Non Yoda,
Unir ses forces, ce n’est pas seulement diviser le travail et se spécialiser. C’est d’abord agir ensemble, se trouver dans une même situation. Les hommes tendent un piège au mamouth, les femmes sont là derrière à attendre et à encourager, prêtent à s’élancer pour le dépeçage une fois la bête à terre.
Unir ses force, c’est communier dans les mêmes croyances.
Nous vivons dans une société d’individus, séparés, isolés.
Ce que je trouve arrogant, c’est de refaire des milliers d’années d’histoire autour des concepts d’une discipline. L’économie n’a pas vocation à tout expliquer. L’échange au sens moderne n’apparait qu’avec les sociétés de troc. C’est déjà tardif. Dans la pré-histoire, les membres d’un groupe humain donné cherchent à survivre avant toute chose. L’idéologie économique qui sévit aujourd’hui aurait éradiqué notre espèce. Elle n’est valable que dans des sociétés qui peuvent se permettre de perdre de nombreux membres parce que numériquement ça n’affecte pas le devenir du groupe. Dans une société où la démographie est un problème central, le discours économique moderne est tout simplement suicidaire. Ce qui compte, c’est le groupe. C’est sa survie. S’il y a des sacrifices individuels à faire, c’est pour la survie du groupe. Pour le reste, les maladies, les disettes et les conditions de vie suffisent amplement pour créer au quotidien l’incertitude existentielle. D’où l’importance de se concilier les puissances supra-naturelles.
Je ne conteste pas que l’échange existait, ce que je conteste, c’est la façon de relire le passé avec un concept moderne qui laisse à croire que l’état des sociétés humaines était identique (finalement) au nôtre. C’est faux. Chaque développement de l’humanité connait ses propres contraintes. Ce qui est vrai à une période ne l’est pas forcément à une autre. Ce qui sous-tend un tel discours rétrospectif, c’est une vision syncrétique des données historiques. Différents éléments mal maitrisés se mélangent en un même ensemble, en une même représentation. On peut donc appliquer le plus naturellement du monde des concepts de notre temps à un temps où ils n’existaient pas pour les hommes de ce temps là.
Ce que je dis, c’est qu’il faut faire attention.