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Le communisme en avait rêvé, le libéralisme de marché l’a réalisée...

Si vous avez pu échapper au livre, résisterez-vous au film ? Lui, en tout cas, vous a déjà en ligne de mire. Les panneaux des villes commencent à se couvrir d’affiches annonçant la sortie dans trois mois du prochain chef-d’œuvre de l’année... le 17 mai 2006 : « Da Vinci Code ».

Du succès d’un livre est attendu celui du film qu’on en tire, selon la recette éprouvée par le « produit Harry Potter », dont le premier tome, clamaient les médias radieux, s’était vendu à huit millions d’exemplaires ! Da Vinci Code a encore fait mieux : les mêmes médias l’ont présenté comme « un phénomène éditorial » qui a atteint vingt millions d’exemplaires vendus, commenté au surplus par d’autres livres qui ont cherché à en exprimer « la substantifique moelle ». Ainsi la qualité d’une œuvre de l’esprit se juge-t-elle aujourd’hui au grand nombre d’exemplaires ou de billets vendus.

LE LEURRE DE LA PRESSION DU GROUPE.

Devant le grand nombre, l’esprit est, en effet, sommé d’abdiquer : tel est l’effet recherché par le leurre de la pression du groupe analysé, il y a 50 ans, par Solomon Asch entre 1953 et 1955, à l’Université de Pennsylvanie (USA). Ses expériences ont montré que 36,8 % des sujets étudiés étaient capables de se ranger à l’opinion d’un groupe soutenant, contre toute vraisemblance par exemple, qu’un segment de 3 centimètres était égal à un autre de 15 centimètres. Les autres sujets qui osaient maintenir leur point de vue contre le groupe n’en restaient pas moins perturbés : car nul ne sort indemne d’une confrontation avec la pression du groupe. Même quand celui-ci a manifestement tort, le doute subsiste chez « le dissident » qui ne peut se résoudre à penser qu’il puisse avoir raison tout seul quand tant de gens se tromperaient ! Aussi ce leurre est-il aujourd’hui un de ceux les plus utilisés pour vendre un produit, en particulier à caractère culturel. Et c’est vrai qu’à voir tous ces millions de Da Vinci Code vendus, on pourrait se réjouir d’apprendre qu’il existe tant de gens capables d’ouvrir un livre au lieu de rester hagards dans la contemplation des flots d’ images dont on les gave. Mais la qualité d’une oeuvre se mesure-t-elle au nombre de personnes qui la plébiscitent ? La réalité paraît bien différente.

UN BROUET INSIPIDE ET ENNUYEUX.

Qu’on ne raconte pas d’histoires ! Même pour un lecteur aguerri, Da Vinci Code, ce pavé de 574 pages, est un pensum illisible. Que lève la main celui qui a lu, ligne après ligne et page après page, sans en sauter une seule, ce brouet insipide et ennuyeux ! 1- Pourtant, on doit reconnaître à l’auteur des efforts méritoires pour renouveler le genre des récits de la collection « Signes de piste » de notre enfance. Il y a de la recherche pour, le long d’un parcours fléché d’un jeu de piste à la boy-scout, renouveler le codage des messages cryptés qui, renvoyant de l’un à l’autre, conduisent... jusqu’au Trésor. Mais ce qui amuse un gamin de dix ans fait bailler d’ennui l’adulte réfléchi qu’il est devenu. 2- Le récit lui-même, en effet, - c’est-à-dire la formulation et l’agencement des faits, des dialogues et des actes des personnages - est d’une platitude consternante. Les caractères sont sans consistance, à l’image de cet échange entre les protagonistes pris au hasard, page 283 : « Bonsoir ! fit Langdon. Sir Leigh, je vous présente Sophie Neveu. - Très honoré... - C’est très aimable à vous de nous accueillir si tard, dit-elle. - Ma chère, il est si tard qu’il est même trop tôt... Vous n’êtes pas Américaine, à ce que j’entends. - Non, Parisienne. - Votre anglais est absolument parfait. - Merci. J’ai fait mes études à Londres... - Je comprends ... » Et tutti quanti !

LE PROCÉDÉ DES ATTENTES STÉRÉOTYPÉES.

3- La seule façon dont l’auteur tente de soutenir artificiellement l’attention, c’est la greffe, sur l’attente générale du fin mot de l’histoire, d’attentes factices, agaçantes à force d’être prévisibles, par l’interruption soudaine du cours d’une péripétie pour en différer la suite deux ou plusieurs chapitres plus loin. Ainsi, fin du chapitre 9, un message laissé sur son portable par la policière Sophie Neveu apprend-il, au musée du Louvre, à l’universitaire Langdon qu’il est en grand danger ? Tout à trac, le chapitre 10 le laisse en plan, pour raconter les faits et gestes de l’homme de main d’une institution religieuse lancée elle aussi dans la même chasse au trésor. De même, à la fin du chapitre 99, laisse-t-on Teabing, l’instigateur de cette chasse, tenir en joue « Tintin Langdon » et « Milou Sophie Neveu » ? Au chapitre 100, on s’intéresse de toute urgence aux souffrances du dignitaire ecclésiastique qui a été blessé par son homme de main, mais à la fin du chapitre 96, et qu’on a depuis laissé de côté, etc.

MARIE-MADELEINE, ÉPOUSE DE JÉSUS, C’EST PASSIONNANT AU XXIe SIÈCLE.

4- Quant au sujet de l’histoire, qui se résume à un labyrinthe artificiel que les 574 pages s’emploient à explorer, il est d’une indigence affligeante. Quel intérêt y a-t-il aujourd’hui à exhumer les divagations ésotériques qu’a pu secréter, à travers les âges, la mythologie chrétienne dans ses frasques pittoresques ou criminelles ? Qu’il n’y ait pas eu quatre textes évangéliques mais davantage, que le personnage Jésus ait eu Marie- Madeleine pour épouse, qu’ils aient eu une descendance, que des illuminés l’aient nommée “Sang royal”, que des associations secrètes s’en soient entichées et l’aient appelée « Saint Graal », qu’on ait confondu ce dernier avec le calice du sang du Christ, que ce “sang royal” coule aujourd’hui dans les veines... de la jeune policière Sophie Neveu à son insu et qu’elle le découvre grâce au jeu de piste laissé par son grand-père assassiné en sa qualité de dignitaire d’une secte qui avait précisément la charge de les protéger, elle et son frère, pour assurer leur postérité... vraiment, y a-t-il là matière à capter l’attention des intelligences du XXIe siècle, sauf à sacraliser, au prix d’une régression archaïque effrayante, le sang comme seul vecteur de transmission légitime d’un patrimoine, d’un titre et d’un pouvoir, dans la plus pure tradition magique aristocratique ?

