Je ne dirai rien de Desproges que je connais assez mal.
En ce qui concerne Coluche, il faut éviter d’idéaliser cet artiste. Ses spectacles ont largement contribué à diffuser un « tous pourris » assez nocif jetant un discrédit généralisant, et donc forcément inexact parce que généralisant, sur les politiques, les syndicalistes, les fonctionnaires répressifs et non-répressifs ; on aurait attendu une vision bien plus fine de la société, et en fait il a servi à un public souvent composé de bobos une sorte de gaucho-poujadisme tout à fait impropre à faire avancer le respect des valeurs républicaines. Par ailleurs, l’auto-proclamé « enfoiré », jouant à merveille la personne du « gros beauf », l’incarnant à tel point qu’on se demande encore s’il la dénigrait ou s’il l’exaltait (à mon avis les deux), a largement contribué à populariser une beaufitude décomplexée qui, là aussi, est tout a fait impropre à élever le niveau culturel et le niveau de vertu des peuples.
Bref : je n’ai jamais vraiment cru dans les capacités de catharsis du coluchisme. Le grossier Dieudo est plus un avatar du coluchisme, qu’une forme d’humour en opposition au coluchisme ; il en est sensiblement de même de toute cette pléthore de comiques de pacotille actuels dont le discours se réduit à un poujadisme anti-service public indigne, comme la Roumanoff dont les propos ne m’ont jamais fait rire.
Fernand Raynaud était bien plus fin et plus intelligent, beaucoup plus républicain aussi.
Les comiques actuels sont à peu près tous des représentant de la médiacratie (médiocratie ?) libéral-gauchiste.
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