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Accueil du site > Actualités > Economie > Crise financière : une vulgaire erreur mathématique ?

Crise financière : une vulgaire erreur mathématique ?

Ni les agences de notation, ni les grandes banques n’ont vu venir la crise financière. Fannie Mae et Freddie Mac "ne pouvaient pas faire faillite". Des institutions autrefois respectables comme AIG se sont écroulées en vendant des produits d’assurance spéculatifs qu’elles croyaient peu risqués. La liste des erreurs fatales commises par le monde de la finance ces dix dernières années est incommensurable. Pourquoi ?

Selon le dernier ouvrage de Philippe Herlin, reprenant les thèses de Benoît Mandelbrot et Nassim Nicholas Taleb, la science financière actuelle est fondamentalement déficiente, et les postulats mathématiques qui en forment le socle dominant sont faux. Ces modèles, par la faute d’une sous-estimation congénitale des niveaux de risque qu’ils entrainent, ont joué un rôle essentiel dans le déclenchement de la crise financière que nous vivons.


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Livre-p-herlin Dans son nouvel Ouvrage, "Finance, le nouveau paradigme", sous titré "comprendre la finance et l’économie avec Mandelbrot, Taleb...", Philippe Herlin, que vous connaissez peut être à travers son blog "la dette de la France", explique comment le mauvais état de la science mathématique financière à très largement contribué à mettre à genoux l’économie mondiale.

Et je dois dire que la thèse est convaincante, même si j’émets une tout petite réserve vers la fin. Mais avant d’aborder le fond, quelques mots sur la forme.

 

Un ouvrage captivant malgré le sujet ardu

L’auteur réussit la gageure de captiver le lecteur avec un ouvrage dont les premiers chapitres sont pourtant essentiellement consacrés à des explications mathématiques sur les lois dites "normales", ou de Gauss, et leur application à la finance moderne, et les lois dites de "puissance", ou de Zipf, qui ont servi de base à Mandelbrot pour définir les mathématiques fractales et les appliquer à la finance.

Comme vous voyez, ce n’est pas un ouvrage tout public, mais pas de panique ! Disons qu’un élève de terminale C ou D, ou toute personne avec un reste de culture scientifique devrait pouvoir suivre sans problème. Sinon, une personne qui s’intéresse au problème sans connaître les maths sous-jacentes pourra comprendre très bien la démarche en survolant les deux premiers chapitres.

Les sources des modèles financiers actuels

Mais évidemment, la force du livre n’est pas dans son contenu mathématique mais dans l’étude des conséquences d’une erreur fondamentale dans les modèles utilisés par le monde de la finance et celui de la grande entreprise aujourd’hui.

Je vais tenter d’expliquer en "quelques" lignes -compréhensibles, j’espère- de quelle erreur il s’agit.

Dans les trois décennies d’après guerre, des théoriciens de l’économie (Markovitz, Sharpe, puis Fama, Merton, Black et Scholes, pour ne citer que les plus connus) reprennent les travaux d’un thésard français auparavant tombé dans l’oubli, Louis Bachelier, qui avait constaté que nombre de phénomènes financiers, tels que les valorisations boursières de certains portefeuilles, l’évolution de cours de certains indices, etc... semblaient suivre une distribution dite "normale", c’est-à-dire une loi de Gauss.

La loi de Gauss ou "loi normale" est une loi de distribution universellement connue de par les courbes en forme de cloche qu’elle génère, et qui se retrouve dans nombres de phénomènes de la vie courante.

Gauss

Ainsi, par exemple, est il observé que la distribution des tailles des individus d’un pays ou d’un large échantillon d’hommes tiré au hasard suit une courbe de gauss, dont le sommet de la cloche est la taille moyenne, et l’abscisse représenterait le pourcentage de la population de la taille considérée.

On constate donc que dans un phénomène obéissant aux lois de Gauss, un nombre important d’occurrences du phénomène se concentrent autour de sa valeur moyenne, et que plus on s’éloigne de la moyenne, plus la probabilité de rencontrer une occurrence du phénomène mesuré diminue rapidement.

C’est ce phénomène que les néo-financiers de l’après guerre ont cru pouvoir identifier dans de nombreuses séries de variations de cours sur divers marchés. Ils en ont déduit que nombre de phénomènes économiques devaient suivre des lois normales.

Malheureusement, lorsque les premiers théoriciens de la finance gaussienne produisirent leurs formules et modèles, dans les années 50 et 60, ni les séries statistiques longues qui auraient permis de vérifier empiriquement la validité de ces lois, ni la puissance de traitement informatique qu’il faut pour les analyser, n’existaient. D’autre part, les 30 glorieuses (enfin, les 25 glorieuses, 1946-1970) furent une période relativement pauvre en événements "extrêmes" au plan économique. Résultat : la loi de Gauss semblait marcher relativement bien dans les situations économiques "ordinaires". Certains crurent donc pouvoir affirmer qu’elles étaient valides tout le temps.

Dès le début des années 60, Benoit Mandelbrot contesta la prééminence de la loi normale dans les phénomènes financiers. En effet, selon lui, les lois normales tendent à sous estimer la probabilité d’occurrences de phénomènes extrêmes par rapport à ce que l’on observe dans le monde réel. Ainsi, les variations brutales de cours d’une action, ou d’un marché entier, d’un secteur, qui devraient être d’une certaine rareté dans une loi normale, sont beaucoup plus fréquentes dans la réalité, même si cette fréquence reste "basse" par rapport aux occurrences "ordinaires".

Bon, et alors, me direz vous, tout ceci ne confine-t-il pas à la querelle d’hyper spécialistes dénuée d’intérêt dans la vie réelle ? Hélas, cent fois hélas. 

"Intérêt" de la loi de Gauss en finance

Mandelbrot ne sera pas écouté, et toute une théorie de la gestion des risques et de la valeur va prendre racine sur la prémisse de l’économie "gaussienne".

Or, la gestion du couple "valeur-risque", ou "rendement-risque", est tout à fait centrale dans le monde financier, qu’il s’agisse de la banque ou de l’assurance. Instinctivement, nous le savons, plus un investissement rapporte, plus il est risqué. Mais nous savons aussi que certains investissements, ou certaines stratégies d’investissement, présentent un meilleur rapport risque/rentabilité que d’autres.

Inutile de dire que les banques, lorsqu’elles constatèrent que les modèles issus de la mathématique gaussienne semblaient applicables à la finance, se sont jetées dessus dans l’espoir d’en tirer quelque avantage compétitif. Ce mouvement, entamé dans les années 70, va connaître un développement exponentiel dans les années 80 et suivantes.

Ces modèles ont donc tenté de déterminer comment maximiser la valeur d’un portefeuille en minimisant le risque. Or, la zone à risque correspond à l’occurrence d’événements de probabilités faibles situés aux extrémités de la courbe de Gauss. Les modèles financiers ont donc cherché à modéliser selon ces lois les probabilités d’occurrence de ces événements extrêmes suivant une loi de Gauss. Mais que se passe-t-il si le modèle sous-estime la probabilité des situations à risque ?

Des hypothèses de base contestables

Naturellement, les économistes ont tenté de relier ces phénomènes mathématiques à des explications économiquement rationnelles. C’est ainsi que certains d’entre eux, comme Eugene Fama, ont montré que les modèles gaussiens étaient valides si deux hypothèses se vérifiaient :

1) La première, est la rationalité des acteurs économiques. Ceux ci tendraient, selon Fama, à agir en "homo economicus" rationnels. Bien sûr, il existe des rationalités variées, mais la "rationalité moyenne" d’une majorité d’agents économiques suivrait elle même une loi normale et il serait donc tout à fait... normal de modéliser les comportements des acteurs économiques selon des lois de maximisation de l’intérêt économique des acteurs.

2) La seconde est l’inclusion instantanée des informations disponibles dans les prix. Les acteurs étant rationnels, dès qu’ils sont en présence d’une information, ils valorisent cette information, et quand bien même divers acteurs donnent à cette information une valeur différente, là encore, ces valorisations suivront une loi normale, et le marché, moyenne de ces valorisations, prendra donc quasi instantanément en compte l’information dans le prix.
 