UNE SOUS-CULTURE.

Que des millions de personnes ne répugnent pas à verser 16 euros pour 574 pages narrant de telles fadaises, voilà qui mérite, en revanche, attention. Sans doute y a-t-il ceux qui achètent ce pavé indigeste pour en faire un cadeau, ou le poser bien en vue sur une table de leur salon, en se gardant bien de le lire, parce que, sous la pression du groupe, ils y voient le signe apparent d’une distinction culturelle, avec la caution usurpée de Léonard De Vinci. Mais ce pavé a quand même des lecteurs qu’il détourne de problèmes contemporains, autrement plus sérieux, comme la subornation industrielle des esprits, en leur faisant prendre, sous couvert d’érudition, les fantasmes mythologiques du passé pour le bagage culturel obligé de « l’honnête homme » contemporain. Ces millions de pavés vendus sont bien la preuve que ces gens sous-cultivés et désorientés se comptent par millions et qu’ils orientent désormais la production culturelle. Le communisme en avait rêvé, le libéralisme de marché l’a réalisée : la dictature du prolétariat culturel est installée. 


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39 réactions à cet article    


  • Ultra (---.---.105.97) 28 février 2006 13:51

    Bravo ! :) excellent


    • robert (---.---.100.68) 28 février 2006 15:08

      Bravo.

      Enfin un juste propos sur le sujet.

      RD


      • Stef (---.---.128.14) 28 février 2006 15:13

        Enfin une critique négative mais néanmoins constructive de cet « infâme brouet ». Une intrigue inexistante cousue de fil blanc, des personnages à la psychologie fantômatique, etc...j’en ai encore mal à mon porte-feuille. Du coup, j’ai relu « Le pendule de Foucault ». Excellent article !!


        • GS (---.---.109.16) 28 février 2006 15:32

          Bien sûr, je compte parmi les millions de lecteurs qui l’ont acheté et lu, cédant à la pression de la masse.

          On dira que c’est une affaire de goût : Da Vinci Code est le plus mauvais roman que j’aie jamais lu.

          Le style est efectivement d’une platitude navrante. L’intrigue : pour de soi-disant experts en symbologie et en cryptographie, les deux héros sont d’une touchante naïveté. Du point de vue de la vérité historique, ce roman est on ne peut plus fantaisiste. L’auteur, sur ce point est soit profondément ignorant, soit profondément malhonnête pour oser répandre ce ramassis de bêtises (Voir le lien ci-dessous).

          Dans un registre différent, j’ai été beaucoup plus impressionné par les ouvrages d’Umberto Eco, comme par exemple le « Pendule de Foucault », qui a le mérite de clouer le bec à ce discours mystico-ésotérique dont notre époque se repaît.


          • jean paul (---.---.4.10) 1er mars 2006 18:26

            bien sur tous les gouts sont dans la nature mais pour moi le pendule de foucault n’est qu’un horrible « étouffe-chrétien », à rembourser absolument par la sécu pour les insomniaques


          • ian82 (---.---.247.32) 28 février 2006 15:47

            Je vous avoue que je n’ai pas lu Da Vinci Code parce, bien avant cette parution, je me suis intéressé aux sources utilisées par l’auteur pour écrire ce livre. Plutôt que de lire une compilation forcément superficielle, il est quand même préférable de se faire une opinion à partir de documents ou de travaux sérieux. J’ai mon opinion sur le sujet, je me la garde ! Voilà pour le contenu du livre. Pour le style, je ne peux rien en dire !

            Ce qui me fait réagir, c’est de constater la férocité des propos de cet article contre le petit peuple, je cite, « Ces millions de pavés vendus sont bien la preuve que ces gens sous-cultivés et désorientés se comptent par millions ». Etc...

            Vous semblez, Monsieur, faire parti cette élite qui s’accorde le droit de juger ses semblables en étalonnant l’intelligence moyenne des autres à la sienne. Vous affichez sur votre CV des titres et des qualifications que seul un petit nombre peut se prévaloir de posséder, ce qui vous accorderait la légitimité de juger et de condamner les lecteurs de ce livre. Ok ! Mais,

            suggérer que ces gens soient méprisables d’avoir fait de ce bouquin médiocre un best seller, quand des livres travaillés et approfondis font des bides et restent confidentiels, je trouve cela blessant. Et je me sens visé, moi, ma famille et mes proches, tous issus du petit peuple de province.

            Comment voulez-vous que, tous, pris dés la maternelle pour être formaté dans l’uniformité nous n’allions pas dans une seule et même direction ! Maintenu dans le formatage et dans une pasteurisation intellectuelle à l’école, matraqué inlassablement par les médias, la publicité, contraint à vivre dans toutes sortes de peurs, comment aurions-nous la conviction que les chemins de traverses sont préférables à l’autoroute confortable sur laquelle on nous mène ?

            Si je puis me permettre de vous dire ce que je pense, vous qui avez l’intelligence et le savoir, sachez tolérer ce que vos convictions et votre logique désapprouvent et servez-vous de votre « supériorité » pour comprendre, compatir et vous serez un homme d’esprit respecté pour sa sagesse plus que pour la qualité de sa plume.

            Enfin, les valeurs des uns n’étant pas forcément celles des autres, veuillez ne pas m’agresser de votre plume, je ne suis qu’un petit Bac moins 2...


            • paul villach (---.---.165.246) 28 février 2006 19:50

              Pas de confusion ! La notion de « prolétariat culturel » que j’avance, ne désigne nullement « le prolétariat » de la théorie marxiste, ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre. Par « prolétariat culturel » je vise tous ceux qui ont un « capital culturel » très faible, malgré une compétence reconnue dans une spécialité, et ce « capital culturel » n’est pas forcément proportionnel à leurs revenus : vous y trouvez des cadres supérieurs et moyens, des médecins, des professeurs, et j’en passe, sans oublier des bobos. Et on peut avoir bac - 2 ou -8, n’avoir que son certificat d’études, et encore, et ne pas appartenir au « prolétariat culturel », ayant fait son miel culturel dans « le grand livre de la vie ». Merci de vos observations. Paul VILLACH


            • (---.---.168.99) 28 février 2006 22:38

              Merci pour votre réponse courtoise et si vous le permettez, je souhaiterais approfondir. Tout le monde a bien compris que la qualité littéraire et le contenu du livre, même s’ils prêtent à discussion et à polémique, ne servent que de démonstration pour l’idée principale de votre article qui est « la dictature du prolétariat culturel ». Que « la subornation industrielle des esprits » soit un problème, c’est une réalité. En prendre conscience en est une autre. A condition d’avoir su s’extirper progressivement du formatage, il n’est pas aisé de s’ouvrir à une autre réalité. Ce que je veux dire par-là, c’est que les moyens mis en œuvre pour garder le troupeau dans le droit chemin sont puissants, votre analyse de la situation le démontre.

