Merci de votre commentaire.
Vous avez bien relevé les enjeux que nous avons tenté de souligner, en particulier concernant l’importance d’une responsabilisation des membres du corps social vis-à-vis des problèmes de santé, et concernant les conséquences en termes de moyens si un accord se dégageait sur le fait de valider cette approche. Vous remarquez en outre que cela reviendrait à redéfinir le champ de la solidarité incarnée par la Sécurité Sociale ainsi que la nécessaire performance du système de contrôle qui devrait être attaché à ses accords de prise en charge. Tout cela est parfaitement exact.
En reconnaissant l’intérêt de cette responsabilisation, mais en regrettant la perspective des moyens qu’il faudrait lui attribuer, vous semblez néanmoins omettre le fait que la stabilité financière de notre système actuel, basé sur une solidarité aveugle, ne pourra longtemps être conservée sans une solide réflexion sur ses propres fondements, et en particulier sur cet aveuglement. Notre approche cherche ainsi à concilier l’éthique d’autonomie et de responsabilité que notre société semble de plus en plus mettre au premier plan de ses valeurs et un certain réalisme économique.
Vous signalez d’autre part que la recherche des déterminants d’un comportement peut se heurter à une forme de complexité, ce qui est encore parfaitement exact. Néanmoins, cette complexité ne nous semble pas intrinsèquement incompatible avec la définition de causes ou de responsabilités, quitte à ce qu’elles puissent être multiples. Prenons quelques exemples pour fixer les idées.
La survenue d’un cas sporadique, c’est-à-dire non familial, de maladie de Parkinson relève, en l’état actuel de nos connaissances, du pur hasard sur lequel il est parfaitement légitime que la solidarité publique entre en jeu. La dépendance au tabac est la conséquence d’un choix individuel de comportement dont il peut paraître illégitime de solliciter la solidarité publique. De fait, les patchs nicotiniques ne sont pas remboursés par la Sécurité Sociale. L’apparition d’une intoxication alimentaire dans une cantine scolaire par non respect de réglementation concernant la chaîne du froid relève de la négligence du responsable d’établissement dont il semblerait légitime qu’il assure la prise en charge des victimes de ses manquements. La survenue d’une épidémie par retard à l’établissement d’une réglementation dont l’utilité était connue des personnes chargées de l’établir engage certainement leur responsabilité. Que la solidarité publique puisse prendre le relais des responsables dans la prise en charge et le dédommagement des victimes en cas d’insolvabilité, d’urgence, ... est certainement dans l’ordre des choses. Pour autant, cette possibilité ne peut dédouaner les responsables de leur responsabilité.