Seul problème, ces deux hypothèses ne valent rien dans le monde réel.

Le modèle ne colle pas au fait : triturons le modèle pour le faire coller !

Dès que la puissance informatique fut disponible en quantité suffisante, certains voulurent vérifier les assertions des modèles de Markovitz et compagnie. Mandelbrot d’abord, puis d’autres, ont trouvé de nombreux exemples où les événements "extrêmes" avaient eu une fréquence supérieure à celle qu’aurait donné un calcul classique par loi normale. Ainsi, les variations au jour le jour des cours de bourse ou des cours des matières premières étaient bien plus souvent d’une amplitude "importante" et "anormale" que ne l’aurait suggéré la loi dite normale.

D’autre part, les hypothèses de marché parfait et d’homo economicus moyen rationnel trouvent de nombreux contre-exemples historiques, caractéristiques des périodes de bulles, où le "biais grégaire" prédomine. J’ajouterai (remarque de VB) que Crozier, Friedberg et d’autres ont montré que les sources de la rationalité étaient différentes selon les individus, que chacun avait une rationalité qui lui était propre, laquelle dépendait à la fois de ses capacités cognitives, de ses valeurs, et des valeurs des groupes auxquels ils s’identifie. Et parler de "rationalité moyenne" n’a dans ce contexte aucun sens.

Enfin, de tout temps, les spéculateurs ont prospéré sur l’écart de temps entre la prise en compte correcte de toutes les informations disponibles sur un marché, et la formation des dits prix. Ce temps d’intégration peut être fort long. L’hypothèse d’intégration quasi instantanée de l’information dans les prix est donc, du point de vue de ce qui est observable, infondée.

Bref, il existe nombre de constats empiriques de l’inadéquation des hypothèses du modèle gaussien normal aux faits tels qu’ils se produisent dans le monde financier réel.

Toute ressemblance avec la science climatique... etc.

Les modèles étaient séduisants théoriquement mais faux empiriquement. Les tenants de ces modèles, au lieu de les remettre en cause, les ont "bricolés" pour les "adapter" aux faits. Ils ont donc trouvé des justifications à l’application de ces modèles en rajoutant aux extrémités de la courbe de gausse un coefficient - Poétiquement dénommé "Kurtosis" - capable d’expliquer une certaine volatilité des occurrences d’événements extrêmes.

Notons ici l’inversion classique hélas trop fréquente en science, la confusion du modèle et du phénomène. Parce qu’une fonction mathématique semble décrire à peu près correctement un ensemble de phénomènes, la fonction mathématique se substitue à la compréhension du phénomène sous-jacent pour tenter de déduire les évolutions probables de phénomènes trop complexes pour être modélisables.

"Le modèle initial ne colle pas aux faits ? Bricolons la mathématiques sous jacente pour qu’il colle, et nous aurons un modèle qui validera la loi de base". Mais ce n’est pas au modèle de valider la loi, mais à la loi de fonder le modèle.

Pourtant, même des tenants initiaux de ces modèles s’en sont écartés. Eugène Fama, l’un des plus connus, a écrit avec un confrère, Kenneth French (leur blog) un article reconnaissant que certaines de leurs hypothèses de base étaient fausses. Trop tard !

Deux autres tenants de ces modèles, Merton et Scholes (non, ce ne sont pas les attaquants de Manchester United !), se sont illustrés en 1998 - peu après l’obtention d’un prix Nobel pour leurs théories ! - en provoquant une faillite retentissante de plus de 10 milliards de $, avec un "risque systémique" estimé à plus de 100 milliards, celle de leur fonds LTCM, dont la gestion était basée sur leurs modèles de valorisation rendement-risque issus de la loi normale "modifiée sur les bords". Cela aurait dû tout de même mettre la puce à l’oreille de la communauté économique et financière. Rien, nada.

Bien que les travaux de Mandelbrot, père des fractales qui ont rendu possible l’émergence de nombreuses applications informatiques (3D, simulation, réalité augmentée, etc...), qui a décliné ses recherches dans le domaine de la finance, commencent à être reconnus, ils n’en ont pas moins resté ignorés de la plus grande part de la communauté économique, qui en est resté à la loi normale.

Lois de Zipf

Selon le constat empirique de Mandelbrot, les marchés financiers obéissent non pas à des lois de Gauss, mais à des lois de Zipf. Ces lois, également appelées lois de puissance, s’écrivent sous leur forme la plus simple simple y=ax^k (k<0, hyperbolique), ou encore se représentent par une droite sous une échelle Logarithmique. Il existe des formes un peu plus complexes des lois de Mandelbrot, mais restons en à ces représentations simples.

Zipf-curves

 

Un exemple de loi de Zipf très connu est la loi de Pareto, dite des 80/20. Un exemple : Pareto constate que dans de nombreux pays, 80% des ménages disposent de 20% du patrimoine, et 20% en possèdent 80%. Et parmi les 20% les plus riches, 20% possèdent 80% de la richesse totale des plus riches, soit 4% qui possèdent 64%, et ainsi de suite. Pas très égalitaire, mais Pareto ne fait que des constats. Naturellement, une loi de puissance peut être de type 90/10, 75/25, etc...

De nombreux phénomènes obéissent à des lois de Zipf. Ainsi, la distribution des chiffres d’affaires des sociétés de logiciel, ou encore la fréquentation des sites web (voir cet article du gourou du web Jakob Nielsen, ou celui ci par Jason Kottke. Ce sont mes années veblog.com qui ressurgissent...) obéissent à une loi de Zipf.

Ces lois ont deux caractéristiques essentielles :

1) elles accordent aux événements extrêmes, ceux qui sont porteurs de risques ou au contraire d’opportunités heureuses ("risque positif", en quelque sorte), des probabilités très supérieures à celles calculées selon la loi normale. Dans une distribution de Zipf, la vitesse de diminution des probabilités d’un événement est constante, alors qu’elle est considérablement croissante dans une loi normale.

2) dans une loi de puissance, la "moyenne", si elle existe arithmétiquement, n’a aucun sens du point de vue de la réalité. Et donc, se baser sur un comportement "moyen" pour déduire l’avenir est non seulement faux, mais terriblement risqué.

3) elles ne peuvent absolument pas servir de base à des modèles "robustes" fondés sur des notions d’"équilibre" : des variations infimes du paramètre K peuvent conduire à des résultats très différents. Les lois de Zipf sont donc le cauchemar absolu des modélisateurs : vous comprenez pourquoi ils ne les aiment pas.
 

Du second point nait une façon totalement différente d’envisager la gestion des risques. Les assureurs le savent bien : si la distribution des hauteurs d’eau des inondations moyennes constatées pour un cours d’eau va généralement suivre une loi normale (fréquente dans les phénomènes physiques), la distribution des coûts associés à ces hauteurs d’eau va plus vraisemblablement suivre une loi de Zipf : l’inondation extrême, la plus rare, coûtera incommensurablement plus que l’inondation "moyenne". Et voilà pourquoi les modèles de gestion des risques des assureurs se basent sur la mémoire des événements extrêmes et pas ceux des événements "moyens", qui sont en l’occurrence d’aucune signification dans le monde réel de l’assurance.

Le risque : gaussé !

Black-swanMalheureusement, en matière de gestion du risque financier, c’est la loi de Gauss qui prédomine, et donc une sous-estimation patente de la probabilité des situations facteur de risque, ce que Taleb appel les "cygnes noirs". Et la crise d’Août et Septembre 2008 ne fait qu’illustrer de façon éclatante cette mauvaise prise en compte du risque.