              Vous avez raison de dire que la déficience culturelle touche toutes les couches de la population mais faire un parallèle avec le prolétaire (dont la définition est : travailleur, salarié, ouvrier...), pour symboliser votre pensée, c’est énoncer que le prolétaire est sous évolué dans votre formulation sinon, votre image, n’aurait pas de sens. Pour le dire autrement, si le prolétaire avait une respectabilité de droit, votre « prolétariat culturel » n’aurait pas de sens ! Voilà ce qui m’a choqué.

              J’aimerai juste rajouter une chose. Nous sommes tous égaux (normalement...) devant les lois et nos droits sont pour tous, les mêmes ; pour autant, nous n’avons pas tous les même facultés d’analyse et de compréhension. Je pense que votre faculté intellectuelle et votre culture ne se sont pas manifesté en l’état sans que progressivement vous n’ayez eu accès à plus de compréhension et plus de discernement. Vous en aviez le potentiel, d’autres ne l’ont pas...


            • Fred (---.---.27.51) 28 février 2006 23:20

              Peut etre faut-il essayer de trouver des justificatifs au succes d’un tel ouvrage autres que le manque de culture des lecteurs. En periodes difficiles, il est possible que les lecteurs cherchent du divertissement plutot qu’un livre hautement intellectuel qui les fasse reflechir. Je ne compte pas le nombre de fois ou j’ai regarde un film a l’histoire et au jeu d’acteur deplorable pour simplement m’attacher aux effets visuels. Ces soirs la, mon but n’etait pas de reflechir mais de decompresser, fais-je parti du « proletariat culturel » ?


            • paul villach (---.---.62.195) 1er mars 2006 12:09

              Oui, l’image choisie de « prolétariat culturel » est forcément dévalorisante. Pourquoi ? Étant admis d’entrée que les droits de la Personne doivent être respectés en chacun, il reste que le mot de « prolétaire » ne peut plus être sacralisé comme il l’a été pendant un siècle et demi.
              - Il caractérise à l’origine l’état économique de celui qui n’a que sa force de travail pour vivre (et même, selon l’étymologie, l’état de celui « qui ne compte dans l’État que par ses enfants »). Cet état économique renvoie à une situation de manque et de dénuement, avec toutes les conséquences qui en découlent et qui contrarient la construction intellectuelle et morale de la personne et celle de la société qui la favoriserait.
              - Cette situation économique n’implique pas évidemment une infériorité morale, mais seulement une infériorité de moyens disponibles engendrant un état de dépendance. Mais il n’implique pas davantage un label de supériorité automatique comme on l’a fait croire pendant un siècle et demi, puisqu’il suffisait, disait-on, que ce prolétariat (ou ses représentants) prenne (nt) le pouvoir pour que « chantent les lendemains ».
              - Cette image, mal comprise, peut être contestée. Elle reste, en effet, une image avec cette part d’exagération qu’implique nécessairement le procédé de la métaphore. Mais, il me semble qu’elle est utile pour comprendre que la production culturelle aujourd’hui est en danger, en raison même de la recherche du maximum d’audience par les médias (livres, cinéma, télévision, internet) qui conditionne le maximum de profit escompté. Or, tout le monde le sait, cette audience maximale ne peut se réaliser qu’à condition de s’aligner sur le niveau culturel le plus bas qui caractérise le plus grand nombre de personnes : voyez les taux d’audience dont s’enorgueillissent certaines chaînes de télévision dans leur propre publicité et voyez à quelles émissions ils s’appliquent ! On peut en dire autant des films et des livres, qui sont désormais les produits de recette calibrée et non le fruit des méditations d’un auteur.
              - Et pour finir, « le leurre de la pression du groupe » fait croire hardiment que le plébiscite du grand nombre consacre la qualité d’une œuvre. Le tour est joué !
              - Mais, j’en conviens, cette qualité n’est pas davantage affirmée par le désintérêt du grand nombre, même si, je partage le point de vue de Descartes, selon qui « la pluralité des voix n’est pas une preuve qui vaille rien pour les vérités un peu malaisées à découvrir, à cause qu’il est bien plus vraisemblable qu’un homme seul les ait rencontrées que tout un peuple. » (« Discours de la méthode », 1637)


            • Fred (---.---.155.75) 1er mars 2006 13:09

              Le problème à vous écouter est que l’on a l’impression qu’un livre ou un film destiné au grand public va forcemment affecter le reste de la production culturelle.


            • myriade33 (---.---.96.222) 2 mars 2006 10:38

              C’est vrai, la lecture de ce pavé est au moins récréative après une journée dans un milieu éprouvant (genre les urgences pédiatriques ou les soins palliatifs), et les informations du soir, guère réjouissantes. Plus inquiétant à mon avis, les fameux « circuits touristiques spécial da vinci code » vendus sur paris à un prix exhorbitant ! Car je suis d’accord, le Da Vinci n’est pas non plus un livre à ce point mémorable.


            • Laurent (---.---.93.242) 28 février 2006 16:13

              Bien que je ne pense pas beaucoup de bien du livre en question je ne crois pas que je partage entièrement votre analyse. Certes, ce livre n’est pas ce qu’on peut appeler de la littérature, son écriture est tout au plus quelconque. Certes l’intrigue est relativement prévisible et les énigmes qui nous sont proposées sont à peu près du niveau d’un enfant de 12 ans. Par contre je ne trouve pas que ce soit un « pensum illisible » (1). C’est même parfaitement lisible et par le plus grand nombre ce qui est une des raisons de son succès.

              Pour ma part je l’ai lu intégralement (en anglais il est vrai, peut être que la traduction est encore moins bonne), sans passion et sans plus d’intérêt que cela, ce livre se lit en deux temps trois mouvements. C’est un livre de piètre qualité, ok.

              Le découpage des chapitres est une technique narrative bien connue dans les romans anglo-saxons d’un niveau littéraire limité (comme chez Tom Clancy) mais pas seulement. Par exemple, Tolkien dans le Seigneur des anneaux (qui est quand même reconnu comme une oeuvre littéraire de qualité et ce bien avant que le film ne sorte) emploie une technique similaire. Donc ce n’est pas le découpage qui est en cause mais bien l’écriture elle-même. Quant à l’intrigue de base, bien qu’au final elle soit bien décevante, pourquoi serait-il mauvais de revisiter le mythe de Jésus Christ (oui je sais le personnage a existé, c’est sa filiation que je range au rayon des mythes). Donc l’un dans l’autre si je suis d’accord avec vous sur le côté navrant du succès du Da Vinci Code, je le suis moins avec vos arguments.

