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Commentaire de François-Ferdinand De la Friche en Souche

sur Sarkozy, fossoyeur de l'identité nationale


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Opérer encore un distingo entre les partis de gouvernement de droite ou de gauche restera toujours une impasse : les différences relevant plus de la nuance que de l’opposition idéologique : l’alternance entre partis de gouvernement gauche ou droite sert avant tout à maintenir pour quelque temps encore l’illusion démocratique dans laquelle nous vivons et à laquelle nous espérons le Monde se convertira. Petite réflexion donc…

En effet, une illusion, un décor certes confortable et rassurant, où l’homo occidentalis évolue : un spectacle sur Ecran LCD géant : et cela jusque la Politique, où quelques intermittents carriéristes et interchangeables passent d’un fauteuil à un autre, d’un portefeuille à un autre : un grand carnaval pseudo-démocratique, fait de fans et d’idoles, avec des citoyens-clients votant pour le candidat à la stupidité et la banalité les plus affirmées, ainsi rien ne saurait troubler le doux confort du conformisme et de nos certitudes de civilisés.  

L’agonisant Etat ? hmmmm….aux mains de peo-politiques : un paysage politique fait de syndicats-partis au service de l’oligarchie économique/financière et de corporations idéologiques : pour lesquels l’Etat n’est plus que la marque d’un pouvoir négatif voué à la sécurité, à la salubrité, à l’immunité, au contrôle. De fait : un Etat de droit oligarchique, où le discours politique n’est plus qu’un même et éternel slogan, où par l’inversion logique des causes et des effets apparaît de plus en plus le fond antidémocratique. Un Etat qui légitime l’illimitation capitaliste de la richesse, et stigmatise l’illimité de la richesse humaine. D’emblée : les gouvernants n’ont plus de véritables responsabilités par contre ils ont tous les pouvoirs : ne reste alors que le peuple devenant seul  responsable alors même qu’il a perdu tout pouvoir objectif. De fait ce mythique peuple devient dans son ensemble la toute aussi mythique « classe dangereuse » : avènement post-moderne de  la biopolitique où la seule relation à demeurer entre Etat et citoyens est le Contrôle : un contrôle maintenant pouvoir oligarchique et empêchant toute démocratie réelle. 

Bien entendu, aucun parti politique de même que le pouvoir politique ne pose la nécessité de repenser notre système face aux changements majeurs s’étant produit et ceux à venir : notamment l’interdépendance Global et Local engendrée par cette mondialisation tant voulue : de fait ils empêchent toute remise en cause de notre système actuel, évitant toute réflexion globale, toute interrogation sur sa mécanique particulière. 

Donc quelle est cette mécanique ? d’un : la mécanique électorale qui pourrait se traduire ainsi : le Peuple par le vote abdique. De fait, l’électeur-citoyen, en déposant son bulletin dans l’urne, ne fait rien d’autre que transférer à autrui sa part de pouvoir politique, sans aucune garantie si ce n’est celle des promesses électorales : donc pacte de confiance. Mécanisme certes démocratique mais somme toute particulier puisque volontairement le citoyen renonce à son « pouvoir » pour le transmettre à un représentant sans aucune contrepartie que celle née de la confiance en la classe politique.

Les citoyens, les électeurs renoncent donc bel et bien dans les faits, à toute action politique individuelle par le biais de leurs votes, ils y renoncent jusqu’aux prochaines élections où à nouveau ils seront appelé à répéter ce même rituel de choix-renoncement politique. Un cycle perpétuel où l’action citoyenne se limite au vote, et non pas à l’action politique. Que se passe-t-il donc en bout de chaîne ?

 Ceux que l’on appelle élus plus souvent que représentants ou délégués : ces représentants auxquels les citoyens ont confié le Pouvoir, accordent-ils leurs actions politiques en fonction du choix des électeurs ou sont-ils bien souvent tentés de poursuivre des objectifs qui n’ont plus rien de démocratique ?  

Le clientélisme, le  carriérisme, l’élitisme, la corruption sont des constantes semble-t-il de même que les liens d’assujettissement de plus en plus affirmés entre sphère politique et sphère économique : au final ce pouvoir « transféré » est bien souvent utilisé pour des raisons autres que celles présentées dans tel ou tel programme : rompant à chaque nouvelle élection le pacte de confiance qui supporte le transfert de pouvoir plitique entre citoyens et représentants.

donc Pouvoir : entre les mains de qui se retrouve-t-il ? Au-delà du rite collectif et hypnotique des élections et de la passation de pouvoir via bulletin de vote, entre citoyens et élus, assurant un semblant de démocratie dans nos sociétés, la réalité du pouvoir n’est plus politique mais bel et bien économique : depuis longtemps maintenant la hiérarchie Culture/Politique/Economie s’est inversée et de fait le véritable pouvoir est passé du Politique à l’Economie, et donc en-dehors de tout contrôle ou regard démocratique.

On le perçoit d’un en s’intéressant à l’essentiel des lois/mesures votées prises décidées qui opèrent majoritairement dans le registre économique : assujettissant de plus en plus de domaines à l’Economique les sortant ainsi du Politique et donc du contrôle démocratique ; enfin dés lors qu’on s’intéresse à cette question, le pouvoir réagira, contre-attaquera, échappant ainsi à toute tentative de soumission aux règles de l’intérêt collectif, et au final dans cette lutte le citoyen est bien faible avec son bulletin de vote, même démocratique.