Un an avant la faillite de Lehman Brothers, lors du début de l’affaire Bear Stearns, certains acteurs clé de la finance, comme le CFO de Goldman Sachs, un certain David Viniar, se disent victimes d’événements jamais vus. Selon eux, la crise qu’ils vivent était tout simplement imprévisible. Les variations de cours observées ce jour là représentaient 25 fois l’écart type de la variation des cours selon la loi normale (les mathématiciens parlent d’événement "sigma 25", ce qui en terme gaussiens est d’une probabilité infinitésimale : Un événement seulement "sigma 5" a, selon la loi normale, une probabilité de se produire un jour sur 13 000 ans, et "sigma 6", une fois en 4 millions d’années ! alors sigma 25, pensez donc ! "ça ne pouvait pas arriver !"

Quelques années auparavant, Joseph Stiglitz avait estimé la probabilité de faillite de Fannie Mae et Freddie Mac à moins d’une sur 500 000, voire moins d’une sur 3 millions : cinq ans plus tard, ces deux entreprises sous statut protégé par l’état sont les protagonistes du "sauvetage" le plus coûteux de l’histoire des USA, plus de 300 milliards à ce jour, et sont à l’origine de la plus grave crise financière qui soit.

C’est d’autant plus ironique que Stiglitz avait été un des premiers à dénoncer l’absurdité de l’hypothèse de Fama sur la capacité de prise en compte immédiate de l’information par les prix de marché. Ses travaux sur ce domaine lui ont valu un prix Nobel. Mais malgré cela il est resté accroché, pour ses prévisions, à des variations autour de la loi normale.

Les techniques de titrisation par tranche qui étaient censées réduire le risque porté par les obligations à base de crédits "subprimes" et autres "ARM" étaient fondées sur des hypothèses de survenance d’événements adverses basés sur la loi normale. A la première bourrasque, le modèle a été emporté comme un fétu de paille, alors que selon les modèles, la tempête avait moins d’une chance sur des centaines de millions de se produire.

L’entreprise non financière contaminée

Philippe Herlin montre également longuement, dans ce qui est peut être le point le plus fort de son livre, que les entreprises non financières ont été contaminées par la finance gaussienne, pour le pire. En sous-estimant, lois normales obligent, les niveaux de probabilité d’événements adverses, donc les niveaux de risque auxquels s’exposent les entreprises, en fonction de la structure d’endettement de leur bilan, les financiers et fonds qui investissent dans des entreprises tendent à sur-valoriser les activités risquées mais très rentables quand tout va bien (ils sous estiment la prime de risque) et de ce fait à sous valoriser les activités récurrentes de "fond de portefeuille", dont ils vont tenter de se séparer.

Les dirigeants sont donc poussés par les actionnaires à adopter à la fois des structures de bilan et des répartitions de portefeuilles d’activité qui sur-exposent les entreprises aux aléas de la conjoncture, tout en les poussant à maintenir des objectifs de rentabilité des capitaux propres financièrement insoutenables sur le long terme.

Les dégâts de l’application aveugle de ces modèles gaussiens aux noms barbares (MEDAF, WACC...) sur l’économie "productive" (celle de l’actif) et l’économie financière (celle du passif) sont encore impossibles à évaluer dans leur totalité. Mais l’ouvrage de Philippe Herlin passe en revue nombre de ces conséquences néfastes. Ces modèles ont joué un rôle majeur dans l’établissement de cette économie de la dette dont je voudrais tant qu’elle cédât la place à celle du capital... Je reviendrai plus extensivement sur cette question dans les jours à venir.


Le régulateur contaminé

Le régulateur a implicitement adopté les lois gaussiennes dans au moins deux pans essentiels de la réglementation financière mondiale :

1- les modèles de valorisation des risques utilisés pour évaluer les capitaux propres obligatoires dans les règles de Bâle sont typiquement issus de raisonnements gaussiens.

2- les modèles utilisés par les agences de notation, confortées par un oligopole de nature réglementaire, sont gaussiens. Et voilà pourquoi les agences de notation semblent réduire les notations des entreprises en difficulté ou des états souverains après la guerre, quand il est trop tard (pour être juste, les conflits d’intérêts internes à cette activité jouent également un grand rôle dans le développement de cette bulle d’incompétence des agences de rating, aux conséquences tellement lourdes).
 
Ce faisant, le législateur a poussé nombre d’entreprises financières à s’insérer coûte que coûte dans un modèle gaussien de gestion de la valeur et des risques, et a donc contribué à contaminer les entreprises non financières avec les mêmes outils de prise de décision.

Les faiblesses du livre

Je ne vois à ce livre que trois faiblesses, secondaires compte tenu de la richesse de ses apports, et de la qualité des références qu’il cite, permettant à ceux que cela intéresse de multiples approfondissements sur le sujet.

La première, marginale, est que sa critique du modèle d’enregistrement des valeurs "mark to market" n’est pas accompagnée de propositions de remplacement. J’ai moi même critiqué ce modèle, puis laissé entendre - je dois encore développer - que mes critiques initiales étaient exagérées. Mais je bute sur la question traditionnelle :"que faire à la place" ? Visiblement, M. Herlin aussi.

La seconde, plus importante, est l’explication sociologiquement trop "courte" du pourquoi du succès persistant de ces modèles faux malgré les preuves répétées de leur incapacité à traiter correctement les événements "aux limites". Le krach de 87, la réplique de 89, la faillite des saving and loans, la crise asiatique, le krach de LTCM, celui des Dot Com... Autant d’événements à la probabilité quasi nulle selon les modèles gaussiens, qui se sont succédés à intervalles rapprochés, et qui auraient dû conduire les utilisateurs des modèles à se poser les bonnes questions. J’ai une ébauche d’explication, j’y reviendrai.

La troisième faiblesse, liée d’ailleurs à la seconde, est qu’il semble favoriser une réforme de la finance qui imposerait de nouvelles règles "mandelbrotiennes" à la place des règles gaussiennes existantes, quand bien même il affirme justement que "plus de régulation" ne résoudrait rien - Il propose de remplacer une réglementation qu’il juge mauvaise par une autre qu’il juge meilleure.

Ce serait à mon sens une demi-erreur. Certes, au premier abord, remplacer des règles mauvaises par des règles apparemment plus réalistes fait sens. Mais, d’une part, les lois de zipf, du fait de leurs très fortes dépendances à de faibles variations paramétriques, ne sont pas des lois d’équilibre stable, comme l’auteur le démontre. Elles obligent de fait à se dégager de l’analyse purement mathématique de l’économie et à revenir aux fondamentaux de l’analyse de la valeur des entreprises : évaluation de la qualité du management, de la pertinence de la stratégie, etc... Aucun domaine où la règle étatique puisse ne serait-ce que donner l’illusion d’apporter une valeur ajoutée.

Et surtout, rien ne prouve que les lois de Mandelbrot-Zipf s’appliquent parfaitement au spectre de toutes les situations possibles. Il est possible que ces lois décrivent parfaitement certaines situations et plus mal d’autres, à l’instar de leurs consoeurs gaussiennes. L’auteur le reconnait d’ailleurs lui même puisqu’il dresse un portrait robot des activités économiques plutôt "gaussiennes" et de celles plutôt "zipféennes". Dans ce cas, imposer un modèle de Zipf de façon réglementaire peut aussi avoir des effets pervers insoupçonnés.

D’ailleurs, imaginons que les modèles Mandelbrotiens deviennent la pensée dominante de la finance, mais que certains trublions découvrent que dans des situations aux limites du modèle, ils s’appliquent mal. Nul doute que la sociologie des groupes mandelbrotiens serait la même que celle des cliques gaussiennes : ils inventeraient leur propre équivalent du "coefficient de Kurtosis" créé par les gaussiens pour justifier leurs modèles envers et contre tout.

Dans ces conditions, on comprend que l’état n’est pas fondé à dire quel modèle doit servir de support à la réglementation. Une "sélection naturelle" des meilleurs modèles serait souhaitable. Oui, mais...