              Je dirai que c’est justement la facilité de lecture et l’inculture du sujet joint à la pauvreté des énigmes qui sont des révélateurs de la raison pour laquelle ce livre a eu autant de succès. Au final cela signifie qu’il ne suffit pas d’une campagne médiatique pour que les gens lisent, il faut également que l’écriture soit du niveau d’un enfant. Par exemple pour revenir sur Tolkien je ne pense pas que vingt millions d’exemplaires du Seigneur des anneaux aient été vendus depuis la sortie du film.

              Et c’est là justement que les choses deviennent effrayantes, car les gens ne sont plus capables aujourd’hui de consacrer des efforts à lire des livres intelligents. Or un raisonnement compliqué ne peut passer que par l’écrit, cela rend donc pessimiste quant à l’avenir de notre société. Et pour revenir sur votre titre, oui, le libéralisme a effectivement réussi à rendre tout discours un tant soit peu évolué inintelligible au plus grand nombre.

              C’est finalement l’ultime censure, et pour rester dans les livres cela est très bien décrit par Jean-Christophe Rufin dans « Globalia » (qui n’est pourtant pas son meilleur livre à mon humble avis, je préfère largement « l’Abyssin » ou « Rouge Brésil »).

              (1) En terme de pensum illisible je trouve qu’un livre comme « Lauve le pur » de Richard Millet ou des livres de Chrisine Angot (je ne sais plus lequel j’ai lu il y a déjà quelques années) par exemple, sont beaucoup plus illisibles, bien qu’encensés par la critique littéraire.

              • Peper (---.---.39.106) 28 février 2006 17:09

                Vous confondez deux notions qui, pour moi, n’ont pas à être mélangées : la facilité de lecture et l’intelligence du livre. Lire des livres mal écrit n’est pas une preuve d’intelligence, au contraire, et les auteurs intelligents pourraient très bien rendre accessible leur livres au plus grand nombre, s’ils n’étaient pas élitistes ou obscurantistes.

                Il est, en effet, tout à fait possible décrire des livres intelligents et faciles à lire. C’est d’ailleurs une preuve d’intelligence que de rester compréhensible tout en racontant des choses intelligentes. Les anglo-saxons l’ont bien compris, eux qui s’efforcent de développer un style direct, facile à lire et accessible aux plus grands nombres

                Le jour où les auteurs francophones qui se disent intelligents auront compris cette règle plutôt que de se complaire dans un style abscon, leurs idées et la diffusion de leurs livres pourra peut-être avoir un peu d’impact.


              • F.C. Bachellerie (---.---.165.193) 28 février 2006 16:37

                20 millions d’être humains qui ont lu ’Da Vinci code’, ça fait quand même 5 980 000 000 qui n’en ont rien à faire !... Bon, je suis persuadé que ceux qui ont acheté et lu ’Da Vinci code’ sont pour la plupart de nouveaux-venus au monde du livre. Comme vous le notez fort bien, ce livre est traité de la même manière que les livres de la Bibliothèque Verte grâce auxquels j’ai eu la joie d’être initié aux plaisirs de la lecture (vers l’âge de 8 ans). Je suis conscient que je fais partie d’une caste de chanceux qui ont pu, à la fois par éducation et par goût, développer la pratique de la lecture, jusqu’à apprécier, comme d’autres, Umberto Eco, J.L. Borges, Georges Perec ou Italo Calvino... Maintenant tous n’ont pas eu cette chance de recevoir la ’révélation’ à 8 ans sous les bons auspices de Philippe Ebly ou d’Enid Blyton. Mieux vaut tard que jamais, et si ’Da Vinci Code’ permet au monde des lecteurs de conquérir de nouveaux territoires alors tant mieux ! Harry Potter, livre pour la jeunesse, semble avoir aussi converti de nombreux adultes. Qui s’en plaindrait ? Il reste encore tellement de non-lecteurs à initier.


                • Vincent (---.---.224.192) 28 février 2006 17:19

                  20 ou 40 millions vendus ? Cela n’a pas d’importance. C’est amusant de voir en France l’impact de se roman de loisir. Je ne vis, aux Etats Unis comme en France, pas au milieu de gens qui considèrent cela comme étant de la culture. Je n’en ai entendu parle qu’a travers les média et quelques adolescents U.S. : « C’est un roman rigolo, c’est pas pour adultes ». Je trouve inquiétant que le niveau de culture et esprit critique Français soit très en dessous de celui de l’adolescent moyen U.S. ...


                  • Antoine (---.---.20.201) 28 février 2006 17:22

                    Sous-culture, oui. Bravo pour cet article.


                    • Fred (---.---.155.75) 28 février 2006 17:39

                      Si on apprécie votre opinion littéraire sur cet ouvrage, on se passerait amplement des commentaires visant à juger le reste de l’humanité et son niveau intellectuel. Tout comme ian82, je trouve votre dernier commentaire très déplacé et plein de suffisance.


                      • ian82 (---.---.247.32) 28 février 2006 17:46

                        Mais vous vous rendez compte de ce que vous affirmez ????

                        L’esprit et la culture du français moyen sont plus bas que celui d’un teenager américain !!!

                        C’est un roman de plage qui a été beaucoup lu comme d’autres l’ont été et qui est adapté au cinéma.

                        Ce n’est pas de la sous culture, c’est du divertissement, du loisir.

                        Rien de plus !!!

                        Paul Villach affirme en fin d’article que le petit peuple prolétaire veux imposer ce genre de livre comme référence littéraire et il appelle ça « la dictature du prolétariat culturel »...

                        C’est vraiment dingue !!! Qui a dit ça ??? Qui souhaite ça ???

                        Ne vous contentez pas de juger les lecteurs de ce livre pour leur pauvreté d’esprit et leur manque de sens critique mais, vous aussi, faites preuve de sens critique sur la conclusion de cet article qui est hallucinante !

                        Comme le dis ’peper’ un peu plus haut, si les livres intelligents se mettait à la portée de la capacité de lecture de plus grand nombre, ils seraient plus lus.


                        • dialo (---.---.249.110) 28 février 2006 18:31

                          Da vinci code a marché car il y a dans ce livre une fois de plus la recette de la théorie du complot. Le public dans sa majorité, peu instruit, prèfère la notion de complot à la banalité ou à la complexité du mal.


                          • gf07 (---.---.246.206) 28 février 2006 19:58

                            Prèfère la notion de complot à la banalité ou à la complexité du mal, tres belle formule ; à etendre à l’article initial et certains commentaires qui préferent une analyse politique sommaire ( c’est la faute au liberalisme et à la publicité !) plutot qu’a une vrai reflexion sur le manque de culture dans notre société.


