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Commentaire de ffi

sur La Publicité, le conditionnement au quotidien


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ffi ffi 28 avril 2010 01:10

Il faut aussi évoquer le fait que Jack Lang a inscrit la publicité comme faisant partie de « l’exception culturelle »

@ Rastapopulo : Faut cesse de bloquer sur le crédit tout le temps.

Le propre de l’homme n’est pas consommer : je rappelle qu’étymologiquement consommer vient de consumer, c’est-à-dire que consommer signifier utiliser jusqu’à destruction.

Le but de l’homme, s’il veut être prospère, n’est pas de détruire, mais de construire, c’est-à-dire que son économie doit être être la plus économe en moyen, en ressource et en travail pour une efficacité maximale, c’est cela qui fait le progrès social.

Le système actuel aboutit à une gabegie sans nom, on force les gens à acheter de plus en plus par la manipulation, tout en les obligeant à détruire au fur et à mesure en imposant le recyclage (tout est broyé) plutôt que la réparation (des artisans réparent)...

De plus, la publicité est un ferment d’irrationalité et d’immoralité dans la société. Elle se base sur la manipulation des finalités des gens, en tendant de les faire adhérer à des buts d’achats, selon des logiques perverses :
- Si tu as la voiture, tu auras la femme...
- Les enfants qui commandent les parents...

Il s’agit de briser les tabous moraux, de porter les gens au nombrilisme, de bien les flatter pour les inciter à adhérer à l’injonction du vendeur. Voir cette excellente conférence.

La tactique repose sur le principe de naturalisation : c’est-à-dire suggérer dans l’esprit de la cible l’idée que l’acte d’achat est conséquence de l’identité propre de celle-ci.

2 conséquences majeures en découle :

- En appeler sans cesse à la nature profonde des individus, induit chez ceux-ci une idéologie où le comportement est conséquence de l’identité, ce qui est objectivement le propre de l’idéologie raciste. Les courants de marketing politiques contemporains (féminisme, gay, lesbiens, juifs, musulmans, chrétiens) en sont directement issus : je fais de la politique selon mon identité... Il y a dans la publicité l’idéologie suffisante pour pousser au communautarisme : les cibles elles-mêmes sont classées selon les typologies identitaires imaginées par la science marketing.

- D’autre part, la technique de naturalisation consistant à manipuler ce que la personne est propre à faire, conduit à détourner l’individu vers des buts qui ne lui appartiennent pas. La nature d’un individu est son essence, c’est-à-dire sa destination, et non son identité, qui est son origine. Or, depuis Leibniz (monadologie), l’on sait que l’essence de l’homme, n’est pas du fait de sa propre existence, mais de celle de ses parents. C’est-à-dire que l’individu a été posté là, du fait de sa naissance, sans vraiment en comprendre le sens, par la volonté de ses parents. Ainsi, dès les premières années de sa vie, il construit le sens de sa vie, selon le sens qu’il perçoit dans les actions de ses parents et de son entourage proche, par imitation principalement. Par conséquent, en visant à faire croire aux êtres qu’ils sont absolument libre de choisir l’essence de leur existence, la pub construit des enfants-dieux, puisque selon les termes de Leibniz (monadologie, p44), Dieu est définit comme « l’Être nécessaire, dans lequel l’essence renferme l’existence », ce qui pose de multiples problèmes au sein des familles ou à l’école.

La publicité vise ainsi à détourner les hommes des buts qui leur viendraient à l’esprit si leur raison était suffisamment apaisée. La publicité utilise le registre de l’imitation, ce qui amoindrit la capacité raisonnable des individus. Je citerais Platon (La république, livre X) :

Comme dans un coup de dés, nous devons, selon le lot qui nous échoit, rétablir nos affaires par les moyens que la raison nous prescrit comme les meilleurs, et, lorsque nous nous sommes heurtés quelque part, ne pas agir comme les enfants qui, tenant la partie meurtrie, perdent le temps à crier, mais au contraire accoutumer sans cesse notre âme à aller aussi vite que possible soigner ce qui 604d est blessé, relever ce qui est tombé, et faire taire les plaintes par l’application du remède.
Voilà, certes, ce que nous avons de mieux à faire dans les accidents qui nous arrivent.

Or, c’est, disons-nous, le meilleur élément de nous-mêmes qui veut suivre la raison.

Évidemment.

Et celui qui nous porte à la ressouvenance du malheur et aux plaintes, dont il ne peut se rassasier, ne dirons-nous pas que c’est un élément déraisonnable, paresseux, et ami de la lâcheté ?

Nous le dirons, assurément.

Or, le caractère irritable se prête à des imitations nombreuses 604e et variées (723), tandis que le caractère sage et tranquille, toujours égal à lui-même, n’est pas facile à imiter, ni, une fois rendu, facile à comprendre, surtout dans une assemblée en fête, et pour les hommes de toute sorte qui se trouvent réunis dans les théâtres ; car l’imitation qu’on leur offrirait ainsi serait celle de sentiments qui leur sont étrangers.

Certainement.

Dès lors, il est évident que le poète (publicitaire) imitateur n’est point porté par nature vers un pareil caractère de l’âme, et que son talent ne s’attache point à lui plaire, puisqu’il veut s’illustrer parmi la multitude (724) ; au contraire, il est porté vers le caractère irritable et divers, parce que celui-ci est facile à imiter


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