La faillite, seul outil efficace d’élimination des mauvais modèles

Revenons au sauvetage des caisses d’épargne américaines, puis à celui de LTCM ou encore celui d’AIG. Si, pour les caisses, les faillites du modèle mathématiques gaussien n’apparaissent pas forcément clairement comme un facteur essentiel de leur infortune (cf. cet article sur l’histoire de la réglementation bancaire US), cette faillite est en revanche évidente dans le cas de LTCM ou d’AIG. Dans les deux cas, le "risque systémique" a été invoqué pour justifier l’appel au contribuable américain pour sauver les créanciers de ces entreprises en faillite.

Mais alors, pourquoi se priver d’utiliser les modèles gaussiens, malgré les logiques court-termistes qu’ils induisent, puisque leurs plus grands profiteurs en période faste verront les conséquences de leurs défaillances absorbées par l’état ? Pourquoi, dans un monde où les premiers de la course touchent les meilleures primes, se priver de traverser l’Atlantique dans un catamaran instable mais rapide plutôt que dans un monocoque rassurant mais lent, si vous êtes à peu près certain qu’en cas de malheur, l’hélicoptère de l’oncle Sam ou son cousin européen viendront vous tirer de la noyade, à leurs frais ?

Certes, les gens ne sont pas heureux de faire faillite, surtout les salariés des entreprises financières défaillantes, mais si les dirigeants peuvent se garantir quelques années de gros bonus, puis voir leurs privilèges sauvés par le contribuable quand la tempête se déclare et menace d’emporter leurs frêles esquifs, pourquoi perdre du temps et de l’énergie à étudier les failles des modèles qui vous poussent à sous estimer le risque ?

La société du risque subventionné


Il me semble que le principal coupable dans la perpétuation de l’erreur gaussienne collective soit la culture du "sauvetage", pratiquée par tous les gouvernements envers nombre d’entreprises emblématiques depuis les années 70 : Chrysler, GM, les caisses d’épargne, LTCM, et maintenant les grandes banques... En Europe aussi, les grandes institutions financières ont intégré une culture du sauvetage public.

Si les entreprises financières en faillite, leurs actionnaires et leurs créanciers, avaient dû assumer jusqu’au dernier sou les conséquences de l’incurie de leurs modèles de gestion du risque, nul doute qu’ils auraient été pressés d’en analyser les failles les plus criantes, et que les voix dissidentes des disciples de Mandelbrot se seraient fait mieux entendre. Et nous n’en serions pas sans doute aujourd’hui là où nous en sommes. Une gestion ordonnée et rigoureuse des faillites est de loin le meilleur moyen de réguler l’économie et de l’expurger de ses intervenants trop peu performants, ou trop exposés au risque.

Si les formules des Markovitz, Sharpe, Scholes and co, n’avaient pas existé, la culture du bailout, de la privatisation des profits et de la socialisation des pertes, qui constitue en fait une véritable subvention publique à la prise de risque, aurait poussé tout de même le monde de la finance à trouver d’autres outils justifiant l’adoption de leur modèle à haut risque. La finance gaussienne n’est pas la cause primaire du marasme financier, elle n’est "que" l’arme de destruction massive choisie par ses acteurs parce que le risque est subventionné.

Nos malheurs sont d’abord ceux d’une société où la privatisation des gains et la collectivisation des pertes est devenue... la loi normale des affaires !

Bref, "Finance, le nouveau paradigme" est un ouvrage hautement recommandable.

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Sur Amazon :

Philippe HERLIN, "Finance - Le nouveau paradigme"- Ed. Eyrolles, 205p. - Avril 2010

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Autres lectures :Felix Salmon, "the formula that killed wall street" (and your 401k), article séminal sur la crise financière, début 2009.

Le site de Nassim Taleb

 

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37 réactions à cet article    


  • finael finael 30 avril 2010 11:17

    Tiens ?

    Vous vous en rendez compte !


    • Francis, agnotologue JL 30 avril 2010 11:21

      Bonjour. Je ne doute pas de l’intérêt de votre article, mais avant d’y « pénétrer, j’aimerais vous poser une question : croyez-vous vraiment que ce soit le problème ? Croyez-vous vraiment qu’un modèle mathématique correct existe qui puisse régler une bonne fois pour toute la question et amener la joie et le bonheur dans le monde ?

      Les banques que l’on croyait »too big too fail" ont failli ? Qu’à cela ne tienne, et comme disait Bonaparte, quand on s’est trompé, il faut continuer, ça finit par donner raison. Le chef a TOUJOURS raison, et Finance est maîtresse chez elle ! Si les banques n’étaient pas assez grosses, c’est qu’il y en avait trop, et donc on en réduira le nombre jusqu’à ce qu’elles résistent, et au diable les crises ! Au contraire, même, vive la crise, c’est toujours ça de pris sur les contribuables !


      • Francis, agnotologue JL 30 avril 2010 11:25

        en visualisant mon commentaire, est apparue la conclusion que vous faites. Et là je me demande : à quoi bon ce long et ardu développement pour arriver à cette conclusion qui me parait aller de soi, simplement en observant ?


      • Lisa SION 2 Lisa SION 2 30 avril 2010 11:22

        Bonjour,

        Je suis loin d’être un spécialiste, mais je pense qu’il suffirait de mettre en bourse les principales agences de notation à 100 dollars. A la moindre faute, elles chuteraient ce qui voudrait donc dire qu’aujourd’hui elles seraient à O.O98 d°llars...


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 30 avril 2010 11:34

          Article passionnant,

          " En effet, selon lui, les lois normales tendent à sous estimer la probabilité d’occurrences de phénomènes extrêmes par rapport à ce que l’on observe dans le monde réel. " En quoi pensez vous que puisse exister un intérêt au rameur, ou aux rameurs, quotidien, de faire des vagues telles vos courbes de Gauss, sachant que l’on est en circuit fermé et fini ?


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 30 avril 2010 11:59

          Deux questions :

          Qu’appelez vous « l’abcsisse »  ?

          Et «  »Le modèle initial ne colle pas aux faits ? Bricolons la mathématiques sous jacente pour qu’il colle," ssi je puis me permettre, les mathématiques ne se bricolent pas.

          La question qui me vient à l’esprit dans l’immédiat est de savoir si l’intérêt des spéculateurs ne serait pas d’essayer de rendre la montée de la courbe de Gauss la plus verticale possible ?


        • Pyrathome pyralene 30 avril 2010 11:23
          Crise financière : une vulgaire erreur mathématique ?Foutage de gueule , l’issue était préméditée et irrémédiable , pas la peine de faire tant de fromage pour décrire la monstrueuse escroquerie organisée , un nouveau complot des courges......
          La question serait plutôt :
          Jusqu’à quand va t-on être capable d’avoir le cynisme de soutenir un tel système de prédateurs ????

          • ZEN ZEN 30 avril 2010 11:43

            Une erreur ?
            Non, Monsieur, un pillage...

            Pour le magistrat Jean de Maillard, la globalisation et l’effacement de l’Etat ont favorisé l’émergence d’un pillage sans précédent au cœur du système financier, organisé dans l’opacité et en toute impunité

            -" Les Etats sont dépassés par leur puissance et par leur inventivité. Souvent, les acteurs de ces marchés n’ont même plus de comptes à rendre et peuvent faire ce qu’ils veulent allégrement, dans une opacité totale, y compris en violant les principes selon lesquels ils prétendent fonctionner...« (J de M.)