                            • herbe (---.---.152.69) 28 février 2006 22:06

                              Je n’avais pas pu partager cette sensation que traduit cet article de façon très nette. Sans se faire juger pour élitisme, n’y a t’il pas une inversion de valeur ? Les effets pervers du quantitatif par rapport au qualitatif ? Ca me rappelle une expression (je ne sais plus où je l’ai lu) qui traduit assez bien la dictature du nombre (ou de l’audimat) : « 100 milliard de mouches ne peuvent pas se tromper, il faut bouffer de la merde ! »


                              • Albert LI (---.---.172.73) 1er mars 2006 07:38

                                Pour ceux qui voudraient savoir ce qu’est vraiment le libéralisme :

                                http://cvincent.club.fr


                                • Jojo (---.---.205.48) 1er mars 2006 08:54

                                  « Ces millions de pavés vendus sont bien la preuve que ces gens sous-cultivés et désorientés se comptent par millions et qu’ils orientent désormais la production culturelle. Le communisme en avait rêvé, le libéralisme de marché l’a réalisée : la dictature du prolétariat culturel est installée. »

                                  Il y a contresens sur la signification de prolétariat (qui fournit le travail par opposition à bourgeois qui possède le capital). Sauf à vouloir dire que l’auteur, membre d’un prolétariat culturel, impose la piètre qualité de sa production.


                                  • Amara (---.---.15.53) 1er mars 2006 12:32

                                    L’argumentation est réussie mais je pense que vous faites une erreur , en tombant dans le piège tendu par ce livre , et dans lequel la grande majorité des personnes se sont retrouvés . Ce livre est une sorte de fast food de la litterature il contient tout ce qui est bon pour se laissé manger rapidement. La recette n’est pas miraculeuse et extraordinaire pour des personnes très calés en littérature, mais elle satisfait très bien la majorité des gens. Quoi que vous en disiez l’auteur malgré certains passages dont le style n’est pas très soigné, n’a pas une écriture digne d’une redaction d’un éleve de 4eme. Et il parvient à créer malgré tout du suspense et son merite selon moi , reside dans le fait qu’il a mis dans son livre tout les bons ingredients nécéssaires pour cuisinez un roman « grand public » réussi. Pour un succès à la dan brown vous devez donc : Commencez par mettre une histoire d’amour non avouée et un flirt qui dure presque tout le long du livre. A cela vous rajouter des grands secrets de l’Eglise et vous soupoudrez d’histoire familiale et d’une dose minime de veracité scientifique . Vous n’oubliez pas de mettre quelques crimes ici la et une théorie du complot vieille de 1000 ans. Et vous obtenez un livre à succès , qui vient empietez sur les plates bandes de thèmes peu developpés en général pour le lecteur lambda et qui malgré tout attirent . Je comprend tout à fait votre réaction, elle est légitime . Mais de tout temps il y a eu des choses dont « la masse » rafolait et que les intellectuels ne pouvait que condamner (les executions en place publique/certaines theses de l’église etc)

                                    Pour conclure j’ajouterais juste que il faut savoir et pouvoir aprecié les plaisirs d’un bon hamburger bien gras,sans se dire que si tout le monde y va c’est parce que les gens ne sont que de simple moutons completement lobotomisés par le systeme et cela même si vous ètes habitué de certains tables dans des restaurants recommandées par le guide michelin.


                                    • Le toucan rouge 1er mars 2006 13:44

                                      J’avoue que j’ai rarement vu un tel concentré de suffisance et d’élitisme, le tout dans un ton presque paternaliste.

                                      Est-il difficile d’admettre, que même si Da Vinci Code n’est effectivement pas de la grande littérature, c’est un roman qui remplit parfaitement son rôle : divertir.

                                      Estimer que si ce livre s’est vendu, c’est que les gens sont des moutons sous-cultivés et lobotomisés et d’une arrogance rare.

                                      Je vous le dis haut et fort : oui j’ai lu Da Vinci Code, et oui je l’ai apprécié.


                                      • Méric de Saint-Cyr Targun Laziz 1er mars 2006 17:40

                                        Tout comme les religions, la publicité, la mode, l’humain adore suivre le troupeau, mécanisme de contagion.

                                        Le succès du DaV.Code est liée à une conjugaison de courants porteurs : épuisement des religions qui n’apportent plus rien, panurgie, effet « boule de neige » du succès, la petite phrase qui tue « en avez-vous entendu parler ? », etc.

                                        Franchement, en matière de délire collectif le DaV.Code n’arrive pas à la cheville de la bible, du coran et autres livres prétendument « sacrés » et tout aussi désopilants.

                                        Une débilité en vaut bien une autre, et tant mieux si avec cette débilité Dan Brown s’est fait du fric. Il ne s’en sera pas fait autant que certaines mosquées ou églises avec leur roman de SF que sont bible, torah, coran, bagavad ghîta et consorts.


                                        • jean paul (---.---.4.10) 1er mars 2006 18:20

                                          Question, supportez-vous le succès commercial d’un auteur, d’une oeuvre ? Le succès probable des bronzés 3 va t-il également vous insupporter ? Mais bon, vous appartenez au courant des hérissons qui fait toujours grise mine devant ces phénomènes. cdt


                                          • Christophe (---.---.63.14) 2 mars 2006 19:19

                                            Pour avoir lu ce livre, par simple curiosité puisque j’ai débuté par un autre ouvrage qui y faisait référence pour corriger les âneries que Dan Brown avait inséré, j’admet être en accord avec vous sur la valeur de ce livre (que je n’appelerai pas oeuvre).

                                            Mais il consternant de constater que le harcellement commercial porte ses fruits ... même pour vendre de la m... ! Au moins, le commerce en sort grandi !


                                            • Charo (---.---.182.47) 4 mars 2006 23:21

                                              Je sens poindre derriere ce texte une petite pointe d’élitisme culturel, à moins que cela ne soit un peu de dédain pour ce qui est le « proletariat »....

                                              Néanmoins, je ne peut qu’approuver la critique contre un livre qui ne represente que le seul interet d’être un pretexte à faire un film....


