raison même de la recherche du maximum d’audience par les médias (livres, cinéma, télévision, internet) qui conditionne le maximum de profit escompté. Or, tout le monde le sait, cette audience maximale ne peut se réaliser qu’à condition de s’aligner sur le niveau culturel le plus bas qui caractérise le plus grand nombre de personnes : voyez les taux d’audience dont s’enorgueillissent certaines chaînes de télévision dans leur propre publicité et voyez à quelles émissions ils s’appliquent ! On peut en dire autant des films et des livres, qui sont désormais les produits de recette calibrée et non le fruit des méditations d’un auteur.
- Et pour finir, « le leurre de la pression du groupe » fait croire hardiment que le plébiscite du grand nombre consacre la qualité d’une œuvre. Le tour est joué !
- Mais, j’en conviens, cette qualité n’est pas davantage affirmée par le désintérêt du grand nombre, même si, je partage le point de vue de Descartes, selon qui « la pluralité des voix n’est pas une preuve qui vaille rien pour les vérités un peu malaisées à découvrir, à cause qu’il est bien plus vraisemblable qu’un homme seul les ait rencontrées que tout un peuple. » (« Discours de la méthode », 1637)


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