            - »Le dogme de l’ultra-libéralisme auto-régulateur a depuis un bon quart de siècle convaincu tous les politiques de confier leurs affaires au marché. L’état s’est privé ainsi de toute capacité d’intervention. D’autant qu’aux dires de notre magistrat, il n’y a pas grand monde dans l’administration étatique qui comprenne quelque chose à ce qui se passe sur les marchés.
            Un ministre canadien, à l’issue d’une réunion du G7 consacrée principalement au défaut de « crédibilité » des crédits consentis à certains états et de l’agitation spéculative qui à la fois en découle et la suscite, n’a pu qu’articuler cet aveu pitoyable : « Nous nous engageons à soutenir notre économie »
            Dit comme ça, on peut constater que le politique a définitivement abdiqué toute prérogative dans la marche folle du capitalisme. "
            (Gregbara)
            -La gouvernance par la délinquance


            • finael finael 30 avril 2010 12:39

              Ou « le triomphe de la cupidité » Joseph Stiglitz


            • Philou017 Philou017 1er mai 2010 10:04

              Extraits du bêtisier référendaire d’Etienne Chouerd sur Masstricht et le TCE. A lire sans modération :

              « Maastricht apporte aux dernières années de ce siècle une touche d’humanisme et de Lumière qui contraste singulièrement avec les épreuves cruelles du passé. » (Michel Sapin, ministre socialiste des finances, Le Monde, 6.5.92)

              « Au-delà des considérations techniques, la création d’une monnaie unique en Europe a une signification plus profonde. C’est la naissance d’un langage commun. » (Jean Boissonnat, L’Expansion, 3.9.92)

              « Je crois que l’Europe est la plus belle nouvelle dans l’histoire de l’humanité depuis cinquante ans. » (Harlem Désir, Le Monde, 21.10.04)

              « [Comme le 20 septembre 1792], le 20 septembre 1992 il y aura d’un côté l’Europe du mouvement, celle des Lumières, celle de l’espérance incarnée par l’armée révolutionnaire porteuse d’universalité et de l’autre les forces du passé, contre-révolutionnaires, amalgame d’armadas conduites par des despotes en dentelle de l’Europe réactionnaire dont le seul moteur est le refus. » (Ségolène Royal à Strasbourg, 17.9.92)

              « Il faut ratifier ce texte car, pour la première fois, il dessine l’Europe que nous voulons : une Europe politique et sociale. » (Bertrand Delanoë et Dominique Strauss-Kahn, Le Monde, 3.7.04)

              « Oui, pour aller de l’avant dans les conquêtes sociales, il n’est d’autre avenir que la Constitution de l’Europe. » (Julien Dray, Assemblée nationale, 6.5.9 2)

              « Prétendre que ce projet constitutionnalise le libéralisme est un simple mensonge. » (Bernard Guetta, France Inter, 11.12.03)

              « Un “non” au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir. » (Jacques Lesourne, Le Monde, 19.9.92)

              « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité  ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie  » (Michel Rocard, Ouest-France, 27.8.92)

              « Le traité d’union européenne se traduira par plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité. »(Michel Sapin, ministre socialiste des finances, Le Figaro, 20.8.92)

              « L’Europe, ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry à Béthune, 12.9.92)

              « Si vous voulez que la Bourse se reprenne, votez “oui” à Maastricht ! » (Michel Sapin, université d’été du PS à Avignon, 31. 8.92)

              « Pour pouvoir dîner à la table de l’Europe [monétaire], encore faut-il savoir se tenir à cette table et ne pas manger avec ses doigts. […]Si la monnaie unique a un mérite, et un seul, c’est d’obliger les pays à se conduire correctement. » (Jean-Marc Sylvestre, France Inter, 18.9.92)

              « Ceux qui sont, au sein du Parti socialiste, contre le marché et contre la concurrence, il sont pour quoi  ? Ils sont pour quelque chose de plus dirigiste que la Chine communiste d’aujourd’hui  ? » (Alain Duhamel, RTL, 15.11.0 4)

              http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Betisier_Maastricht_TCE.htm

              La seule bêtise que n’en est pas une parait être celle d’Alain Madelin :

              « Le traité de Maastricht agit comme une assurance-vie contre le retour à l’expérience socialiste pure et dure. » (Alain Madelin à Chalon-sur-Saône, 4.9.9 2)


            • Philou017 Philou017 1er mai 2010 10:04

              Extraits du bêtisier référendaire d’Etienne Chouard sur Maastricht et le TCE. A lire sans modération :

              « Maastricht apporte aux dernières années de ce siècle une touche d’humanisme et de Lumière qui contraste singulièrement avec les épreuves cruelles du passé. » (Michel Sapin, ministre socialiste des finances, Le Monde, 6.5.92)

              « Au-delà des considérations techniques, la création d’une monnaie unique en Europe a une signification plus profonde. C’est la naissance d’un langage commun. » (Jean Boissonnat, L’Expansion, 3.9.92)

              « Je crois que l’Europe est la plus belle nouvelle dans l’histoire de l’humanité depuis cinquante ans. » (Harlem Désir, Le Monde, 21.10.04)

              « [Comme le 20 septembre 1792], le 20 septembre 1992 il y aura d’un côté l’Europe du mouvement, celle des Lumières, celle de l’espérance incarnée par l’armée révolutionnaire porteuse d’universalité et de l’autre les forces du passé, contre-révolutionnaires, amalgame d’armadas conduites par des despotes en dentelle de l’Europe réactionnaire dont le seul moteur est le refus. » (Ségolène Royal à Strasbourg, 17.9.92)

              « Il faut ratifier ce texte car, pour la première fois, il dessine l’Europe que nous voulons : une Europe politique et sociale. » (Bertrand Delanoë et Dominique Strauss-Kahn, Le Monde, 3.7.04)

              « Oui, pour aller de l’avant dans les conquêtes sociales, il n’est d’autre avenir que la Constitution de l’Europe. » (Julien Dray, Assemblée nationale, 6.5.9 2)

              « Prétendre que ce projet constitutionnalise le libéralisme est un simple mensonge. » (Bernard Guetta, France Inter, 11.12.03)

              « Un “non” au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir. » (Jacques Lesourne, Le Monde, 19.9.92)

              « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité  ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie  » (Michel Rocard, Ouest-France, 27.8.92)

              « Le traité d’union européenne se traduira par plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité. »(Michel Sapin, ministre socialiste des finances, Le Figaro, 20.8.92)

              « L’Europe, ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry à Béthune, 12.9.92)

              « Si vous voulez que la Bourse se reprenne, votez “oui” à Maastricht ! » (Michel Sapin, université d’été du PS à Avignon, 31. 8.92)

              « Pour pouvoir dîner à la table de l’Europe [monétaire], encore faut-il savoir se tenir à cette table et ne pas manger avec ses doigts. […]Si la monnaie unique a un mérite, et un seul, c’est d’obliger les pays à se conduire correctement. » (Jean-Marc Sylvestre, France Inter, 18.9.92)

              « Ceux qui sont, au sein du Parti socialiste, contre le marché et contre la concurrence, il sont pour quoi  ? Ils sont pour quelque chose de plus dirigiste que la Chine communiste d’aujourd’hui  ? » (Alain Duhamel, RTL, 15.11.0 4)

              http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Betisier_Maastricht_TCE.htm

              La seule bêtise que n’en est pas une parait être celle d’Alain Madelin :

              « Le traité de Maastricht agit comme une assurance-vie contre le retour à l’expérience socialiste pure et dure. » (Alain Madelin à Chalon-sur-Saône, 4.9.9 2)


            • AIGUAL 9 janvier 2013 18:40

              Quand on s’endette de façon délirante et qu’on peine à rembourser ses dettes en mettant en danger les prêteurs on peut toujours attaquer commodément le capitalisme... et traiter les banquiers de voleurs... Combien les états forcés à l’austérité aujourd’hui se sont soucié de leur capacité de remboursement au moment ou ils ont fait leurs emprunts ? Faut-il vraiment manipuler des équations compliquées pour s’apercevoir qu’un endettement cesse d’être structurant pour devenir délétère ?Qui peut prétendre que les politiques ont abdiqué toute prérogative dans la folle marche du capitalisme alors que la folie des emprunts n’a fait qu’alimenter une économie virtuelle prompte à créer des « liquidité » pour les états demandeurs.