                                              • paul villach (---.---.162.133) 5 mars 2006 20:13

                                                Élitisme ? N’en croyez rien. J’ai répondu par deux fois à un autre lecteur (que vous retrouverez dans la liste des lecteurs de mon article) ce que j’entendais par cette image un peu surprenante (je vous l’avoue) de « prolétariat culturel ». Du moins invite-t-elle à désacraliser ce terme de prolétariat, puisqu’ une des leçons du 20ème siècle est bien aussi sa désacralisation. Ma critique va plutôt à l’impréparation dans laquelle l’Éducation nationale laisse des générations et des générations, ainsi livrées sans défense aux stratégies commerciales qui, elles, ont su tirer parti des travaux comme ceux de Solomon ASCH (1953-1955) sur « la pression du groupe » ou encore de Stanley MILGRAM (1960-1963) sur « la soumission à l’autorité ». Cela fait plus de 50 et 40 ans ! Pourquoi l’École n’intègre-t-elle pas ces connaissances dans le socle d’un Savoir fondamental pour que les citoyens accèdent à l’autonomie de jugement ? Je puis vous assurer que ces connaissances peuvent être mise au niveau de tous en s’y prenant bien. Et qui sait si cette brèche dans le formalisme scolastique de l’École ne susciterait pas l’intérêt renouvelé des élèves qui alors comprendraient à quoi sert le Savoir ? Paul VILLACH


                                              • Erasme (---.---.12.236) 9 mars 2006 02:08

                                                Cher Monsieur, Je crois bien reconnaitre dans cette extention purement formelle du prolétariat les derniers feux d’un ex-marxiste quelque peu aigri car je ne vois pas ce que le communisme vient faire ici, à moins de mettre « cavalerie rouge » et « da vinci code » sur le même plan, ce que je ne m’autoriserai pas à faire ! En outre pour un lettré élitiste et un peu ...méprisant mais gerroyant contre le formalisme (votre texte sur les trois arguments très bien) vos rapprochements encore une fois cède à la facilité et à la mode des livres noirs.


                                                • sophie neveu (---.---.99.139) 20 mars 2006 20:29

                                                  Je m’appelle Sophie Neveu et ne suis pas un personnage de fiction. A vous lire, cela pourrait ressembler à une calamité de s’appeler ainsi. Mais, se faire représenter par Audrey Tautou au cinéma, il y a pire ! J’ai fini par lire le livre et l’ai pris pour ce qu’il était c’est-à-dire un polar, et depuis, je ne me sens pas sous-cultivée.


                                                  • Vanora (---.---.98.25) 1er avril 2006 13:58

                                                    C’est lamentable d’oser écrire un article pareil ! Laissez-moi vous dire Mr Villach, que vous devriez avoir honte ! Comment pouvez-vous manquer de respect à un écrivain qui s’est donné du mal pour écrire ce livre ?! Eh oui, Dan Brown y a passé plus de trois ans ! Alors, vous êtes tout à fait en droit de ne pas avoir apprécier le livre, cependant vous pourriez au moins resté respectueux ! Votre nombre d’années d’études ou vos diplomes ne vous donnent pas le droit de manquer de respect aux autres ! Il est certes plus facile de critiquer quelque chose que de dire que l’on aime quelque chose. C’est toujours pareil. Les gens qui aiment un livre ne se donnent pas la peine de le dire, alors que ceux qui n’aiment pas le livre le crient sur tous les toits, ou font des procès (comme Baigent et Leigh contre Dan Brown) ou décident de boycotter le film (c’est le cas de l’Opus Dei) ! C’est à croire que les gens qui n’aiment pas le Da Vinci Code ont un besoin irréprecible de le faire savoir, comme si c’était vital pour eux ! Je vous signale que ce n’est pas votre vie qui est en jeu ! Ce n’est qu’un livre ! Alors relativisez un peu ! Et comment osez-vous vous moquer de ceux qui lisent ce livre ?! Comment osez-vous nous traiter de « sous-cultivés » ?! Allez dire aux 43 millions de gens à travers le monde qui ont acheté le Da Vinci Code qu’ils sont « sous cultivés » ! Il ne suffit pas d’avoir fait des études pour être cultivé ! Avez-vous interrogé les gens qui ont acheté le Da Vinci Code ? Leur-avez vous demandé s’ils étaient « cultivés » ? Vous sous-entendez donc qu’il faut être un imbécile pour lire le Da Vinci Code ?! Je ne pense pas être une idiote ! J’ai fait des études et j’ai moi aussi une capacité à raisonner ! (Par ailleurs, je connais des gens très cultivés qui ont apprécié ce livre ! Et qui ont eu l’intelligence de faire la part des choses et d’apprécier ce roman en tant que ROMAN !!!) Je pari que vous avez écrit cet article exprès pour vous mettre des gens à dos ! Exprès pour qu’on vous le reproche ! Laissez-moi vous dire que c’est vous qui êtes « sous-cultivé » ! La vraie culture ne vient pas du nombre d’années d’études ou de l’érudition dont vous faites preuve dans votre ignoble article ! La vraie culture, si vous en possédiez une, vous ferait prendre conscience qu’avant de critiquer les autres, il faut d’abord se remettre en question soit-même !


                                                    • paul villach (---.---.34.198) 2 avril 2006 17:05

                                                      Madame, Il est dommage que votre entichement pour « le produit culturel Da Vinci Code » vous conduise à l’invective. Cela ne mène nulle part. Il m’aurait intéressé, au contraire, que vous réfutiez mes arguments, ou à défaut, que vous me disiez ce qui vous plaisait tant dans ce « produit » que vous nommez roman. Quant aux 43 millions de lecteurs de ce « produit », que vous évoquez, je crois avoir commencé mon article en rappelant les travaux de Solomon ASCH sur « la pression du groupe », qui montrent que sous la pression du groupe, des gens sains d’esprit sont capables d’admettre qu’un bâton de 5 cm est égal à un bâton de 20 cm... Le plébiscite par le grand nombre ne suffit donc pas à établir qu’une oeuvre culturelle est de qualité. Je vous renvoie à notre Jean de la Fontaine qui, dans sa fable « Démocrite et les Abdéritains » (« Fables », VIII, 26) écrit : « Le peuple est juge récusable, etc. »