C’est là une vérité élémentaire et une constante systèmique&systèmatique, les gouvernements successifs n’ont rien fait d’autre que sacrifier leurs peuples au tout-puissant Marché : la question fondamentale donc est : était-ce là la finalité de notre système démocratique même imparfait ? 

Résultat et constat simple : ce système dit démocratique ressemble de plus en plus aujourd’hui à un gouvernement des élites et de moins en moins à un gouvernement des peuples : si les pauvres  sont la majorité des votants, ils sont presque inexistants chez les gouvernants. Sans parler de l’énigmatique dictature du prolétariat , un système démocratique peut-il en arriver à être si déséquilibré au point que la classe politique ne ressemble plus à la société qui l’a élue ?

Quant à la question de l’article : identité nationale : je crains que faire porter à Sarkozy ou à l’absente et silencieuse gauche une quelconque responsabilité sur son enterrement est leur faire trop d’honneur : ils ne sont que des pions servant les intérêts de ceux qui les placent au pouvoir : le suffrage populaire servant de couverture démocratique n’est qu’une farce et relique de nos vieux mythes démocratiques : le Conditionnement général et constant étant le véritable facteur qui permet à untel ou un autre d’accéder au Pouvoir.

Car de fait, la dissolution des identités nationales, des singularités culturelles, des frontières, etc…la susbtitution du Singulier par le Particulier appartient à la mécanique globale agissante et opérante aujourd’hui et visant à la mise en place d’un système global et total : le premier totalitarisme universel dirons-nous.

Et l’Individualisme constitutif et supportant ce modèle de société a bien plus d’impact sur les concepts de Nation, Identité Nationale que les gesticulations sarkoziennes : l’Etat se définissait historiquement comme l’entité qui avait non seulement le monopole de la violence légale mais aussi celui de la coercition dans les autres domaines de la société : c’est sur cela que reposait jusque maintenant l’identification du citoyen à la Nation, le citoyen étant indissociablement lié à l’Etat, donc à la Nation où la citoyenneté comme facteur de cohésion sociale et d’identification remplaça la Religion : la Nation et la loyauté patriotique affective remplaçant la transcendance religieuse et la fidélité spirituelle.

Or cette identification du citoyen à la Nation disparaît au fur et à mesure que le citoyen se voit remplacé par le client-consommateur, au fur et à mesure que les frontières délimitant la Nation, le Sol, l’Etat, cet espace national cohérent, reconnu et reconnaissable, tendent à disparaître sous l’effet direct ou indirect de la mondialisation économique et de ses avatars : libre-échange, liberté de circulation des biens et personnes, mais aussi et surtout sa méfiance à l’égard de tout protectionnisme ou exception culturelle.

 Or là se situe la menace première pour l’Etat, mais surtout pour l’idée de Nation, une nation faite de citoyens, partageant des valeurs communes, au-delà de leurs aspirations individuelles et de leurs pratiques consommatoires, tendant à être de plus en plus standardisées par le biais de la propagande-marketing et de la culture de masse.

Bien entendu, cela n’a pas échappé aux tenants et promoteurs du Meilleur des Mondes ultra/néolibéral (terme utilisé arbitrairement : ce système n’étant pour moi ni stricto sensu capitaliste ou libéral mais un bâtard&hybride complètement nouveau et tendant au Contrôle ainsi qu’au totalitarisme/globalisme) qui ont mis un point d’honneur à saper le concept de communauté : que celle-ci soit nationale, culturelle, etc…assimiliation de toute manifestation de type national, communautaire, etc…non fondé sur des particularités mais la préservation d’une singularité à des manifestations proto-fascistes, racistes, réactionnaires, etc…

Donc question simple : le repli ou l’attachement au quartier, à la cité, à la patrie, à la terre d’origine, etc...sont-ils donc réactionnaires par nature ?

La communauté est-elle par essence une structure proto-fasciste qui donc tend naturellement vers le fascisme et donc un fantasme totalitaire ou intégriste en puissance ou en cours de réalisation ? Ou simplement n’est-ce là qu’un désir naturel, commun, universel ? la marque d’un attachement guérissant ou évitant l’arrachement : aux siens, à sa famille, à sa campagne, au pays de ses ancêtres, de ses parents : à sa mémoire. Ces aspirations dites nationalistes ou communautaristes sont-elles idéologiques ou spontanées : doivent-elles être toutes condamnées ? 

Car de fait : sur ces questions (nationalisme, communautarisme, etc…) c’est bien souvent l’instrumentalisation politique qui en est faite qui les rendent idéologiques et les font apparaître menaçantes ? mais menaçantes pour qui ? là est la question.

A l’heure du communau-starisme ou des élites minoritaires se forment, ne peut-on pas considérer que ce qui est à condamner n’est pas l’aspiration universelle à la protection, au réconfort de la communauté mais plutôt l’usage démagogique qui en est fait par certains afin de faire carrière (cf. l’ensemble d’associations-tremplins politiques), par d’autres afin de satisfaire les franges extrémistes de notre société (cf notre bien-aimé président).

 La communauté ne  reste-t-elle pas le dernier refuge de chacun face au désordre économique mondial et à ses conséquences sociales : désorde issu de cette dynamique&mécanique d’exclusion/fragmentation dont les partis de gouvernement droite/gauche se font les promoteurs et mettent en place en dépit des résistances et contestations légitimes.  

 

 

 

 

 

 

 


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