              Comment échapper aux démons de la finance que l’inconscience des politiques a créés de toute pièce ? Le capitalisme est d’autant moins gérable qu’il doit alimenter les délires sociaux de politiciens en mal d’élection. Qui sont les vrais coupables des crises du capitalisme ceux qui dépensent sans compter pour alimenter une fausse prospérité ou les créanciers qui pensent pouvoir profiter indéfiniment des erreurs de gestion les plus grossières des états ?
              Une des conséquences principales des emprunts délirants des états et précisément l’apparition d’une économie virtuelle aux mécanismes de plus en plus incompréhensible, qui finit par prendre ses décisions à partir de modèles dont aucune personne même animée des meilleurs intentions n’est capable de connaître la validité..Parler de pillage n’a pas plus de sens que de parler d’erreur puisqu’on ne sait pas ce qui est finalement volé qui a été le voleur et pour quel motif il a volé... Un état emprunteur qui ne rembourse pas est voleur au même titre que celui qui tente de profiter de ses difficultés pour s’enrichir... voleurs ou simples imbéciles qui tentent de vivre aux dépens les uns des autres ?


            • fwed fwed 30 avril 2010 11:53

              Article ridicule.

              Au lieu d’essayer de nous impressionner avec vos mathématiques de lycéens (oui,oui, gauss on apprend cela au lycée) vous feriez mieux de vous interessez à la création monétaire et à son statut démocratique.


              • Lisa SION 2 Lisa SION 2 30 avril 2010 12:10

                «  Et voilà pourquoi les modèles de gestion des risques des assureurs se basent sur la mémoire des événements extrêmes » en matière de justice, cela s’appelle la jurisprudence, qui de ce fait porte bien son nom. Encore faut il ne pas changer l’histoire, laquelle est la mémoire des évènements passés.


                • Jimmy 30 avril 2010 13:10

                  bla bla bla bla bla bla

                  l’économie ne se résume pas à des formules mathématiques

                  l’auteur est celui qui a trouvé la solution a la crise : baisser les salaires et les prix

                  les salaires c’est faisable, pour les prix cela ne se décrète pas, cette solution reviendrait à appauvrir tout le monde mais éviterai l’inflation,

                  ainsi les bénéfices des banques demeureraient intacts, solution délicieuse pour l’auteur


                  • philippeherlin 30 avril 2010 14:40

                    Remarque générale : il ne faut pas réduire mon livre à l’opposition de deux formules mathématiques (loi normale/loi de puissance), ce sont deux « visions du monde », au sens conceptuel du mot, dont on trouve les racines dans la pensée économique, et qui s’expriment par un ensemble de modèles et de comportements. Cette conception erronée du hasard (le hasard gaussien, « limité ») a même envahi la gestion de l’entreprise et explique le mécanisme de financiarisation de l’économie auquel nous assistons (chapitre IV), et ça c’est une analyse que vous ne lirez pas ailleurs et qui ouvre sur tout le champ de l’économie !

                    Sommaire complet :
                    PHILIPPE HERLIN

                    • Arafel Arafel 30 avril 2010 14:49

                      A quand le tour de la France, et donc des français de se faire tondre ?
                      Et les français accepteront-ils de voir baisser leur salaire, supprimer un 13eme mos, baisser les retraites, ect.. ?
                      J’ai bien peur que les banques ne soient payées, oui.....mais cela risque de n’être pas avec de l’or, mais avec du plombs...............et à volonté.
                      Quand aux grecs, on va voir dans les semaines ou les mois qui viennent s’il acceptent l’esclavage.
                      Et dire que c’est un soi disant gouvernement de gauche qui met en place cet esclavage.
                      Mais en France, la soi disant « gauche française » n’hésiterait pas une seconde à faire comme la « gauche grecque ».


                      • HELIOS HELIOS 1er mai 2010 11:48

                        Apparemment, les Islandais, avec leur référendum ont reussi a dire NON a la tonte !!!


                      • Arafel Arafel 30 avril 2010 14:49

                        A quand le tour de la France, et donc des français de se faire tondre ?
                        Et les français accepteront-ils de voir baisser leur salaire, supprimer un 13eme mois, baisser les retraites, ect.. ?
                        J’ai bien peur que les banques ne soient payées, oui.....mais cela risque de n’être pas avec de l’or, mais avec du plombs...............et à volonté.
                        Quand aux grecs, on va voir dans les semaines ou les mois qui viennent s’il acceptent l’esclavage.
                        Et dire que c’est un soi disant gouvernement de gauche qui met en place cet esclavage.
                        Mais en France, la soi disant « gauche française » n’hésiterait pas une seconde à faire comme la « gauche grecque ».


                        • finael finael 30 avril 2010 14:57

                          Allez donc expliquer à tous ces gens qui perdent leur toit, leurs biens, leurs entreprises que ce n’est « qu’une simple erreur de calcul » ... de la part des banques par un malheureux hasard !

                          Que les banques assument leurs erreurs (qui leur ont rapporté gros soit dit en passant, et en prenant dans la poche des contribuables en plus) !

                          Quand on aura pendu le dernier banquier avec les tripes du dernier assureur le monde sera plus sain.


                          • François M. 5 mai 2010 20:29

                            Tout à fait d’accord. Il ne reste qu’une guerre à mener : Les banquiers privés vs Le Peuple.

                            Nous allons assister, ici au Canada, à un véritable branle-bas de guerre à Toronto lors du prochain sommet G8/G20 avec des mesures d’État policier sans précédent.

                            Le cirque du G8/G20 sera en ville, avec toute la cavalerie

                            La sécurité qui sera déployée lors du prochain sommet du G20 sera la responsabilité du Groupe intégré de la sécurité (GIS) : “La GRC a mis sur pied le Groupe intégré de la sécurité (GIS), qui est composé de membres de la GRC, de l’OPP (pour ce qui est du G8), des Forces canadiennes, du service de police de Toronto, du service de police régional de Peel, ainsi que d’autres experts en sécurité et en application de la loi qui auront pour mandat d’assurer la sécurité des personnes jouissant d’une protection internationale (PJPI), des personnes de marque (PDM) et des communautés”.

                            Ed Bolduc, un membre de l’équipe de planification du G20 et policier de la ville de Toronto a affirmé que “les Olympiques que vous avez vues récemment à Vancouver étaient en fait le plus grand déploiement de sécurité à prendre place au Canada. Le G20/G8 surpasse cela complètement”. Il poursuit en déclarant “qu’il y aura une massive – absolument massive – présence des policiers et de la sécurité sur le terrain comme vous ne l’avez jamais vu”. Il y aura une double clôture d’au moins trois mètres de haut, protégée par la GRC et la police. Le Globe and Mail rapportait qu’environ 10 000 policiers et 1000 gardes de sécurité seront déployés, avec un nombre non spécifié de soldats canadiens. Les dignitaires étrangers bénéficieront aussi de leurs propres éléments de sécurité. Les coûts associés à cette énorme cavalerie de la sécurité sont estimés à $179 millions de dollars par le gouvernement fédéral.

                            Les Forces canadiennes appuieront le Groupe de sécurité intégré (GSI) commandé par la GRC pour les prochains Sommets du G8 et du G20 qui auront lieu à Huntsville et à Toronto, Ontario en juin 2010. Elles fourniront l’appui avec “des ressources et des capacités militaires uniques fournies par l’armée, la marine et la force aérienne afin d’assurer la sécurité des participants aux Sommets et des Canadiens”, nous dit-on sur leur site officiel.

                            En juin prochain, se sera comme à la guerre à Toronto ; une guerre opposant l’élite au peuple.


                          • GIGI 30 avril 2010 16:28

                            Il n’est même pas besoin de faire un article aussi long pour nous expliquer ce qui se passe .La conclusion suffit largement à élucider le problème
                            PRIVATISATION DES GAINS
                            COLLECTIVISATION DES PERTES
                            Nous avons tout simplement affaire à du grand banditisme
                            Mais comme la vérité et la justice n’intéresse plus personne ,nous allons sombrer dans une crise de même nature que celle de 1789 ,une pagaille incommensurable dont il est fort possible qu’on ne s’en relèvera pas.