                                                    • Vanora (---.---.98.25) 3 avril 2006 00:01

                                                      Monsieur, tout d’abord, je tiens à vous remercier d’avoir répondu à mon message. Je ne savais pas si vous le feriez. Je suis, contrairement à ce que vous pensez peut-être, tout à fait ouverte au dialogue. J’aurais tendance à penser que ce n’est pas votre cas. Je vous rappelle que c’est votre article qui était irrespectueux. Mon premier message l’était donc également. Le respect, monsieur, doit se faire dans les deux sens. Alors, oui, mon message vous a certainement paru véhément. Et c’était le but recherché ! Vous n’y allez pas de main morte dans votre article, je fait donc de même ! Je constate avec regret que vous méprisez toujours autant les lecteurs du Da Vinci Code ! Dans votre message (tout aussi irrespectueux que votre article) vous insinuez encore que le Da Vinci Code n’est qu’un « produit » ! Je ne trouve pas de mots suffisament forts pour vous exprimer ma colère ! Ce « produit », monsieur, est un « roman », désolée de vous le dire ! Il n’y a pas d’autre mot pour le qualifier ! Le mot « roman » est inscrit sur la couverture du livre ! Vous faites du mauvais esprit en persistant à le nier. Bien sûr, selon votre point de vue, ce n’est qu’un produit. Mais, voilà, officiellement, et pour beaucoup de gens, c’est un roman ! Alors, s’il-vous-plait, ayez l’honnêteté de l’admettre ! Si vous voulez jouer à ce petit jeu, ce sera sans moi ! Je ne joue pas avec les mots ! Je vois ce qui est écrit sur la couverture du roman ! Eh oui ! Je suis probablement moins intelligente que vous ! C’est vrai, je fais juste partie du « prolétariat » moi ! Tandis que vous, vous êtes d’une intelligence tellement supérieure ! Votre article est plein de suffisance monsieur. Et je n’hésite pas à vous le dire ! Je constate, par ailleurs, que vous n’avez pas repris tous les points de mon message. J’en déduis donc que vous êtes d’accord avec moi ?! Vous êtes d’accord que Dan Brown s’est donné du mal pour écrire ce livre. Vous êtes d’accord qu’il a passé trois années à faire des recherches, à réfléchir (oui, car lui aussi est doué de pensée !), à écrire... Trois années de travail, qui, même si vous avez l’air de les avoir complètement oubliées, méritent le respect ! Il y a tellement de livres qu’il me serait facile de « descendre » ! Mais, moi, je ne me permettrais pas de le faire ! Pas d’une façon aussi radicale ! Vous vous dites intéressé d’entendre les arguments des autres. Mais vous semblez tellement désireux de montrer votre « vérité » que vous supprimez inconsciemment toute possibilité de dialogue ! Comment rester calme face à l’article que vous avez écrit ? Comment un « fan » du Da Vinci Code peut-il ne pas se sentir visé ou même agressé ?! Oui, votre article est une agression, monsieur ! Il n’y a pas d’autre mot ! Des articles visant à rabaisser le Da Vinci Code, j’en ai lu des dizaines et des dizaines ! Mais aucun n’avait autant d’arrogance et de méchanceté gratuite que le votre ! Je me suis sentie profondément blessée à la lecture de votre article ! Certaines personnes ne se rendent pas compte qu’il est facile de critiquer, mais qu’il est aussi très facile de faire du mal ! Bien sûr, ce n’est qu’un livre ! Vous me direz probablement que j’agis d’une façon puérile en me vexant de la sorte ! Mais, il se trouve que c’est un livre qui m’a apporté beaucoup de joie. C’est un livre que j’ai trouvé divertissant et intéressant. L’intrigue est palpitante, et les personnages attachants. C’est un livre qui m’a permit de m’évader d’une réalité parfois trop brutale et douloureuse. Vous ne savez pas ce que vivent les gens, monsieur ! Vous n’avez donc aucun droit de juger leurs formes de divertissement ! Tout divertissement est bon à prendre s’il nous fait du bien et s’il nous permet de nous sentir mieux l’espace d’un instant. Je suis à une période de ma vie où j’ai besoin de m’évader du quotidien qui est le mien, et qui est parfois très difficile à gérer. Je ne rentrerai pas dans les détails, car celà ne regarde personne. Je veux juste vous faire comprendre que le Da Vinci Code m’a fait du bien. Tout simplement. N’est-ce pas la fonction première d’un livre ? Le Da Vinci Code a peut-être beaucoup de détracteurs, mais il a aussi beaucoup de fans. Quant à la « pression du groupe » dont vous parlez, je tiens à vous rappeler que beaucoup de gens ont acheté ce livre car il leur semblait attrayant ! Et non pour suivre un mouvement comme un petit toutou qui suit son maître ! Contrairement à vous, je ne pense pas que le lectorat du Da Vinci Code soit dépourvu de raisonnement et en soit réduit à l’état de sujet lobotomisé, comme vous le sous-entendez ! Toute personne désireuse de lire un livre devrait mériter le respect ! Il y a quelques années encore, j’entendais dire que les gens ne lisaient plus. Que toute forme de lecture leur paraissait rébarbative. Lorsqu’un écrivain du nom de Dan Brown écrit un livre qui donne enfin envie aux gens de lire, c’est lui qu’on accuse ! C’est lui qu’on réduit presque à l’état de fauteur et de cible ! Vous pourriez au moins lui reconnaître la capacité d’avoir ravivé l’intérêt de beaucoup de gens en ce qui concerne la lecture, l’art ou la peinture ! Pourquoi citez vous des auteurs pour appuyer vos arguments ? Vous dites que « le plébiscite par le grand nombre ne suffit pas à établir qu’une oeuvre culturelle est de qualité ». ( Ce qui est d’ailleurs un argument tellement bateau qu’il en est presque irrecevable ! ) Vous sous-entendez donc que pour qu’un livre soit intéressant, il faut qu’il n’ai pas de succès ?! Faites-vous partie de ces gens qui, parce que tout le monde s’intéresse à quelque chose, refuse de s’y intéresser soit-même ?! Ces gens qui se croient tellement supérieurs qu’ils n’accepteraient jamais de s’abaisser au rang de la foule ?! Pourquoi citer des auteurs tels que La Fontaine ou Solomon Asch ? Pourquoi n’utilisez vous pas vos arguments indépendamment de ceux des autres ? Vous pensez peut-être que le fait de citer ces auteurs va m’impressionner ? Les travaux de DEUX personnes, si célèbres et qualifiées soient elles, suffisent-ils à justifier vos arguments ? Permettez-moi d’en douter. Celà prouve juste que vous cherchez, une fois de plus, à vous mettre en avant et à mettre vos diplomes en avant ! Je regrette sincèrement que nous n’arrivions pas à nous comprendre. Ce que je demande, c’est juste un peu de respect et d’honnêteté. Ce n’est pourtant pas grand chose. Si vous répondez à mon message pour me rabaisser encore et être irrespectueux envers le Da Vinci Code, ce n’est même pas la peine de me répondre ! Vous avez le droit d’avoir un avis différent du mien, mais le respect, lui, n’est pas un droit. C’est un devoir de citoyen. (excusez-moi pour la longueur de mon message et pour mes éventuelles fautes d’orthographe)


                                                    • RC (---.---.16.34) 14 avril 2006 05:06

                                                      A la lecture de nombreux commentaires, il semble que c’est dans l’acquisition de l’orthographe que l’école républicaine a failli... (j’ai intérêt à ne pas me rater sur le mien.)

                                                      Tout d’abord, je n’ai pas lu le « plus grand succès éditorial de la décennie ». Aucun commentaire sur la forme du « produit » et de son intrigue.

