Concernant l’anecdote :
« Devant mon hôpital, alors que je faisais autre chose, un homme jeune a fait un arrêt cardiaque... Appel des secours institutionnels (il était sur la voie publique), réanimation, transport dans mon service, poursuite de la réanimation, arrivée des pompiers médicalisés. Pas de reprise d’activité cardiaque, inclusion dans le protocole prélèvement à ‘coeur arrêté’. Que dit le médecin transporteur à la femme du patient ? ‘Madame, pour mieux réanimer votre mari, il faut qu’on le transporte à la Pitié- Salpêtrière, êtes-vous d’accord ?’ ‘ – Oui’, dit la dame... et hop, le tour est joué ! On m’a raconté cela alors que cet homme était déjà dans le camion (l’idée étant qu’à la Pitié-Salpêtrière, malgré la super réanimation, on n’avait quand même rien pu faire, madame est-ce qu’un prélèvement blabla, sauver des vies blabla). (…) Arrive un vieux réanimateur de l’hôpital, il convoque le médecin transporteur et lui dit qu’il s’oppose à un transport fondé sur le mensonge. Il l’enjoint d’aller revoir la dame et lui dire clairement ce dont il s’agit (et rechercher son consentement ou celui du mari). La dame refuse. Le mari est débarqué, la réanimation s’arrête dans le service ou il meurt tranquillement. »
Voilà qui montre bien que, même en cas d’issue fatale (le patient dont on parle ici est décédé), le consentement éclairé des proches pour un prélèvement « à coeur arrêté » est très difficile, voire impossible à obtenir. Auriez-vous accepté le transport de votre conjoint dans un grand hôpital dans le « seul » but du prélèvement de ses organes ? Si « un transport fondé sur le mensonge » est la seule option pour obtenir des reins afin de répondre à la pénurie de greffons, alors il y a quelque chose qui ne va pas dans le circuit de prélèvement ... La fin justifie-t-elle les moyens ?