                            • ZEN ZEN 30 avril 2010 17:14

                              Depuis que les mathématiques et leurs modèles sophistiqués tiennent lieu de pensée économique globale, il n’est pas étonnant que l’on se soit fourvoyé ou qu’on ait rien vu venir...
                              La quantophrénie a tué l’approche qualitative et a déconnecté du réel

                              "...Pourquoi la plupart des économistes n’ont-ils rien vu venir ? Pourquoi certains se sont même complètement fourvoyés ? Et pourquoi « les jeunes stars de la macroéconomie n’ont rien à dire sur la crise », pour reprendre l’accablant constat de Thomas Philippon, économiste enseignant à l’université de New York ?Parce que l’école de pensée dominante est incapable de théoriser les « crises endogènes », répond sans hésiter Michel Aglietta, économiste au Cepii. « Pour ces économistes libéraux, qui s’appuient sur l’hypothèse des marchés efficients*, toute crise vient forcément de l’extérieur, et elle est donc par nature imprévisible ! » explique Aglietta.Lui défend une autre approche, plus minoritaire, dite de l’instabilité financière, formulée par l’Américain Hyman Minsky. ..De son côté, Thomas Philippon, auteur du Capitalisme d’héritiers (Ed. du Seuil, 2007), pointe du doigt la « trop forte segmentation de la recherche académique ». Faute d’« économistes généralistes », personne, ou presque, n’a pu observer la propagation de la crise, surgie d’un coin obscur du droit immobilier américain (le contrat subprime) pour se propager à l’économie réelle, passant par les dernières innovations de la finance (les mécanismes de « titrisation » et de crédit dérivés). « Il aurait fallu plusieurs cerveaux dans la même tête pour voir venir les choses », résume Philippon.Gilles Raveaud, professeur d’économie à l’Institut d’études européennes de l’université Paris-8, reprend l’argument, pour le pousser un peu plus loin :

                              « Depuis des années, on a assisté à un morcellement du savoir économique terrifiant, avec l’apparition de spécialistes très pointus, ici sur le travail, là sur le commerce international... On se retrouve à l’université avec des thésards très calés sur leur sujet, mais dénués de toute culture générale en économie ! »

                              Et Raveaud, qui connaît bien la recherche américaine pour avoir enseigné deux ans à Harvard, de s’inquiéter de ces manquements : « Un économiste peut traiter du chômage, sans rien connaître aux marchés boursiers ou aux banques... C’est conforme à la théorie de l’équilibre général, selon laquelle on peut analyser le fonctionnement d’un seul marché pris séparément, celui du travail par exemple, puisqu’on suppose que les autres sont naturellement à l’équilibre. Mais cela ne tient pas ! »

                              En fait, la macroéconomie des dix dernières années a subi de lourdes transformations. Vexés de ne pas pouvoir prétendre au statut de scientifiques purs et durs, la plupart des économistes ont versé dans un formalisme mathématique effréné, sur les conseils de Milton Friedman et ses collègues monétaristes. Profusion de courbes, modèles et équations, qui ont éloigné les chercheurs du monde « réel ». Les maths sont devenues une fin en soi. Aveu de Thomas Philippon :

                              « Nous étions devenus des enfants gâtés, puisque nous n’avions pas connu de vraie crise depuis longtemps. Sous la présidence Clinton, la politique monétaire était devenue répétitive. Notre intérêt pour le réel s’est donc logiquement atténué. »

                              Une enquête étonnante, réalisée auprès des doctorants en économie des grandes facs américaines (téléchargeable ici), confirme ces propos. Plus de la moitié des personnes interrogées (51%) estiment que « connaître l’économie de façon approfondie » est « sans importance »... Et à peine 9% des thésards se disent convaincus du contraire (« connaître le réel est très important »)... (Mediapart)


                              • Philou017 Philou017 30 avril 2010 17:20

                                Bon, on imagine pas tout.
                                Devant l’écroulement mécanique de la machine folle libérale, qui est en train devant nos yeux de se dépecer elle-même, pour satisfaire son avidité financière sans limites, on imagine pas qu’il y ait un libéral qui vienne nous pondre un article pour nous dire que le problème vient d’une erreur mathématique, avec quelques mises en perspective mal finalisées.

                                Hé , bien on a tort.

                                Un bel exemple de l’orgueil humain, qui ne veut pas s’avouer qu’il a eu tort de A jusqu’à Z. Pourtant il y a une grandeur à s’avouer qu’on s’est trompé.


                                • mokhtar h 30 avril 2010 17:27

                                  Maths financières ?
                                  çà pouvait avoir, dans le temps, quelque pertinence en milieu fermé, un pays, une zone ou une région par exemple. L’homo economicus, l’homme à la rationalité économique, n’existe pas même si on s’en est approché pendant quelque temps dans quelques milieux assez limités.
                                  Maintenant que çà se mondialise et que çà s’interconnecte aussi facilement, les aléas, et les risques, sont infiniment plus nombreux : le capital et l’argent tendent à un profit maximal, et les limites physiques humaines et celles de la nature, et même celles de certains états apparemment fort riches, sont vite atteintes.
                                  Le succès des maths financières a pris des allures princières lorsque la finance a pris sa propre indépendance par rapport à l’économie réelle et , ensuite, avait pris le pas non seulement sur les entreprises mais sur les Etats. Sur quelques Etats du moins.


                                  • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 30 avril 2010 17:39

                                    Quand il a travaillé sur les cycles du capital Kondratieff avait juste oublié d’inclure une variable dans ses formules. Celle de l’influence des sites pornographiques sur les cours :

                                    « Au plus fort de la crise financière, et au lieu de contrôler la bourse, une trentaine de cadres de la SEC, le gendarme boursier américain, passaient des heures à surfer sur des sites pornographiques, selon un rapport de l’inspection général de l’organisme. » Lien info.sfr.fr


                                    • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 30 avril 2010 17:43

                                      Maintenant il faut mathématiser tout ça.
                                      C’est ce qu’on appellera une équation complexe du degré zéro.


                                    • frédéric lyon 30 avril 2010 18:04

                                      De l’auteur 


                                      « Ni les agences de notation, ni les grandes banques n’ont vu venir la crise financière. Fannie Mae et Freddie Mac »ne pouvaient pas faire faillite« .

                                      Fanny Mae et Freddie Mac pouvaient faire faillite, puisque le Gouvernement américain s’était dégagé de ses devoirs de garantir leurs engagements en 1968.

                                      Il ne faut pas oublier que ces deux organismes avaient été tous les deux créés par le Gouvernement américain, comme leurs noms l’indiquaient d’ailleurs de façon explicite :

                                      Freddie Mac :  Federal Home Loan Mortgage Corporation (FHLMC)
                                      Fanny Mae : Federal National Mortgage Association (FNMA)

                                      Freddie Mac et Fanny Mae ont été créées en 1938, pendant la Grande Dépression, pour favoriser l’accès du public aux crédits immobiliers, sous la garantie effective de l’Etat Fédéral. 

                                      Elles sont privatisées en 1968, perdant ainsi la garantie explicite de l’Etat. A partir de là tout peut arriver, y compris la faillite surtout si l’on songe que les activités de ces deux organismes étaient risqués, par définition, depuis leurs créations.

                                      Il ne parait pas illogique que le système ayant perdu son créateur et sponsor étatique, il le récupère quand tout va mal.

                                      Après tout ce ne sont pas les banques qui ont voulu favoriser l’accès à la propriété immobilière de débiteurs risqués, il s’agissait bien d’une décision prise par le pouvoir politique en 1938 !

                                      Cela étant dit, les conséquences systémiques de la crise des »subprimes« , qui s’étendent à l’ensemble du système financier doivent incontestablement conduire le Gouvernement américain à intervenir pour sauver les banques privés, puisqu’il porte une part de responsabilité du fait de son revirement. 

                                      Mais jusqu’à quel point ? La question mérite d’être posée.

                                      Pour le reste votre développement sur les modèles »Gaussiens« et »Mandelbrotiens" sont intéressants. Comme vous le soulignez la question de la pertinence des modèles mathématiques et de leurs limites ne se posent pas seulement en Economie, (voir les débats climatiques !).  