                                                      Sur le fond maintenant : il m’a semblé que certains ouvrages n’étaient désormais plus présentés aux lecteurs/consommateurs comme de la littérature mais comme des produits. Le Da Vinci Code en fait partie. Ce qui lui a permis d’être introduit sur le marché à grand renforts de publicité, d’une couverture médiatique conséquente et d’une tête de gondole dans de nombreuses librairies et supermarchés. D’où une question : les millions de lecteurs auraient ils été autant attirés par un Da Vinci enfoui parmi d’autres romans policiers ? Il me semble que non. De nos jours, je crois qu’un « artiste » a davantage de chances de rencontrer le succès s’il s’appuie sur une bonne campagne de relations publiques et un éditeur fortuné que s’il compte sur son talent. C’est valable pour la plupart des formes d’art. Les chiffres de vente ne sont en aucun cas un moyen d’apprécier la valeur d’une oeuvre.

                                                      A voir les classement des meilleures ventes en librairies et la survie d’une littérature du niveau des S.A.S., il ne faut pas s’étonner de voir des romans dont l’intrigue est basée sur le conflit et/ou de sombres histoires de sexe se vendre aussi bien. Ca fait partie de la nature humaine, l’homme aime que l’on fasse appel à ses plus bas instincts. Les « leurres » auxquels vous semblez faire référence resteront efficaces encore longtemps.

                                                      Ce qui m’a amusé en lisant les différentes réactions, c’est à quel point l’on peut faire oublier tout un argumentaire en utilisant une expression (prolétariat culturel) si fortement connotée. Beaucoup semblent avoir oublié le reste de l’article. Le fait est, une étude sociologique est à envisager, que ce genre de produits culturels trouveront davantage d’écho auprès d’une population dotée d’un capital culturel pauvre, parce que justement on le lui sert sur un plateau, qu’il est facile à consommer et facile à oublier. Encore que là, le concept de capital culturel comme son auteur fassent encore référence à des idées bien ancrées à gauche. Ce n’est pas faire preuve d’un quelconque élitisme culturel que d’énoncer ça. Il faut juste prendre le DVC pour ce qu’il est : un roman policier de plus.

                                                      Le succès du DVC s’expliquerait donc à la fois par les techniques qui ont été utilisées dans sa vente et par l’immense pouvoir du bouche à oreille/pression du groupe. Et c’est là que l’école républicaine, laïque et gratuite a failli. Elle n’a pas doté les citoyens/consommateurs de l’esprit critique et des outils d’analyse qui leur permettraient d’analyser rationnellement les choix qu’ils font. Au contraire, elle semble apprendre à ceux qui passent dans ses classes à ne pas questionner la masse de messages qu’ils reçoivent quotidiennement et à ne surtout rien remettre en cause. « C’est vrai, ils l’ont dit à la télé. »

                                                      Sur ce, je mets fin à ma litanie de platitudes. Aussi bien, le bouquin est bon...


                                                      • paul villach (---.---.189.220) 14 avril 2006 09:46

                                                        Merci, cher lecteur, d’avoir recadré avec précision le problème que je posais et que nombre de contradicteurs se sont obstinés à ne pas voir. Je reconnais que le terme de « prolétariat culturel » est provocateur. Il ne l’est en fait que pour celui qui a sacralisé le mot et ce qu’il représente, c’est à dire un état de dépendance extrême, bien peu enviable. Il l’est aussi pour le fan du « libéralisme de dérèglement » qui ne peut supporter l’idée que la loi du marché appliquée aux oeuvres de l’esprit ne peut que favoriser la diffusion des produits les plus sommaires quand la masse de clients potentiels ne dispose que d’un capital culturel très faible -ce qui peut être le cas de tout spécialiste en quelque domaine que ce soit, si sa culture en dehors de sa spécialité est restée au niveau primaire ou peu s’en faut. Mieux que toute évaluation d’experts avec courbes et diagrammes, le succès de ces produits culturels - qu’il s’agissent de livres, de magazines, de films ou d’émissions de télévision - signe la qualité d’une École, quand une classe d’âge entière est scolarisée. On n’en sort pas : « on juge l’arbre à ses fruits » ! La nouvelle donne de l’univers médiatique exige donc une refonte complète du contenu du Savoir qu’il s’agit de transmettre, du moins si le but d’une École dans une Démocratie est de former des citoyens et non pas seulement des pauvres bougres ultra-spécialisés aux compétences remarquables, mais incapables de penser « les choses de la cité » - qui se nomment « politique » en grec, et « république » en latin.


                                                      • vinc’ (---.---.101.97) 18 avril 2006 15:17

                                                        Il semble, à la lecture des nombreux commentaires que des questions telles que le Da Vinci Code est-il est produit culturel, commercial ou un simple roman de loisir soit bien au cœur de vos nombreuses réflexions. Tout d’abord la forme : elle rend ce livre accessible au plus grand nombre. De plus elle force, par les nombreuses « chutes en fin de chapitre, un lecteur a tué le suspense en avalant le pavé sans le mastiquer, et c’est tant mieux car le goût(style) est plutôt insipide.

                                                        Pour ma part, je dirai que, sans trancher entre le produit de consommation récréative et la pure œuvre de culture, il est maintenant naturel de parler de roman culte, égard au nombre d’exemplaires vendus. Cela étant, je crois que le vrai génie de D. Brown a été justement de réussir ce savoureux mélange de sacré et de profane. Ce livre a tout de même le mérite de remettre en cause, au sein d’une œuvre fictionnelle bourrée d’ésotérisme, je vous l’accorde, l’un des fondement de notre civilisation chrétienne. Sans doute ces combats sont-ils d’arrière garde pour vous, mais cela a peut être aidé beaucoup à se poser des questions sur la foi, la religion, leurs croyances et autant de problématiques, qui ne sont peut être pas assez contemporaine à votre goût, mais d’une universalité incontestable.

                                                        Ensuite à chacun son niveau de réflexion , et là on ne peut blâmer ni le lecteur, ni l’œuvre éjectant toute dialectique autour des thèses qu’elle déploie au profit d’une fiction commerciale. C’est pour moi, là, le plus gros défaut du livre, avancer masqué sans s’adresser au lecteur en tant qu’être intelligent.

                                                        Sur la question de la « culture prolétarienne », cela n’a rien de choquant quand on entend par prolétarienne, culture de masse. Hélas aucun d’entre nous n’est en mesure de décider ce qui doit rentrer dans cette culture de masse et dans l’ensemble de références communes au plus grand nombre, et sûrement pas vous M. Villach. Cette culture de masse ne doit pas vous inquiétez, car j’ose croire que personne ne la confond avec votre Culture, qui elle a traversé les siècles(ce qui ne sera pas le cas de DVC ou de Harry Potter, du moins je l’espère)

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