http://www.liberation.fr/economie/0101632385-manif-d-agriculteurs-je-gagne-1-000-euros-et-bosse-45-heures-minimum-par-semaine
ils sont pas tous con
« Je perds 3.000 euros chaque mois
»
Tous le disent, ils suffoquent
financièrement. Et déplorent de concert une baisse, pour ne pas dire
une dégringolade, de leurs revenus « depuis deux ans ». « Enfin, surtout en 2009, avance Michel. Je perds 3.000 euros tous les mois. Du coup, on est obligé de taper dans nos réserves. »
Signe que les temps ont été naguère moins durs. En 2007, le cours du
blé a atteint des sommets. Résultat, les céréaliers ont réussi à
engranger des euros qui leur sont bien utiles aujourd’hui. « Heureusement pour moi, ma femme est coiffeuse et apporte d’autres revenus, sinon on ne s’en sortirait pas », avoue Michel Zimmermann.
Cet exploitant d’une ferme de 85 vaches
pour 200 hectares ne se reconnaît plus dans son activité. Déboussolé,
il demande un GPS au gouvernement. « Une visibilité à long terme, parce que là, on navigue dans le brouillard. » Il argumente : « On nous met de plus en plus de contraintes, notamment environnementales et européennes, par rapport aux nouveaux pays de l’UE. »
L’Europe. Voilà un des principaux responsables des difficultés actuelles du monde agricole, selon ses acteurs français. « Il faut revenir à des prix normaux, dit Jean-Yves. Et
réguler le marché européen, avoir une uniformisation au niveau des lois
sociales. Parce que se passe-t-il actuellement ? Les pays du sud de
l’Europe font du dumping social. »
« A bas Maastricht ! »
Jean-Yves prend sa respiration et fend son armure : « Le
cas de l’Espagne me reste en travers de la gorge. Comment un pays qui
fait partie de l’UE et avec lequel on est en concurrence peut-il être
aux 42 heures et payer un Smic deux fois moins élevé que le nôtre ? On
ne peut pas lutter... Je ne dis pas qu’il faut baisser notre Smic, mais
il faut plus d’harmonisation dans l’UE. »
Bruno, lui, entame une diatribe anti-européenne. « Une Europe à dix, oui, mais à vingt-sept non... Ou alors, avec les mêmes contraintes environnementales et sociales. »
Un homme bien mis passe et lâche : « A bas Maastricht ! » Bruno s’interroge, puis lâche, oubliant sa charge anti-européenne précédente : « Ben non, heureusement qu’on a voté pour Maastricht ! »