                                      • Vincent Benard Vincent Benard 30 avril 2010 20:23

                                        Quelques corrections. Seule Fannie mae a été créée en 1938. Privatisée en 69. Freddie a été créé en 70 sous statut public et privatisée à la fin des années 80

                                        Elles n’ont pas perdu la garantie de l’état après privatisation. dans ce discours à la chambre en 2002, le seul politicien a avoir anticipé la crise aussi tôt, Ron Paul, disait
                                        http://www.objectifliberte.fr/2008/10/subprimes-revue.html

                                        "One of the major government privileges granted these GSEs is a line of credit to the United States Treasury. According to some estimates, the line of credit may be worth over $2 billion. This explicit promise by the Treasury to bail out these GSEs in times of economic difficulty helps them attract investors who are willing to settle for lower yields than they would demand in the absence of the subsidy. Thus, the line of credit distorts the allocation of capital. More importantly, the line of credit is a promise on behalf of the government to engage in a massive unconstitutional and immoral income transfer from working Americans to holders of GSE debt"

                                        Sinon, en 1938, le but n’était pas encore d’ouvrir la propriété aux classes modestes mais de réouvrir un marché du crédit réduit à la portion congrue par une nuée de règles, moins connues que le glass steagall act (Mc Fadden act et amendement douglass)

                                        C’est à partir de 1993 que le gouvernement US a décidé que Fannie et Freddie devaient solvabiliser des clientèles auparavant insolvables. Ce que les GSE ont négocié contre une augmentation de leurs avantages fiscaux, comptables, etc...


                                      • Le péripate Le péripate 30 avril 2010 19:57

                                        Les Planificateurs, qui aujourd’hui se piquent d’écologie, devraient au moins au minimum tirer quelques leçons de la manière dont la nature fonctionne : la diversité est nécessaire. Mettre le même costume à tous mène à des risques systémiques dont la gravité s’accroit avec l’uniformité.

                                        Le pire est finalement l’appétit avec lequel ils se jettent comme des morts de faim sur la première théorie à peine aboutie. L’exemple le plus fameux est ce Marx qui proclamait qu’il était temps de cesser de philosopher pour changer le monde, je ne me rappelle pas exactement la citation.

                                        La vérité se découvre par essais et erreurs, et je ne vois pas de « machine » plus efficace que l’initiative individuelle dans un rapport d’échange et de comparaison. Une Main Invisible, en quelque sorte..... smiley


                                        • Le péripate Le péripate 30 avril 2010 21:12

                                          Je n’y avait pas pris attention, bien que, fatalement l’écho de ces disputes me soit parvenu.

                                          C’est un conflit de propriété. Enfin d’une idée mal définie d’une sorte de propriété à la fois collective et aristocratique (aristo, les meilleurs) contre celle bien factuelle (assortie il est vrai d’un discours démagogique, le pronétariat bla-bla...) de Cybion-Revelli.

                                          Perso, je trouve qu’il manque une concurrence à Avox, une émulation. Si c’est une erreur, c’est une porte ouverte à un concurrent plus audacieux, et tant mieux.

                                          Mais je crois qu’il est possible de dire ce que l’on veut sur Avox, même si le proprio exige que l’on s’essuie les pieds sur le tapis avant d’entrer.

                                          Et qui sait.... la métempsychose est chose aisée sur le net.  smiley


                                        • agent orange agent orange 30 avril 2010 20:09

                                          Réduire la crise financière à une erreur de mathématiques c’est se foutre de notre gueule. De qui se moque t’on ?
                                          Les vrais responsables de cette crise sont (dans le désordre) :

                                          - ÉGOÏSME
                                          - INSOUCIANCE
                                          - AMORALISME
                                          - STUPIDITÉ
                                          - CUPIDITÉ (GREED, ça sonne mieux en anglais ?)

                                          A l’auteur. Sortez votre tête des sables (bitumeux ?).
                                          Votre modèle économique néo-libéral (capitalisme) a montré ses limites tout comme le communisme ! Arrêtez de vous accrocher aux branches !

                                          Mais puisque je ne suis pas ingrat et que vous aimez la lecture, je vous propose ce lien où des dizaines articles analysent les origines et les conséquences de la crise.... (Et ce n’est que les articles en français. Et il en existe en d’autres langues sur ce site multilingue).


                                          • Ensor 30 avril 2010 20:19

                                            Bsr,

                                            Souvenons ns de cette expérience réalisée avec un chimpanzé et des traders. Il s’agissait de constituer un portefeuille virtuel en choisissant des actions et d’en suivre l’évolution. Le chimpanzé choisissait ses actions en lançant des fléchettes sur une cible. Résultat : il est arrivé 15éme, loin, trés loin devant les traders. Sans commentaire.


                                            • Yohan Yohan 30 avril 2010 21:08

                                              J’ai beau me forcer, je ne parviens pas à m’apitoyer vraiment sur ces petits porteurs, boursicoteurs qui ont perdu leur chemise par cause des malversations des requins de la finance. Il esr vrai que ceux qui payent l’ardoise en se retrouvant à la rue (comme les seniors aux US) ne méritaient pas un tel châtiment. Encore une fois, c’est quand même la cupidité qui les a perdu. L’argent facile...gagné sur la sueur des autres...
                                              Boursicoter, c’est certes plus gagnant que de jouer au Lotto, mais ça reste un jeu de con que d’autres payent cash à l’autre bout, des pauvres bougres qui eux n’ont pas joué. N’oublions pas le prix payé par les salariés à cause de ces putains de fonds de pension qui poussent les entreprises à licencier même quand elles font des profits et tout cela pour séduire les spéculateurs avides. Tout le monde paye cette addition, sauf les traders et les banquiers qui ont vite fait de se refaire la cerise....il n’est pas injuste que les petits boursicoteurs règlent l’addition.


                                              • finael finael 1er mai 2010 10:48

                                                Ceux qui ont placé leur retraite dans des fonds de pension, ceux qui ont déposé leur argent à la banque (autrement dit presque tout le monde) ne pouvaient pas savoir que cet argent - leur argent - serait joué en bourse, et sur des fonds spéculatifs à hauts risques !

                                                Autrefois les « banques de dépot » étaient distinctes des « banques d’affaire » et ne pouvaient pas spéculer. Sous la pression des banquiers cette distinction a disparu et les banques de dépôt ont pu se mettre à spéculer elles aussi (à court terme ça rapporte plus).

                                                Donc, sans le savoir, vous-même, comme la plupart des gens, vous retrouvez comme « boursicoteur ».

                                                Il est quand même important de le préciser face à des réactions comme la votre.


                                              • Intrepid_ibex 1er mai 2010 10:23

                                                « Ainsi, par exemple, est il observé que la distribution des tailles des individus d’un pays ou d’un large échantillon d’hommes tiré au hasard suit une courbe de gauss, dont le sommet de la cloche est la taille moyenne, et l’abscisse représenterait le pourcentage de la population de la taille considérée. »

                                                L’affirmation selon laquelle la probabilité de trouver telle valeur n’est pas donnée par la valeur à l’abscisse de la courbe en cloche f (densité de probabilité), mais par son intégrale F (l’aire sous la courbe de moins l’infini à x). Sinon, pour la loi centrée réduite que vous avez extraite, nous trouvrions f(x)=0.5 (50% de probabilité) pour x=0 au lieu de 0.4.
                                                http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_normale

                                                Le problème vient certainement des modèles, mais aussi de la cupidité des gens qui y voient une martingale utilisé à outrance jusqu’à explosion de la bulle spéculative.
                                                Et les « gros » ne sont pas effayés par les cracks boursiers. Ils sont bien renseignés et ont achetés en masse à taux réduit et à bas coût pendant les périodes de crise, et vendent au plus haut des gros volumes lorsqu’ils sentent le vent tourner, précipitant la chute des cours. Les « petits » porteurs sont systématiquement ruinés.


                                                • Tzecoatl Tzecoatl 1er mai 2010 12:27

                                                  Et oui, pendant que l’écocrate tente de synthétiser et rationaliser le fonctionnement de l’économie, l’éco-acteur se charge de l’invalider, c’est courru.

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