Depuis que les mathématiques et leurs modèles sophistiqués tiennent lieu de pensée économique globale, il n’est pas étonnant que l’on se soit fourvoyé ou qu’on ait rien vu venir...
La quantophrénie a tué l’approche qualitative et a déconnecté du réel
"...Pourquoi la
plupart des économistes n’ont-ils rien vu venir ? Pourquoi certains se sont même complètement
fourvoyés ? Et pourquoi « les jeunes
stars de la macroéconomie n’ont rien à dire sur la crise », pour
reprendre l’accablant constat de Thomas
Philippon, économiste enseignant à l’université de New
York ?Parce que l’école de pensée dominante est incapable de théoriser
les « crises endogènes », répond sans hésiter Michel Aglietta, économiste au Cepii. « Pour ces économistes
libéraux, qui s’appuient sur l’hypothèse des marchés efficients*, toute
crise vient forcément de l’extérieur, et elle est donc par nature
imprévisible ! » explique
Aglietta.Lui défend une autre approche, plus minoritaire, dite de
l’instabilité financière, formulée par l’Américain Hyman
Minsky. ..De son côté, Thomas Philippon, auteur du Capitalisme
d’héritiers (Ed. du Seuil, 2007), pointe du doigt la « trop forte
segmentation de la recherche académique ». Faute d’« économistes
généralistes », personne, ou presque, n’a pu observer la
propagation de la crise, surgie d’un coin obscur du droit immobilier
américain (le contrat subprime) pour se propager à l’économie réelle,
passant par les dernières innovations de la finance (les mécanismes de
« titrisation » et de crédit dérivés). « Il aurait fallu
plusieurs cerveaux dans la même tête pour voir venir les choses »,
résume Philippon.Gilles Raveaud,
professeur d’économie à l’Institut
d’études européennes de l’université Paris-8, reprend l’argument,
pour le pousser un peu plus loin :
« Depuis des années, on a assisté à un morcellement du savoir économique terrifiant, avec l’apparition de spécialistes très pointus, ici sur le travail, là sur le commerce international... On se retrouve à l’université avec des thésards très calés sur leur sujet, mais dénués de toute culture générale en économie ! »
Et Raveaud, qui connaît bien la recherche américaine pour avoir enseigné deux ans à Harvard, de s’inquiéter de ces manquements : « Un économiste peut traiter du chômage, sans rien connaître aux marchés boursiers ou aux banques... C’est conforme à la théorie de l’équilibre général, selon laquelle on peut analyser le fonctionnement d’un seul marché pris séparément, celui du travail par exemple, puisqu’on suppose que les autres sont naturellement à l’équilibre. Mais cela ne tient pas ! »
En fait, la macroéconomie des dix dernières années a subi de lourdes transformations. Vexés de ne pas pouvoir prétendre au statut de scientifiques purs et durs, la plupart des économistes ont versé dans un formalisme mathématique effréné, sur les conseils de Milton Friedman et ses collègues monétaristes. Profusion de courbes, modèles et équations, qui ont éloigné les chercheurs du monde « réel ». Les maths sont devenues une fin en soi. Aveu de Thomas Philippon :
« Nous étions devenus des enfants gâtés, puisque nous n’avions pas connu de vraie crise depuis longtemps. Sous la présidence Clinton, la politique monétaire était devenue répétitive. Notre intérêt pour le réel s’est donc logiquement atténué. »
Une enquête étonnante, réalisée
auprès des doctorants en économie des grandes facs américaines
(téléchargeable ici),
confirme ces propos. Plus de la moitié des personnes interrogées (51%)
estiment que « connaître l’économie de
façon approfondie » est « sans importance »... Et à peine 9% des thésards se disent
convaincus du contraire (« connaître le réel est très important »)... (Mediapart)
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